Au cours des années trente, la Regia Aeronautica envisagea de se doter d’un appareil de création nationale qui répondît à une nouvelle technique de guerre moderne, le bombardement en piqué. Impressionnée et convaincue par les théories développées depuis une décennie par le général américain William Mitchell, elle demanda à la construction aéronautique italienne la réalisation d’un engin conforme à ces caractéristiques, sous l’impulsion enthousiaste du colonel Amedeo Mecozzi, déjà à l’origine du développement du Breda Ba.64 et de ses dérivés (comme le Ba.65) pour les avions d’attaque.
La firme Savoia-Marchetti répondit à cette requête en proposant la concrétisation d’une étude relativement rapide, désignée SM.85. Il s’agissait d’un appareil monoplace bimoteur, entièrement en bois, monoplan à aile médiane, avec un train d’atterrissage classique escamotable. Pour donner au pilote les meilleures conditions de visibilité, le cockpit était placé tout à l’avant du fuselage et disposait d’un panneau vitré au plancher. Outre l’emport en soute d’une bombe de 800 Kg, une mitrailleuse fixe tirant vers l’avant contribuait à la fonction d’attaque. Les ailes étaient munies au bord de fuite de grands panneaux mobiles à commande hydraulique faisant office de volets et de freins de piqué. L’engin vola pour la première fois le 19 décembre 1936 et démontra immédiatement sa faiblesse de motorisation, qui impliquait une vitesse insuffisante, une maniabilité aléatoire et un plafond à peine acceptable. Par ailleurs, sa tendance à se mettre en vrille avec de grandes difficultés à le récupérer démontra le danger que présentait un tel avion.
En dépit de ces résultats et selon des critères comparables en d’autres circonstances, la Regia Aeronautica, qui avait la sensation de détenir un appareil à la fois esthétique et devançant les autres nations dans un domaine encore peu exploité, commanda le développement du prototype et le lancement de la production en série, malgré les divers tests et évaluations qui continuèrent à démontrer, entre autres, le risque mortel des vrilles incontrôlables.
Le SM.85 fut cependant construit à 34 exemplaires de série, admis au service en octobre 1939, et affecté en totalité au 96ième groupe autonome de bombardement en piqué. Cette unité fut basée en juin 1940 à Pantelleria, une petite île proche de la Sicile, en vue de l’attaque de Malte et de la flotte britannique en Méditerranée. Le major Ercolano Ercolani, commandant l’escadrille et parfaitement conscient de ce dont il disposait, fit savoir à sa hiérarchie que n’importe quelle situation de combat se traduirait par un résultat de 100 % de pertes et proposa de prouver ses assertions en s’offrant comme volontaire à piloter lui-même un de ses « pièges » mortels. L’appareil fut immédiatement retiré du service, envoyé à la casse, et remplacé par le Junkers Ju-87 Stuka.
Une tentative de variante fut envisagée : la version SM.86, motorisée avec deux Walter Sagitta ICSR de 540Ch, dont le prototype vola en septembre 1940, puis le suivant doté de deux Isotta-Fraschini Gamma de 600 Ch, qui vola en août 1941, mais qui n’apportèrent rien de positif.
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