Au cours de l’année 1943, pendant la guerre du Pacifique, le constructeur britannique Saunders-Roe proposa aux autorités un projet d’hydravion de chasse à réaction, le SR.44, capable d’évoluer facilement sur les vastes étendues de l’océan. Le concept était similaire à celui des Nakajima A6M2-N « Rufe » (chasseur « Zero » converti en hydravion) et Kawanishi N1K1 « Rex », hydravions de chasse à flotteur central utilisés avec un succès mitigé par la Marine Impériale japonaise.
En mai 1944, la Specification E.6/44 validait un contrat passé avec SaRo (contraction de Saunders-Roe) pour la construction de trois prototypes désignés SR.A/1. Dès le début de l’étude, la firme rejeta la formule du flotteur et porta tous ses efforts sur la réalisation d’un hydravion à fuselage-coque, dont la combinaison avec une propulsion par réacteurs semblait plus efficace et plus sûre.
Le premier prototype, immatriculé TG 263, était équipé de deux turboréacteurs Metropolitan-Vickers F2/4 Beryl MVB.1 de 1465 Kgp dont la prise d’air commune se faisait par le nez de l’appareil. Cette disposition, relativement haute par rapport à la surface, permettait d’éviter des entrées d’eau dans les moteurs et un système d’écope de type Ventury complétait l’installation. Les sorties des tuyères s’écartaient de 5° pour bien dégager l’arrière du fuselage et les empennages, et assurer une bonne stabilité en vol horizontal. Le pilote disposait d’un siège éjectable et le cockpit, pressurisé, était muni d’un dôme transparent. Cette verrière, perdue en vol au cours d’un essai, fut remplacée par un modèle métallique plus résistant. L’armement prévu, mais jamais monté, consistait en 4 canons de 20 mm dans le nez alimentés à 190 coups, 2 bombes de 450 Kg ou 16 de 50 Kg et de rockets sous les ailes.
Le SR.A/1 TG 263 vola pour la première fois le 15 juillet 1947 et les deux prototypes suivants (serials TG 267 et TG 271) le 30 avril et le 17 août 1948, avec des réacteurs de 1588/1746 Kgp. Les performances et la maniabilité furent globalement satisfaisantes pour un appareil de ce type et de cette taille ; les vols et les tests se poursuivirent pendant plusieurs années. Mais le temps de la guerre était passé et le besoin d’hydravion chasseur ne se justifiait plus. Par ailleurs, avec des dispositions classiques, les avions à terre ou embarqués offraient de meilleurs performances à moindre coût.
Le SR.A/1 suscita un léger regain d’intérêt au moment de la guerre de Corée ; mais finalement, les prototypes 2 et 3 ayant été détruits par accident en 1949, le n° 1 (TG 263) vola pour la dernière fois en juin 1951 et le programme de développement fut abandonné. L’appareil fut entreposé au Cranfield Institute of Technology comme exemple pour l’étude des cellules d’avions. Acheté par Peter Thomas en 1966 pour son Skyfame Museum of Gloucestershire, il rejoignit en 1978 l’Imperial War Museum Collection à Duxford. Enfin, depuis 1993, le premier hydravion-coque chasseur à réaction trône dans le hall de l’Aviation Museum à Southampton.
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