Souvent présentée comme une force aéronavale à part entière, l’US Coast Guard dispose d’une flotte aérienne qui lui est propre. Si la majorité de ses aéronefs a toujours été tournée vers les missions de recherches et de sauvetage peu ont été conçu ab-initio pour les besoins des gardes-côtes américains. En effet, la plupart est composée d’avions et d’hélicoptères, et jadis d’amphibies et d’hydravions, spécialement modifiés pour ses besoins. L’une des seules véritables exceptions est un hélicoptère biturbine appartenant à la famille des Sikorsky S-70 et pensé totalement pour répondre aux exigences de l’USCG : le MH-60 Jayhawk.
C’est au début de la seconde moitié des années 1980 que l’US Coast Guard annonça son intention de remplacer ses hélicoptères biturbines Sikorsky HH-3F Pelican, une version éloignée du fameux SH-3 Sea King en service dans l’US Navy et dans une vingtaine de forces aéronavales de par le monde. Bien que très efficace et particulièrement polyvalent ce gros appareil, comparable en taille et en missions aux SA.321 Super Frelon français était devenu totalement obsolète car bien trop gourmand en carburant.
C’est la raison pour laquelle l’US Coast Guard lança en 1986 le programme MRR, pour Medium Range Recovery relatif à la dotation d’un hélicoptère de recherches et de sauvetage en mer à moyen rayon d’action. Le court rayon d’action, côtier en réalité, était alors la charge des Aérospatiale HH-65A Dolphin en service depuis quelques années. Le successeur du HH-3F Pelican devait être trouvé au plus vite.
En fait, le programme fut relativement rapide. Bien que Aérospatiale proposa son AS.332 Super Puma c’est le programme de Sikorsky qui fut rapidement retenu. Désigné YHH-60J il concernait un hélicoptère de recherche et de sauvetage désarmé dérivé de l’appareil de lutte anti-sous-marine SH-60B Seahawk. Cependant les différences entre le nouveau biturbine et ce dernier étaient tellement importantes qu’il fallait bien considéré le YHH-60J comme un hélicoptère totalement nouveau. Le vol inaugural de cette version remontait à août 1989. Il fut baptisé Jayhawk, un nom auparavant utilisé par le drone cible Beechcraft AQM-37.
En fait, le Sikorsky YHH-60J Jayhawk était en cours d’essais sur la base aéronavale américaine de Patuxent River depuis quelques mois quand il fut décidé de le commander en série à hauteur de quarante-deux exemplaires.
Le premier exemplaire opérationnel, en réalité l’hélicoptère de présérie, entra en service actif en juin 1990. Le Sikorsky HH-60J Jayhawk était alors l’un des hélicoptères de recherche-sauvetage en mer parmi les plus avancés au monde, si ce ne fut pas le plus moderne. Fini l’équipement guerrier du Seahawk, à la place il embarquait une avionique intégralement orientée vers sa mission de service public. Outre un FLIR AN/AAQ-15 de dernière génération il disposait d’une caméra thermique et d’un radar à effet doppler AN/APN-217 permettant la surveillance maritime à moyenne et basse altitude de jour comme de nuit.
À la différence des autres appareils de la famille S-70 il avait été doté d’une capacité d’emport de deux réservoirs auxiliaires de carburant installés à l’unité de part et d’autre du fuselage. En dehors de son pilote et de son copilote il embarquait un mécanicien de bord, actionnant le treuil mécanique, ainsi qu’un plongeur-sauveteur. Sa cabine avait été pensée pour accueillir jusqu’à six rescapés ou trois blessés médicalisés.
Début 1993 il avait totalement remplacé les HH-3F Pelican. À la différence des HH-65A Dolphin les HH-60J Jayhawk étaient alors déployé exclusivement depuis des bases terrestres. En fait leur gabarit leur interdisait l’embarquement à bord des cotres de l’US Coast Guard. Les Sikorsky HH-60J Jayhawk étaient déployés aussi bien sur la côte est que sur la côte ouest et même à Hawaï. Cependant aucun ne volait dans la région des Grands Lacs.
Très rapidement le Sikorsky HH-60J Jayhawk se tailla une réputation hors du commun d’hélicoptère de sauvetage lointain, au point même que Hollywood lui fit les yeux doux dans divers films à gros budgets (et petits scenarii) comme Bad Boys 2 ou encore En pleine tempête. Il faut dire que les sauvetages se multipliaient pour lui, attirant forcément les médias.
Après le 11 septembre 2001 et le durcissement des lois antiterroristes américaines il fut décidé de revoir la définition de ces hélicoptères. Non seulement ils allaient désormais faire leur apparition à bord des cotres de classe Bear et Hamilton mais en plus leur désignation allait changer. Terminé le HH-60J il faudrait l’appeler MH-60T Jayhawk. L’avionique avait été revue et corrigée, avec notamment un nouveau FLIR AN/AAQ-26 identique à celui embarqué sur les avions d’appui tactique Lockheed-Martin AC-130J Ghostrider. La caméra thermique elle aussi fut modifiée.
Mais surtout désormais le Jayhawk pouvait emporter un armement défensif et offensif sous la forme d’une mitrailleuse FN-Herstal M240 d’un calibre de 7.62mm en position de gundoor. L’emport de cette arme de facture belge était une grande première, l’USCG n’ayant alors en 2007 plus aucun hélicoptère armé depuis le retrait rapide de ses MH-90 Enforcer.
Trente-neuf HH-60J furent modifiés en MH-60T, ainsi que trois SH-60F Seahawk prélevés sur les stocks de l’US Navy afin de combler la perte de deux hélicoptères en mission et d’un troisième lors d’un incendie. Il est à signaler que les quatre MH-60T basés à CGAS Kodiak en Alaska ont été modifié afin de permettre le vol en montagne, la base étant en effet ceinturée de monts et de collines s’élevant parfois au-delà de 1500 mètres d’altitude. Ce sont les seuls hélicoptères des gardes-côtes américains habilités à de telles missions si éloignées de celles qui leur sont habituellement confiées.
Le Sikorsky MH-60T Jayhawk doit demeurer en service actif au moins jusqu’à l’horizon 2030 ou 2035, son remplacement n’étant pas attendu avant cette date. Quotidiennement ce sont trois à quatre vies qui sont sauvées sur l’ensemble du littoral américain par les quarante-deux hélicoptères de ce type en service. Bien que jamais exporté le Jayhawk donna naissance au S-70C de recherches-sauvetages en mer et de lutte anti-feu.
Quelques-uns ont été vendu à des clients parapublics à l’étranger. Cependant les S-70C ne dispose pas du radar à effet doppler, pas plus que de l’armement défensif. N’oublions pas qu’un autre aéronef militaire contemporain porte ce patronyme, l’avion d’entraînement avancé Beechcraft T-1A.
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