Il existe dans l’industrie aéronautique une règle d’or qui veut que pour qu’un aéronef militaire se vende bien il se doit d’avoir d’abord été utilisé par la force aérienne et/ou aéronavale de son pays d’origine. Ainsi ce premier client permet à la fois de valider les process mêmes de l’avion et autant de jouer le rôle d’ambassadeur de la machine. Nonobstant dans de très rares cas des avions et hélicoptère militaires ont réussi à bien se vendre sans qu’ils existent dans l’arsenal de leur pays d’origine. L’un des exemples types est un monomoteur léger d’entraînement primaire ayant également su remplir des missions d’observation et d’appui aérien rapproché : le Saab MFI-15 Safari / MFI-17 Supporter suédois.
C’est au cours de le seconde moitié des années 1950 que l’ingénieur suédois Björn Andreasson, installé aux États-Unis, se lança dans le développement d’un avion léger de tourisme et d’entraînement de base. Construit par l’avionneur Malmö l’avion reçut la désignation de BA-7 et fut assemblé en série en tant que MFI-9 Junior.
En Allemagne de l’ouest le constructeur M.B.B. le produisit sous licence en tant que Bö 208 Junior, principalement pour les marchés civils d’Europe occidentale.
À la fin des années 1960 l’avionneur Malmö passa sous le contrôle du géant Saab. Et à cette époque l’idée germait dans la tête des dirigeants du constructeur de donner une suite au MFI-9 mais à double vocation civile et militaire. Il s’agissait de le proposer comme avion d’entraînement aux forces suédoises ainsi qu’aux pays alliés de l’OTAN. Le futur avion reçut la désignation de MFI-15 Safari pour les clients civils et de MFI-17 Supporter pour les forces de défense.. En fait ce nouvel avion se présentait sous la forme d’une version légèrement agrandie de l’avion de tourisme d’origine dotée d’une motorisation plus puissante.
Le prototype du Saab MFI-15 Safari réalisa son premier le 11 juillet 1969 tandis que le MFI-17 Supporter dut lui attendre presque trois ans. Il vola en effet le 6 juillet 1972. Extérieurement peu de choses les différenciaient, si ce n’est que ce second avion possédait des points d’emport d’armement sous voilure afin de recevoir une charge de combat pouvant atteindre au total 300kg, et se composant de bombes légères et de roquettes en paniers.
Extérieurement le Saab MFI-17 Supporter ne ressemblait pas vraiment aux autres avions militaires d’entraînement alors disponible sur le marché. De construction entièrement métallique il possédait un poste de pilotage biplace côte à côte et une verrière largement vitrée s’ouvrant vers le haut. En outre il était doté d’une voilure haute en flèche inversée, d’un train d’atterrissage tricycle fixe et d’un empennage cruciforme. Sa propulsion était assurée par un moteur à pistons Lycoming IO-320-B20 d’une puissance de 160 chevaux entraînant une hélice bipale. Un strapontin installé à l’arrière du cockpit permettait d’accueillir un passager.
Bien que particulièrement manœuvrable le Saab MFI-15 Safari (pas plus que le MFI-17 Supporter d’ailleurs) n’attira les aviateurs suédois qui avaient déjà sélectionné le Beagle Bulldog afin de succéder aux Saab Safir. Pour autant les personnels de l’avionneur proposaient leur avions à diverses clients.
Il fallut attendre en fait 1976 pour que le compteur se débloque dans les commandes militaires. Le Pakistan fit l’acquisition de 28 exemplaires rapidement imité par le Danemark et la Zambie à hauteur respectivement de 32 et 20 machines. Le MFI-17 Supporter était lancé. Il est à signaler que si la Norvège a bien acheté en 1980 de tels avions, en fait il s’agit de MFI-15 Safari civils.
En 1981 un accord fut même signé entre Saab et le constructeur Pakistan Aeronautical Complex autour de l’assemblage sous licence de 92 exemplaire du MFI-17 sous la désignation locale de Mushshak. L’accord prévoyait également que les Pakistanais puissent vendre l’avion dans leur propre sphère d’influence. C’est ainsi que des machines ont été vendues à l’Arabie-Saoudite, l’Irak, l’Iran, Oman, et la Syrie.
Iraniens et Pakistanais utilisent d’ailleurs les Mushshak aussi bien pour l’entraînement de base que pour l’observation aérienne, ces derniers les engageant même au-dessus de zones de guerre aux frontières afghanes et indiennes.
De nos jours les Pakistanais produisent une version qui leur est propre et désignée Super Mushshak.
Même s’il n’est assurément pas l’avion d’entraînement militaire de base le plus célèbre de sa génération le Saab MFI-17 Supporter est sans aucun doute un des plus attachants avec son architecture si particulière. La majorité d’entre eux volaient encore au début de l’année 2019.
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