Durant la Première Guerre mondiale la France fit un usage intensif des avions d’observation, chargés de surveiller le champs de bataille. Cependant au fur et à mesure que le conflit avançait les technologies aéronautiques évoluaient et les avions devenaient de plus en plus gros. Ainsi dès la fin de l’année 1915, ils devinrent capable d’emporter des appareils photos. D’observation, leur mission était désormais passée à la reconnaissance aérienne. Une discipline qui allait s’avérer primordiale pour s’octroyer la victoire finale. C’est ainsi que naquit une famille d’avions très particuliers, appelés A2 dans la nomenclature française de l’époque et dont l’avion le plus célèbre fut sans conteste le Salmson 2.
C’est en 1916 que l’état-major français annonça qu’il recherchait un nouvel avion type A2, c’est à dire un biplace de reconnaissance générale. Il s’agissait alors de remplacer les Dorand AR et Sopwith Strutter en service dans l’Aéronautique Militaire Française. Ce dernier avion, de conception britannique, avait été construit sous licence par plusieurs avionneurs français. Et c’est l’un de ceux-ci qui trouva la solution au problème des généraux français.
Les équipes de Salmson proposèrent en effet de développer un avion, sous la désignation de Salmson 2, destiné aux missions de reconnaissance au-dessus du champs de bataille. Non seulement le nouvel avion pouvait rester en l’air plus longtemps que ses prédécesseurs mais grâce à un puissant armement défensif il avait la capacité de riposter aux chasseurs allemands et austro-hongrois. Un premier prototype fut commandé en janvier 1917.
Le Salmson 2 se présentait sous la forme d’un biplan biplace monomoteur construit en bois entoilé. Sa propulsion était assurée par un moteur en étoile Salmson 9ZA de 230 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. Il fut un temps envisagé d’employer un moteur rotatif plus accessible en grand nombre, mais la puissance requise nécessitait un moteur en étoile. Niveau armement il disposait d’une mitrailleuse synchronisée Vickers de calibre 7.7mm et de deux mitrailleuses Lewis de même calibre installées en position arrière sur affût annulaire mobile. Deux appareils photos étaient installés à l’arrière du fuselage, et déclenchés par le copilote. Pour le reste le Salmson 2 disposait d’une architecture très classique pour l’époque avec son train d’atterrissage classique fixe et son empennage haubané de petite taille. C’est dans cette configuration que l’avion réalisa son premier vol en mars 1917.
Présentant d’excellentes qualités en terme de maniabilité et de vol à basse altitude, la seule véritable carence de l’avion concernait son rayon d’action de 500 kilomètres parfois jugé un peu faible. Cependant il est impossible aux ingénieurs de Salmson de greffé un moteur plus puissant sur leur appareil, il ne l’aurait pas supporté. Les premiers Salmson 2 de série entrèrent en service dans les rangs français au début de l’été 1916.
Rapidement, il fut officieusement rebaptisé Salmson 2A2, un nom qui allait lui coller à la peau, au point de traverser les âges, jusque bien après la mort du dernier de ses aviateurs.
L’Aéronautique Militaire Française utilisa ses biplans 2A2 sur tous les fronts, et notamment au-dessus de Verdun, Cambrai, le Chemin des Dames, ou encore les batailles de la Somme.
Dans le même temps ces avions surveillaient les champs de bataille hors de France.
Fin 1917 des essais d’emport de bombes légères de 20 kg furent réalisés, et même s’ils ne débouchèrent sur aucun effet concret il semble bien que certains Salmson 2A2 furent utilisés de manière marginale comme des avions de reconnaissance et de bombardement léger. Cependant, cet armement réduisait encore un peu plus le rayon d’action de l’avion.
C’est en cette même année 1917 que le Salmson 2A2 connut son seul et unique utilisateur étranger de tout le conflit. Le corps expéditionnaire américain fit l’acquisition d’un peu plus de 150 de ces avions pour ses missions de reconnaissance au-dessus de la France. En juin 1918, plusieurs 2A2 américains furent engagés pour des missions de reconnaissance au-dessus du célèbre bois Bellau, théâtre de la plus fameuse bataille menée par les Etats-Unis sur le sol français durant ce conflit. Au moins dix biplans Salmson frappés de la cocarde américaine y furent d’ailleurs perdus.
En janvier 1918, un Salmson 2A2 devint le premier avion de ce type à s’octroyer une victoire aérienne face à un avion allemand, en l’occurrence un biplan de reconnaissance Aviatik descendu au-dessus de la ville alsacienne de Colmar. Ce combat aérien termina de sceller la réputation de cet avion auprès des aviateurs français.
Lorsque l’Armistice fut signée le 11 novembre 1918 le Salmson 2A2 était, avec le Breguet XIV le principal avion de reconnaissance français. Une fois la paix revenue, son image de marque était telle que plusieurs pays en acquirent pour des missions de reconnaissance et d’observation : la Belgique, l’Espagne, le Japon, le Pérou, la Pologne, la Tchécoslovaquie, et l’Union Soviétique. De leurs côtés Américains et Français conservèrent les leurs jusqu’au milieu des années 1920.
Construit à plus de 3200 exemplaires le Salmson 2A2 est incontestablement un des grands succès aéronautiques français de la Première Guerre mondiale. Après guerre il donna naissance au Salmson Berline, un des tous premiers avions de ligne français, capable en 1919 de transporter deux passagers en plus du pilote sur une distance de 550 km.
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