C’est au début de l’année 1942, que l’Air Ministry fit paraître la Specification 8/42 relative à un hydravion multimoteur de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine destiné prioritairement à combattre dans la Pacifique. Seul l’avionneur Short répondit à cet appel d’offre avec un avant-projet rappelant fortement son Sunderland alors en service. D’ailleurs ses équipes ne tardèrent pas à donner au nouvel hydravion la désignation officieuse de Sunderland Mk-V+. Dans la réalité des faits, l’appareil était nommé Short Type S.45
Celui ci se présentait sous la forme d’un hydravion à coque monoplan à aile haute quadrimoteur disposant de deux flotteurs annexes installés sous l’intrados. Il reprenait les grands traits du Sunderland, y compris dans les mensurations. Par contre, la motorisation d’origine fut abandonnée au profit de Bristol Hercules Mk-XIX d’une puissance unitaire de 1 720 chevaux entraînant des hélices à quatre pales. Cela donna un surcroît de puissance au S.45 par rapport à son prédécesseur.
Son armement avait lui aussi été repensé. Il se composait d’une tourelle mobile dorsale armée par deux canons Browning de 20mm, et surtout de deux tourelles armées chacune de deux mitrailleuses de 12.7mm de calibre, l’une installé en queue de l’avion, et l’autre à l’image de ce qui se faisait sur les bombardiers Boeing B-17 en position ventrale, rétractable lors des phases d’amerrissage. Une dernière tourelle avec deux mitrailleuses de 7.7mm terminait l’armement de cet hydravion. Elle se situait dans le nez, devant le cockpit.
Les experts britanniques sous-estimant grandement les submersibles japonais, les croyant incapables de dépasser 80 mètres de profondeurs, le S.45 ne fut pas doté de charges de profondeurs, mais en lieu et place de douze roquettes à haute vélocité HVAR de 127mm chacune. Le S.45 fut également pensé afin de pouvoir remplir des missions de sauvetage au profit des équipages abattus, et emportait donc trois canots pneumatiques et des armes individuelles. Le premier prototype déjaugea le 30 août 1944.
Le développement de cette machine fut finalement assez long, malgré le fait qu’elle se basait sur un avion existant déjà et produit en série. Surtout à cause du développement de la tourelle ventrale, qui à la différence de celles des bombardiers se devait d’être cette fois ci totalement étanche et disposant d’un système de rétractation rigoureusement anticorrosion. La RAF décida de commander trente exemplaires du S.45 sous la désignation de Seaford Mk-I. Mais le développement de cet appareil fut grandement remis en cause par la fin des hostilités, un après le premier vol du Seaford.
Finalement, seuls six exemplaires furent pris en charge par la RAF qui les affecta au Squadron 201 à partir de mai 1946. A cette époque, les sous-marins nippons ne représentaient plus aucune menace. Le Squadron 201 s’installa à Hong-Kong, alors territoire de la Couronne britannique, pour y remplir avec ses Seaford des missions de patrouille maritime lointaine et de surveillance des frontières. La montée en puissance des communistes chinois faisait alors craindre pour l’équilibre politique de la région. Mais rapidement l’état-major britannique se rendit compte des limites du Seaford et ceux ci furent retirés du service au bout de quelques mois. En juin 1947, le Squadron 201 était déjà dissous.
Les six Seaford ne furent pourtant pas ferraillés. En effet, la compagnie aérienne BOAC (British Overseas Airways Corporation) qui avait tant fait pour le Royaume Uni durant la guerre reçut gratuitement de la RAF, les six lourds patrouilleurs. Ces avions furent profondément repensés et devinrent des « Solent » de transport de passagers pour entre 15 et 40 passagers suivant les appareils. Les Solent de la BOAC sillonnèrent les cieux du monde entier, jusqu’à l’avènement des avions à réaction une dizaine d’années plus tard. BOAC acheta d’ailleurs des Solent neufs auprès de Short par la suite.
Pour la petite histoire, le Squadron 201 fut réactivé quelques années plus tard afin de recevoir les premiers Lockheed P2V Neptune, un avion appelé à voler sous la cocarde britannique durant trois décennies. Le Seaford fut le dernier hydravion militaire construit par Short.
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