Au début de la Seconde Guerre mondiale la Royal Air Force faisait un emploi large et massif des hydravions à coques bimoteurs de reconnaissance et de patrouille côtière. Il s’agissait souvent de machines héritées des années 1930 et d’une course à la modernisation de la flotte britannique. La majorité de ces appareils étaient encore des biplans de conception assez ancienne mais fondamentalement robustes et bien pensés. Il fallut attendre la loi américaine dite de prêt-bail pour mettre bon ordre dans cette flotte et l’uniformiser.
Un de ces premiers hydravions britanniques du conflit fut l’étonnant Saunders-Roe A.27 London.
C’est en novembre 1931 que l’Air Ministry lança la Specification 24/31 relative au remplacement des hydravions à coque de reconnaissance maritime Supermarine Southampton en service depuis 1925. En fait la Royal Air Force avait également demandé qu’on intègre au cahier des charges la composante de recherche et de sauvetage en mer afin de rendre le plus polyvalent possible les machines commandées à l’avenir.
Au début de l’année suivante trois avionneurs seulement s’étaient fait connaître : Saunders-Roe avec son A.27, Short et son S.18, et enfin Supermarine avec son Type 230. Un prototype de chaque fut commandé officiellement.
Sans le savoir Saunders-Roe et Supermarine travaillèrent sur deux hydravions à coque étonnamment similaires.
Extérieurement le Saunders-Roe A.27 se présentait sous la forme d’un biplan doté d’une coque à double redan de construction métallique. Il possédait un empennage double dérive et deux petits flotteurs sous le plan inférieur de voilure. L’hydravion était animé par deux moteurs à neuf cylindres en étoile Bristol Pegasus Mk-III d’une puissance unitaire de 820 chevaux entraînant chacun une hélice bipale en bois et métal. L’A.27 avait été pensé pour un équipage de six hommes et possédait trois mitrailleuses mobiles Lewis de calibre 7.7 millimètres installées dans des postes de tirs avant, dorsaux, et arrière. Une charge de bombes de 907 kilogrammes venait parfaire l’arsenal de l’hydravion.
Il réalisa son premier vol en avril 1934.
Quelques mois plus tard l’Air Ministry rendit son avis. Le Short S.18 était beaucoup trop novateur, et pour tout dire trop complexe pour répondre réellement aux attentes de la RAF. Il demeura donc à l’état expérimental. Concernant les Saunders-Roe A.27 et Supermarine Type 230 le choix était plus cornélien les deux hydravions ayant une architecture générale et des caractéristiques très similaires. Il fut décidé que même si le second remporta le marché le premier ne serait pas pour autant perdant. Vingt-trois exemplaires furent donc commandés comme Supermarine Stranraer Mk-I et dix comme Saunders-Roe London Mk-I.
En fait au sein des unités de la Royal Air Force il n’était pas rare de confondre les deux machines tant elles se ressemblaient. Seuls les postes de pilotages et les flotteurs annexes pouvaient permettre de les différencier. Les premiers Saunders-Roe London Mk-I entrèrent en service en avril 1936 au sein du N°201 Squadron en remplacement de Southampton Mk-II.
Rapidement les équipages britanniques apprécièrent l’hydravion tout en regrettant un léger manque de puissance lors du déjaugeage.
Saunders-Roe proposa alors de remédier au problème en greffant deux Pegasus Mk-X d’une puissance de 915 chevaux en lieu et place des Pegasus Mk-III d’origine. Le gain de 95 chevaux permettait de corriger les erreurs. En plus de la remotorisation des dix London Mk-I l’avionneur se vit commander vingt London Mk-II ainsi modifiés qui entrèrent en service à la mi-1938 en remplacement des Blackburn Perth Mk-I du N°204 Squadron et des Supermarine Scapa Mk-I du N°202 Squadron.
Entre décembre 1937 et mai 1938 cinq Saunders-Roe London Mk-II appartenant au N°204 Squadron furent envoyés dans la zone Pacifique. Ils réalisèrent des missions de souveraineté au niveau de l’empire coloniale britannique. Un vol de 4184 kilomètres fut même réalisé avec des réservoirs annexes autour de la Nouvelle-Galles-du-Sud en Australie. Sur le vol retour les hydravions London Mk-II passèrent par Bagdad et Jérusalem alors sous protectorat de la Couronne.
Quand la Seconde Guerre mondiale vingt-sept des trente Saunders-Roe London Mk-II produits étaient encore en service. Ils furent employés pour des missions de reconnaissance maritime et de lutte anti-sous-marine en Manche, en Mer du Nord, et en Mer d’Irlande. Grâce à sa lenteur naturelle le London Mk-II pouvait approcher des U-Boot et les mitrailler avec précision.
En mai 1940 six de ces hydravions traversèrent l’Atlantique nord et furent livrés à la Royal Canadian Air Force afin de surveiller et de protéger les eaux autours de Terre-Neuve.
Sans jamais être crédités de la destruction du moindre sous-marin nazi les Saunders-Roe London Mk-II restèrent en service tant au Canada qu’en Grande Bretagne jusqu’à fin 1941. La RAF les remplaça par des Consolidated Catalina Mk-IB et la RCAF par des Canadian-Vickers Canso-A, une version locale de l’amphibie américain. Ainsi se terminait la carrière d’un discret mais très réussi hydravion britannique de reconnaissance.
Une histoire amusante raconte qu’un jour un équipage de la Royal Air Force se trompa d’hydravion. Volant habituellement sur Supermarine Stranraer ils embarquèrent à bord d’un Saunders-Roe London amarré à côté de leur hydravion, ne se rendant compte de rien. Ils n’auraient découvert leur erreur qu’une fois chacun à son poste. Impossible de savoir jusqu’où cette histoire est vraie mais elle illustre bien les fortes ressemblances entre les deux hydravions.
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