La Seconde Guerre mondiale fut certainement plus encore que le conflit mondial précédent celui dans lequel les hydravions jouèrent un rôle aussi prépondérant. Toutes les grandes nations aéronautiques en utilisèrent avec en particulier le Japon et le Royaume-Uni, et pour cause : ce sont deux états insulaires. Dans les forces britanniques la recherche dans le domaine des hydravions et amphibies donna naissance à de très bonnes machines dont certaines malheureusement ne dépassèrent pas le stade du prototype. Ce fut notamment le cas du superbe et très impressionnant Short S.35 Shetland.
C’est au début de l’année 1940 que l’Air Ministry émit la Specification 14/40 relative à un hydravion de reconnaissance maritime à longue portée. Le futur appareil devait pouvoir être capable de remplacer les Short S.26 Sunderland alors en dotation dans les rangs de la Royal Air Force. Alors que le programme n’était pas des plus contraignants, obligeant seulement à avoir recours à des moteurs en étoile Bristol Centaurus, seuls deux constructeurs y répondirent : Saunders-Roe et Short
Les deux avaient des avants-projets assez similaires. Le premier proposait son SR.41 et le second son S.35. Il s’agissait dans les deux cas d’hydravions à coque quadrimoteurs d’une architecture assez identique. Mais rapidement c’est le second appareil qui fut sélectionné.
Pour beaucoup Saunders-Roe payait là le plantage du Lerwick alors en service dans la RAF et qui ne donna jamais satisfaction. À l’été 1940 les équipes de Short étaient donc seules en courses. Mais la guerre faisait rage et l’aviation allemande faisait peser des dangers réels sur les installations du constructeur. Le Blitz ralentissait grandement le travail d’ingénierie et de design chez tous les avionneurs.
De ce fait les travaux d’élaboration du S.35 prirent un retard certain. Pour autant le chantier se poursuivait. Afin de permettre à Short d’œuvrer sur d’autres constructions son ancien concurrent Saunders-Roe fut mis à contribution. Il fut chargé de l’usinage des ailerons et volets mais également des supports de voilures destinés à accueillir les quatre moteurs.
Airspeed et Vickers-Supermarine y participaient aussi, mais de manière plus marginale.
Début 1941 il fut décidé que le futur hydravion de reconnaissance se nommerait Shetland.
Plus la Royal Air Force avait besoin de lui plus le programme du Short S.35 Shetland semblait prendre du retard. Les différents éléments qui le composaient étaient délicates à fabriquer. Surtout l’appareil était alors le plus gros hydravion jamais construit au Royaume-Uni. Et l’aviation allemande continuait de régulièrement pilonner les abords des bureaux d’études du constructeur à Rochester dans le sud-est de l’Angleterre. C’est pourquoi fin 1941 les équipes déménagèrent vers la ville de Felixstowe légèrement plus au nord. Ce grand port anglais accueillait les usines de nombreuses entreprises spécialisées dans les hydravions et étaient particulièrement protégés par la DCA britannique.
Finalement le premier prototype fut assemblé début 1944 alors que la guerre faisait encore rage. En avril de la même année le S.35 Shetland fut mis à l’eau dans un bassin protégé par ses propres batteries anti-aériennes.
Extérieurement cet aéronef se présentait sous la forme d’un hydravion à coque à double redan de construction métallique. Sa propulsion était assurée par quatre moteurs à 18 cylindres en étoile Brisol Centaurus Mk-VII d’une puissance unitaire de 2550 chevaux entraînant chacun une hélice quadripale en métal. L’équipage se composait de onze hommes. Le Short S.35 Shetland disposait d’un armement tant défensif qu’offensif. Six mitrailleuses de calibre 12.7mm étaient montées deux par deux dans trois tourelles (en position avant, dorsale, et arrière) ainsi que deux armes identiques montées à l’unité en sabords latéraux de chaque côté du fuselage. Un total de 1800kg de bombes et/ou de mines et charges de profondeurs pouvaient être emportés en soute et sous les ailes.
C’est pourtant en formule désarmée que ce prototype réalisa son premier vol le 14 décembre 1944. À cette époque le Short S.35 Shetland était l’un des programmes les plus ambitieux au Royaume-Uni et surtout parmi les plus attendus par les militaires. Un second prototype était alors en cours d’assemblage. Pourtant la fin de la guerre arriva très vite. Mais le remplacement des Sunderland devenait une priorité pour la RAF. Aussi ce programme ne fut pas annulé.
En vol le Short S.35 Shetland se révéla rapidement être un appareil agréable à piloter, capable de voler aussi bien à haute qu’à basse altitude. Le 16 juillet 1945 il marqua même son temps en réalisant un vol record 25 heures et 50 minutes au-dessus de la Mer du Nord et de la Manche. L’hydravion était alors en configuration armée, avec une charge de guerre de 1100kg en soute. Durant ce vol il affronta même une tempête au-dessus de l’Écosse.
Malgré cela l’hydravion fut très sérieusement endommagé par un incendie survenu le 28 janvier 1946 alors qu’il se trouvait à quai à Felixstowe. Dans la cuisine du Short S.35 Shetland un feu se déclara dans un four et se propagea rapidement au reste de l’aéronef. Les trois militaires qui assuraient sa garde et dormaient à bord eurent le temps d’échapper aux flammes. Le temps que les pompiers arrivent l’hydravion avait été détruit à plus de 50% et rapidement déclaré irrécupérable.
Le second prototype fut alors modifié en S.40 Shetland Mk-II à vocation civile. Ayant volé pour la première fois le 17 septembre 1947 il était censé pouvoir transporter entre 40 et 60 passagers sur une distance de 5000 kilomètres. Malheureusement il ne fut jamais commandé par aucune compagnie aérienne et le programme annulé fin 1947.
Ce second hydravion fut envoyé à la ferraille en février 1951.
Appareil passablement retombé dans l’oubli l’hydravion Short S.35 Shetland fut en son temps pourtant une vedette incontestée. Plus grand hydravion britannique de son temps il était le second dans le monde derrière le Martin JRM Mars américain. Il n’en subsiste plus rien de nos jours.
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