Firme aujourd’hui mondialement connue pour de nombreux produits, le groupe allemand Siemens a pourtant eu au début du vingtième siècle une petite aventure dans le domaine aéronautique. Tout commença en 1910 avec des travaux relatifs aux dirigeables dans un premier temps, puis aux moteurs rotatifs en vogue à l’époque. Avec l’avènement de la Première Guerre mondiale cette firme se tourna vers la production d’avions de reconnaissance et de chasseur dont la plus grande réussite fut un petit biplan arrivé à la fin du conflit, le D.III.
Connu sous la raison sociale de Siemens-Schuckert, la branche aéronautique du groupe chercha durant l’été 1917 à donner un successeur efficace à son très bon chasseur biplan D.I alors en cours de retrait dans les forces allemandes. Sa première tentative, connue comme D.II, se révéla très vite infructueuse et une nouvelle équipe dirigée par l’ingénieur Harald Wolff se mit à étudier un nouveau chasseur radicalement différent de ses prédécesseurs. En configuration de biplan, il reçut naturellement la désignation de D.III.
Dès le début Wolff et son équipe s’orientent vers le moteur rotatif Siemens-Halske Sh.III, un propulseur développant 160 chevaux capable d’entraîner une hélice quadripale en bois. Si ce moteur n’a rien d’extraordinaire sur un chasseur classique, il va donner une vraie puissance au D.III que les responsables de Siemens-Schuckert imaginent bien plus petits que ses concurrents et ses ennemis. Le résultat leur donnera entièrement raison.
Extérieurement cet avion se présentait sous la forme d’un biplan aux ailes décalées, disposant d’un court fuselage de section circulaire. Sa construction fait appel au bois entoilé et contreplaqué. Le moteur Sh.III était totalement caréné et disposait d’une casserole d’hélice à même d’augmenter son aérodynamisme. Le pilote prenait place dans un cockpit à l’air libre et servait les deux mitrailleuses jumelées et synchronisées Spandau de calibre 7.7mm. L’avion possédait un train d’atterrissage classique disposant d’un patin de queue avec soc en acier. C’est dans cette configuration que le D.III réalisa son premier vol en octobre 1917.
Rapidement l’avion suscita un certain engouement chez les pilotes allemands, les premiers exemplaires entrant en service sur le front français en janvier 1918. Petit, maniable, rapide, bien armé, le Siemens-Schuckert D.III était un appareil qui ravissait ses aviateurs, d’autant qu’il possédait une vitesse ascensionnelle hors du commun, capable d’atteindre les 1000 mètres en 1 minute 45 secondes. En outre, son plafond pratique l’autorisant à dépasser les 8000 mètres le mettait à l’abri de la majorité de ses poursuivants. Autant dire que les premières rencontres avec les chasses britanniques et françaises tournèrent rapidement en la faveur du chasseur allemand.
Toutefois à l’usage les pilotes se rendirent compte que l’avion avait une faille, et de taille : il surchauffait dangereusement. En effet, impressionnés et excités par la puissance de leur avion, nombreux étaient les pilotes allemands qui poussaient la machine dans ses dernières limites, parfois au prix de leur vie. Si le D.III était considéré comme difficile à intercepter par les chasseurs français ou britanniques plusieurs furent perdus des suites d’accidents provenant de surchauffe intempestive.
Le Siemens-Schuckert D.III est toutefois entré dans la légende grâce à la Jasta 4 qui en fit son chasseur standard au printemps 1918, et notamment à l’as Ernst Udet qui peignit en rouge son avion personnel, un peu à la manière du Fokker Dr.I de Von Richthofen. Ce D.III était baptisé Lo, diminutif de Eleonore, la fiancée de Udet qui devint après guerre sa femme. Ce D.III est probablement l’un des chasseurs allemands les plus célèbres de la Première Guerre Mondiale.
Souvent considéré, à juste titre comme l’équivalent allemand du Nieuport « Bébé » français, le Siemens-Schuckert D.III fut finalement un très bon chasseur avec quelques faiblesses, peu nombreuses. Il donna naissance au D.IV qui fut le dernier avion de combat construit en série par Siemens. Il a été produit à plus de 200 exemplaires dont au moins 41 sont connus pour avoir abattus des appareils ennemis.
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