Parmi les faits les plus intéressants sur l’aviation américaine durant la Seconde Guerre mondiale figure l’énormité de l’arsenal d’entraînement et de formation. Souvent éclipsés par deux ou trois modèles très populaires et largement médiatisés de nombreux avions servirent en petite voire en très petites séries au sein de l’US Army Air Force et/ou de l’US Navy. Et contrairement à une idée reçue encore très présente les biplans n’avaient pas tous laissé leur place à des monoplans souvent jugés plus modernes et donc plus adaptés. Un de ces avions d’allure sans doute plus ancienne mais ô combien efficace dans son rôle fut le Saint Louis PT-15.
Les origines de cet avion sont à rechercher dans la volonté de l’US Army de disposer d’un vivier de pilotes civils pouvant être rappelés en urgence sous les drapeaux et se voir ainsi confier des avions militaires. Appelé Civilian Pilot Training Program et piloté par le célèbre général Hap Arnold celui-ci était en fait assez mal vu par les personnels de l’US Army Air Corps. Afin de ménager les personnels de celui-ci le général Arnold eut l’idée de commander des avions neufs afin de ne pas alléger les écoles de pilotage.
Un appel d’offres fut donc lancé en 1938 autour d’une fiche programme assez rudimentaire : un biplan d’entraînement capable de satisfaire des pilotes civils et de les maintenir en condition selon les volontés militaires. Plusieurs constructeurs y répondirent mais seuls deux furent retenus : Saint Louis et Waco. Le premier proposait une version adapté de son PT-1 et le second de son UPF-7. Un prototype de chaque avion fut commandé sous les désignations respectives de Saint Louis XPT-15 et Waco XPT-14.
Extérieurement le Saint Louis XPT-15 se présentait sous la forme d’un biplan de construction mixte en bois, contreplaqué, et métal. Ainsi le fuselage était usiné en tubes d’aciers et la voilure en bois, le tout étant recouvert de contreplaqué. La motorisation de l’avion tournait autour d’un Wright R-760-1 Whirlwind à sept cylindres en étoile d’un puissance nominale de 225 chevaux. Instructeur et élève prenaient places dans un poste de pilotage à l’air libre. Le XPT-15 disposait d’un train d’atterrissage classique fixe doté d’une roulette de queue orientable. Dédié à des missions d’entraînement primaire aucun armement ne fut jamais pensé pour lui.
Une commande fut passée pour quatorze exemplaires, dont treize neufs. Le dernier étant justement le prototype. La version de série reçut la désignation constructeur de PT-1W (W pour War, indiquant qu’il s’agit là d’un avion militaire) et celle d’YPT-15 au sein de l’US Army Air Corps. Les premiers exemplaires entrèrent en service en juin 1940. Le Civilian Pilot Training Program obtint sa pleine dotation en octobre de la même année.
Avec une pointe de dédain les instructeurs de l’USAAC appelaient les pilotes qui volaient sur ces biplans des «aviateurs du dimanche». La plus part d’entre eux étaient des pilotes de ligne ou bien des vétérans de la Première Guerre mondiale. En juin 1941 quand l’US Army Air Corps laissa sa place à l’US Army Air Force les YPT-15 et le XP-15 furent tous renommés PT-15.
Ironie de l’Histoire leurs pilotes furent parmi les premiers à rejoindre les unités de première ligne de l’US Army Air Force après l’attaque nippone contre Pearl Harbor en décembre de la même année. Depuis leur nid de Parks College Airfield installé sur le campus de l’université de Saint Louis les PT-15 continuaient de voler, mais cette fois avec beaucoup plus de fréquence. Finis les vols du weekend désormais, entrée en guerre oblige, ils décollaient et atterrissaient tous les jours. De ce fait les biplans s’usaient plus rapidement que prévu. Aussi en octobre 1942 après seulement un peu plus de deux ans de service ces avions furent retirés du service et remplacés par des North American BT-9 de seconde main jugés plus modernes. Les PT-15 terminèrent leur carrière militaire comme plastrons au sol pour la formation des mécaniciens. Après guerre au moins quatre exemplaires furent revendus sur le marché civil de l’occasion.
Avion d’entraînement relativement retombé dans l’oubli le Saint Louis PT-15 ne connut qu’une carrière américaine. Il ne fut en effet jamais exporté. Pour la petite histoire le Civilian Pilot Training Program a été stoppé en juillet après la formation d’un peu plus de 435000 pilotes américains, dont environ 5% de femmes.
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