En effet, les 166 Sikorsky S-58, construits sous licence par Sud-Aviation, qui volèrent chez nous, surtout pendant la Guerre d’Algérie, furent à l’origine notamment d’un des concepts les plus marquants apparus depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale : l’aéromobilité. C’est à dire l’utilisation conjointe d’hélicoptères de combat et de transport de troupes. Et les « Siko », leur surnom né de la contraction de Sikorsky, n’y furent pas utilisés que pour déposer les troupes sur les pics montagneux algériens.
Durant ce conflit l’ALAT utilisa des S-58 dans ce qu’elle appelait les missions dites « Pirate« . Dans ces cas là des Siko déposaient des troupes, tandis que des Alouette II, des Bell 47, et même des Piasecki H-21 saturaient la zone sous les tirs de leurs mitrailleuses et de leurs paniers à roquettes. Mais l’innovation la plus surprenante, et aussi malheureusement la plus efficace, fut le montage d’armes de sabord, un peu à l’image de ce qui se faisait sur les bombardiers alliés en 39-45. Mais là point de mitrailleuses, il s’agissait plutôt de canons mitrailleurs de calibre 20 et 30mm. La France avait inventé l’hélicoptère gunship.
De son côté l’Aéronavale française améliora les techniques de lâcher des commandos de marine, tant au-dessus des mers que des terres avec les Siko de la Flottille 33F. Quand à ceux portant l’hameçon des Flottilles 31F et 32F ils furent utilisés comme leurs homologues américains avec le sonar AN/ASQ-4 dans un rôle de chasseur de submersibles.
En 1956 Sikorsky céda la licence de production du H-34 au Britannique Westland, ce qui eut pour effet de donner naissance à une version surgonflée, le Wessex. Outre sur les porte-avions américains, britanniques, et français, on retrouvait des HSS-1 et des HUS-1 sur l’Independencia argentin, sur le Melbourne et le Sydney australien, sur le Minas Gerais brésilien, et sur le Karel Doorman néerlandais.
Sans compter les appareils produit au Royaume Uni par Westland, les versions du Sikorsky S-58 ont été produites à plus de 2 500 exemplaires, dont plus de 1 800 pour les seuls armes américaines. Certains appareils ont été utilisés à des fins civiles, tandis qu’en 1970 Sikorsky à lancer un vaste chantier de modernisation visant à équiper des appareils existant déjà avec des turbomoteurs Twin Pack de 1 875 chevaux. Ces appareils furent désignés S-58T, et quelques uns vendus aux militaires thaïlandais.
La réussite et la très grande polyvalence du H-34 se voit à la multitude d’appareils qui le remplacèrent tant bien que mal : Aérospatiale SA-321 Super Frelon, Aérospatiale SA-330 Puma, Bell UH-1 Iroquois, Boeing-Vertol CH-46 Sea Knight, Sikorsky SH-3 Sea King, Sikorsky HH-52 Seaguard, Westland Sea King, … et la liste est encore très longue.
Cette multiplication d’hélicoptères si différents montre bien à quel point l’appareil de Sikorsky était réussi. Depuis peu de machines ont réussi à être aussi polyvalent, à l’exception bien sûr du Huey et peut être aussi du Blackhawk et de son petit frère naval, le Seahawk.
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