Depuis la fin des années 1980 les avions de veille et de guet radar, mieux connus sous leur appellation anglophone d’AWACS, sont se démocratisés au sein des forces aériennes du monde. Cependant si la majorité dispose d’avions équipés d’un radar à ouverture synthétique le nombre de celles capables d’aligner un avion doté d’un radar rotatif est moins important. Parmi les avions de cette première et de cette seconde catégorie figure deux étonnants quadriturbopropulseurs chinois respectivement désignés Shaanxi KJ-200 et KJ-500.
En fait les Chinois ont cherché à disposer d’un tel avion dès la fin des années 1960, époque à laquelle un consortium étatique regroupant plusieurs avionneurs tenta de modifier des bombardiers soviétiques Tupolev Tu-4 en AWACS. Désigné projet 926 celui-ci prévoyait la transformation de six à huit de ces avions afin de couvrir l’espace aérien du pays. Cependant en l’absence d’assistance technologique, soviétique ou occidentale, les ingénieurs de Pékin ne purent jamais aboutir et durent abandonner leur projet. L’unique Tu-4 modifié, et connu localement en tant que Xian KJ-1, fut donc immobilisé et remisé.
Au début des années 2000 l’état-major chinois lança un vaste programme de modernisation qui devait déboucher entre autre sur la dotation d’une véritable flotte d’avions de veille et de guet radar. Trois programmes furent alors lancés, l’un basé sur l’avion cargo soviétique Ilyushin Il 76 et les deux autres sur le Shaanxi Y-8, un dérivé local de l’Antonov An-12 lui aussi hérité de l’URSS.
Concernant ces deux derniers l’un avait pour propos la dotation d’un radar à ouverture synthétique tandis que le second concernait un radar rotatif autrement dit un rotodôme. Le premier était désigné KJ-200 et le second KJ-500. La maitrise d’œuvre de leur développement fut confié à l’avionneur Shaanxi qui pour cela exhuma le prototype du KJ-1.
En fait les deux avions furent développés en parallèles mais par deux équipes qui ne communiquaient quasiment pas l’une avec l’autre. Comme souvent la majorité des données concernant les équipements de surveillance et de guerre électronique n’ont pas filtré, les Chinois étant passés maîtres dans l’art de dissimuler leurs secrets militaires. Tout juste sait-on que le Shaanxi KJ-200 dispose d’un radar ayant une portée d’environ 120 kilomètres tandis que le rotodôme du KJ-500 qui abrite le radar K/LLQF01 porterait aux alentours de 250 à 300 kilomètres, ce qui le mettrait en concurrence direct avec les Grumman E-2C Hawkeye de l’US Navy.
L’une des grosses différences, en dehors des radars, vient du fait que si le KJ-200 est bien construit à partir du Shaanxi Y-8 le KJ-500 le fut à partir du Y-9, une version profondément améliorée dotée de capacités le rapprochant du Lockheed-Martin C-130J américain. Extérieurement d’ailleurs le KJ-500 possède plus de stabilisateurs que le KJ-200, ainsi que des moteurs plus modernes disposant d’une hélice de nouvelle génération.
Les premiers Shaanxi KJ-200 ont été accepté au service en Chine en 2013 tandis que le premier KJ-500 n’arriva que deux ans plus tard. Il semble que fin 2016 l’aviation de ce pays n’alignait qu’une dizaine de ces machines dont la majorité était des KJ-200. L’une des particularités de ces deux modèles d’avions réside dans le fait qu’ils seraient aptes à opérer depuis des terrains sommaires, ce que les AWACS habituels, types Boeing E-3 ou E-767 ne sont pas capables.
Depuis 2015 le Shaanxi KJ-200 est proposé à l’export par la Chine, à la différence du KJ-500. Ce qui laisse sous-entendre à certains observateurs internationaux que le second ne serait pas réellement au point. Ou pas autant que ce que la propagande chinoise aimerait faire croire. Quoiqu’il en soit le fait même pour un constructeur comme Shaanxi de proposer deux modèles différents d’avions de veille et de guet aérien est déjà impressionnant. Même Airbus, Boeing, et Lockheed-Martin n’en sont actuellement pas capables.
Les Shaanxi KJ-200 et KJ-500 sont souvent annoncés comme de futurs sérieux compétiteurs à l’export face aux avions américains et européens, notamment en raison de leur prix supposé bien moindre. Ils représentent donc une concurrence rude pour l’actuel Airbus Defense & Space C-295AEW. Seul l’avenir nous le dira.
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