Au cours des années de guerre froide la Chine sut développer une industrie aéronautique propre. Elle conçut tous azimuts des avions et hélicoptères dont certains assez réussis à l’image du Harbin Z-6 et d’autres un peu moins. À l’instar de nombreuses nations la Chine développa également des avions demeurés sans suite, ne dépassant pas l’état de prototype et l’un des plus retentissants fut un petit monoréacteur d’entraînement construit à seulement trois exemplaires : le Shenyang JJ-1.
Au milieu des années 1950 l’avionneur chinois Shenyang commença à travailler sur un programme d’avion d’entraînement intermédiaire et avancé à réaction. Ce type d’aéronef avait alors le vent en poupe dans les pays occidentaux avec notamment le Fouga CM.170 Magister français ou encore le Hunting Percival P.84 Jet Provost britannique.
Mais pour autant ces avions ne servirent pas d’inspiration aux designers chinois.
Au lieu de cela les designers chinois cherchèrent plutôt leurs influences aux États-Unis et plus particulièrement auprès du Lockheed T-33A T-Bird. Il faut dire que l’aviation chinoise avait mis la main sur (au moins) trois exemplaires durant la guerre de Corée, sans jamais les rendre bien entendu. Pour le reste les services de renseignement chinois furent mis à contribution.
Dans le même temps les ingénieurs cherchèrent un moteur à mettre en son cœur et ils jetèrent leur dévolu sur le Klimov RD-500, une copie soviétique du Rolls-Royce Derwent Mk-5, et qui équipait notamment les chasseurs Lavotchkin La-15 et Yakovlev Yak-23. Mais du fait du gel des relations entre Moscou et Pékin là encore les ingénieurs durent passer par la case copie. Une habitude en fait déjà à l’époque dans l’industrie aéronautique chinoise.
En Chine le RD-500 devint Shenyang PF-1A et développait 1590 kg de poussée. Trois prototypes du futur avion furent commandé à Shenyang sous la désignation JJ-1.
Le premier réalisa son vol inaugural le 26 juillet 1958. À cette époque cet avion n’avait rien de révolutionnaire et se présentait même comme passablement dépassé par son architecture et ses capacités.
Pour autant les pilotes d’essais chinois en étaient globalement assez contents, l’avion répondant bien aux nécessités de vol et pardonnant les erreurs de pilotage.
En 1959 pourtant l’aviation militaire chinoise changea sa doctrine d’emploi des avions d’entraînement. Elle décida de passer directement des appareils de formation basique comme le Yakovlev Yak-11 aux avions de transformation opérationnels tel le Shenyang JJ-2, copie locale du Mikoyan-Gurevitch MiG-15UTI. De ce fait le Shenyang JJ-1 devenait inutile, son développement n’ayant alors plus de raison d’être.
Dans le même temps Pékin comprit que son avion était incapable de tenir la dragée haute aux avions conçus aux États-Unis, en Europe occidentale, ou encore en Union Soviétique sur les marchés à l’export. Le programme fut officiellement abandonné début 1960.
Sur les trois prototypes commandés seuls les deux premiers volèrent tandis que le troisième était assemblé à 80% au moment de l’annulation du développement. Au moins un d’entre-eux est aujourd’hui préservé dans un musée aéronautique chinois. Il est à signaler que cet avion n’a pas eu le temps d’être codé par l’OTAN.
Malgré son échec le Shenyang JJ-1 a apporté un réel savoir-faire aux ingénieurs et designers chinois. Grâce à lui son constructeur s’est rapidement révélé être le seul capable de développer ses propres jets militaires. Il demeure le premier jet d’entraînement conçu en Chine.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.