Dans les années 50, le Royaume Uni fût, à l’instar de la France, engagé dans divers conflits de décolonisations à travers le monde et principalement en Asie. Comme souvent dans ce genre de guerre, l’aviation a été massivement utilisée, notamment dans des missions logistiques. Toutefois, le terrain où ces avions étaient censés intervenir était si fréquemment accidenté que la Royal Air Force fut obligée d’y utiliser divers types d’avions de brousse parmi lesquels un surprenant bimoteur aux capacités accrues pour les décollages et d’atterrissages courts, le Scottish Aviation Twin Pioneer.
Toutefois rien ne laissait présager que cette machine connaisse la moindre carrière militaire. En effet la société Scottish Aviation cherchait à concevoir un avion de transport régional bon marché destiné aux diverses compagnies aériennes britanniques qui fleurirent au cours des années 50. Les équipes de Scottish Aviation s’inspirèrent notamment des travaux conduits en France par Maurice Hurel sur les avions dotés d’ailes à grand allongement afin de donner à leur nouvel appareil des qualités ADAC (Avion à Décollage et Atterrissage Court) fort utiles dans certaines région, comme notamment l’Ecosse natale de l’appareil.
Le prototype fut baptisé Twin Pioneer, en référence au Scottish Aviation Pioneer monomoteur déjà utiliser par la RAF et l’Army Air Corps. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à ailes hautes à grand allongement dotées de volets hypersustentateurs de grande taille. L’avion possédait un empennage triple et un train d’atterrissage fixe tricycle relié au plan d’ailes. Le Twin Pioneer était propulsé par deux moteurs en étoile Alvis Leonides Mk-531 d’une puissance nominale de 640 chevaux entraînant chacun une hélice à trois pales en métal. Le prototype réalisa son premier vol le 25 juin 1955.
Les premiers clients du Twin Pioneer furent des compagnies aériennes de troisièmes zones au Royaume Uni et dans divers pays placés sous l’influence du Commonwealth. Parmi eux on retrouvait l’Australie, le Koweït, le Népal, et le Nigeria. Il fallut attendre la fin de l’année 1957 pour voir la première commande militaire, de la part de la Royal Air Force pour 32 appareils sous la désignation de Twin Pioneer CC Mk-1. Ces appareils furent mis en oeuvre par les Squadron 21, 78, 152, 209, et 230 installés en Grande Bretagne mais également outre-mer à Aden, Bornéo, et en Malaisie.
Dans ce dernier pays les Twin Pioneer participèrent activement aux opérations de maintien de l’ordre menées par les troupes britanniques. Les ADAC de la RAF menèrent également des missions d’évacuation sanitaire, de transport de personnalités, et même de parachutage de troupes. Lors des opérations en Malaisie l’aviation britannique ne perdit aucun des vingt Twin Pioneer engagés, même si certains servirent de cibles aux forces ennemies. Le bimoteur écossais se tailla la réputation d’un avion particulièrement fiable et robuste.
En 1959 elle passa commande pour sept avions supplémentaires sous la désignation de Twin Pioneer CC Mk-2 et affectés au Squadron 225. Cette unité, outre la formation des futurs pilotes de l’avion, assurait des missions de liaison au profit des forces britanniques installées en Irlande du Nord. Les Twin Pioneer du Squadron 225 volaient également le cas échéant comme avion de servitude pour le compte du Queen’s Flight, une unité de prestige chargé du transport de la reine et de sa famille. La RAF garda ses bimoteurs jusqu’en 1969.
Deux autres Twin Pioneer volèrent sous les cocardes britanniques. Le premier, codé XT610, appartenait à l’Empire Test Pilots School (ou ETPS), l’école des pilotes d’essais britanniques, pour lequel il vola de 1960 à 1975. Il s’agissait en réalité du prototype de l’avion qui fut rééquipé. Le Twin Pioneer XT610 servait à la fois d’avion d’entraînement pour les futurs pilotes d’essais mais également d’avion de servitude et de soutien logistique. Le second avion « spécifique », codé XM279, appartenait au Royal Aircraft Establishment (ou RAE) le fameux centre britannique d’essais en vol et remplissait des missions de banc d’essais volant, aussi bien pour des systèmes embarqués que pour des moteurs et turbopropulseurs. Volant sous les couleurs du RAE de 1961 à 1984 cet avion participa à des programmes aussi divers que la remotorisation des Vickers Viscount, le développement du Panavia Tornado IDS, ou encore de l’hélicoptère Westland Lynx. Pour ne citer qu’eux.
L’un des rares clients militaires étrangers du Twin Pioneer fut, ironie du sort, la Royal Malaysian Air Force qui acheta trois Twin Pioneer Srs-3 similaires aux CC Mk-2 de la RAF. Le premier livré, entré en service le 16 janvier 1962 fut d’ailleurs le premier avion à être doté de la cocarde malaisienne. Il était codé FM1062.
Ces trois Twin Pioneer volèrent jusqu’en 1974, avant d’être remplacés par des De Havilland Canada DHC-5 Buffalo plus puissants.
Le sultanat d’Oman et le Népal ont également utilisé chacun un Twin Pioneer, dans les deux cas des avions civils acquis de seconde main auprès de transporteurs privés. On sait peu de choses de ces deux machines.
Au final ce sont 44 Twin Pioneer qui volèrent sous des cocardes militaires, pour un total de 87 avions construits. En 2013 plus aucun de ces avions ne volaient militairement. Au moins un avion reste toutefois préservé en Grande Bretagne en état de vol. Il appartient à la compagnie aérienne franco-britannique Air Atlantique, et vole lors de meetings. D’autres sont préservés dans divers musées au Royaume Uni et en Malaisie.
Le Scottish Aviation Twin Pioneer reste aujourd’hui encore un des meilleurs avions à décollages et atterrissages courts conçus au Royaume Uni. De part sa capacité il se rapproche du monomoteur canadien De Havilland Canada DHC-3 Otter.
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