Les abords du littoral chinois sont devenus depuis le début des années 2010 le théâtre d’une intense activité militaire navale. Les grandes puissances occidentales (États-Unis, France, et Grande Bretagne) n’hésitent désormais plus à y patrouiller afin de garantir une forme de stabilité auprès de leurs alliés dans cette région du globe. En face Pékin entend bien conserver son pré carré et y emploie tous les moyens, y compris aériens. Jadis basée sur l’emploi de grands amphibies et hydravions et la patrouille maritime chinoise se déploie de plus en plus à bord d’avions plus conventionnels. Le dernier en date, sans doute un des plus étonnants et mystérieux, est le Shaanxi KQ-200.
L’aviation chinoise contemporaine est aussi nébuleuse et complexe à appréhender que son homologue soviétique des années 1950 à 1970 inclus. Surtout Pékin cultive désormais une discrétion à toute épreuve autour de certains de ses avions et hélicoptères, de crainte de voir leurs capacités réelles révélées. Au milieu des années 2010 pourtant les forces américains et japonaises ont découvert un nouvel avion de patrouille maritime que les Chinois appelaient alors GX-6. Il s’agit d’une évolution du fameux avion de transport tactique Shaanxi Y-9 déjà largement modifiés en diverses versions de guerre électronique comme les GX-8 et GX-11 ou encore de guerre psychologique GX-9.
En fait les désignations en GX concernent en Chine des modifications d’avions de transport tactique dédiées aux missions de reconnaissance et de guerre électronique. Les premiers connus sont les Shaanxi GX-1 de recueil du renseignement SIGINT et ELINT et GX-2 de patrouille maritime. Tous deux sont issus du Shaanxi Y-8, la version chinoise de l’Antonov An-12 Cub soviétique.
Les premières observations de celui qu’on appelait encore Shaanxi GX-6 remontent donc à 2016, et on estime que c’est cette année là que l’avion entra en service dans les rangs de l’aéronavale chinoise. Sa fonction première était d’assurer le remplacement progressif des amphibies Harbin SH-5A et le guidage des bombardiers antinavires Xian H-6J, dérivés des vieux Tupolev Tu-16 Badger soviétiques. Pour autant le GX-6 est surtout une plateforme de lutte anti-sous-marine et de reconnaissance maritime, selon les standards occidentaux et russes. Son armement habituel réside donc dans les charges de profondeurs, les grenades, et les torpilles.
Extérieurement l’avion se présente sous la forme d’un monoplan à aile haute doté de quatre turbopropulseurs Wo Jiang WJ-6C d’une puissance unitaire de 4225 chevaux entraînant chacun une hélice à six pales. Un détecteur d’anomalie magnétique (ou MAD) est installé derrière l’empennage de l’avion avec également une antenne sous le fuselage. L’avion emporte également deux boules optroniques semi-rétractables rappelant fortement un FLIR.
Les observations japonaises laissent aussi entendre que le GX-6 serait adapté aux missions de recherches et sauvetages en haute mer.
Une mission que ces avions terrestres mènent en attendant la future entrée en service des amphibies de nouvelle génération TA-600 développés par le conglomérat AVIC.
En 2019 la Chine a révélé que le GX-6 était désigné Shaanxi KQ-200 dans sa nomenclature, étant destiné à terme au remplacement du KQ-100, ex GX-2. Surtout le développement industriel et la construction en série du KQ-200 semblent démontrer que la transformation de l’avion de ligne Comac ARJ21 Xiangfeng de facture indigène en avion de patrouille maritime soit au point mort. Les marins chinois devront se contenter des KQ-200.
Fin 2021 il est désormais avéré que huit, et peut-être même dix, Shaanxi KQ-200 sont en service dans la marine chinoise. Ces avions ont pour mission première de pourchasser les sous-marins nucléaire d’attaque des grandes puissances occidentales mais aussi de maintenir la pression contre la Republic Of China Navy, la marine taïwanaise.
Le KQ-200 ne semble pas destiné à l’export.
Cet avion démontre que comme le Y-8 en son temps le Shaanxi Y-9 est devenu véritablement l’équivalent chinois du Lockheed C-130 Hercules. Comme lui l’avion chinois sait se démultiplier en sous-versions très différentes. Et le KQ-200 est l’une d’entre elles.
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