Entre les années 1920 et la fin des années 1960 l’industrie aéronautique européenne fut tenue en gros par les cinq mêmes pays : l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, et enfin du Royaume-Uni. Ces pays étaient notamment à partir du milieu de la Seconde Guerre mondiale les seuls capables de rivaliser avec les industries aéronautiques américaines et soviétiques. Pourtant d’autres pays européens tentèrent l’aventure. Certains eurent pas mal de succès à l’image de l’Espagne, de la Pologne ou de la Yougoslavie mais pour d’autre cela ne fut souvent qu’anecdotique voire marginale. Ce fut notamment le cas de la Belgique ou encore du Danemark. Dans ce dernier pays l’un des avions les plus réussis ne dépassa pas la cinquantaine d’exemplaires construits : le S.A.I. KZ VII Lærke.
Au retour de la paix en Europe au printemps 1945 l’activité industrielle du constructeur danois S.A.I. était quasi inexistante. Hormis un planeur d’entraînement l’avionneur n’avait rien développé durant le conflit, n’en ayant pas l’autorisation des forces allemandes. À la différence des constructeurs français qui travaillèrent bien souvent dans le dos des forces d’occupation les ingénieurs et ouvrier danois n’avaient quasiment rien développé. Pourtant ils lancèrent dès 1944 deux programmes civils légers avec l’assentiment des Allemands. Mais ces avions ne reçurent qu’un accueil mitigé, le bimoteur KZ IV n’étant produit qu’à deux exemplaire et sa version agrandie KZ V ne dépassant pas le stade du prototype.
Aussi c’est sur la pointe des pieds que les ingénieurs Viggo Kramme et Karl Zeuthen proposèrent aux dirigeants de l’entreprise un monoplan léger polyvalent. Nous étions alors en en décembre 1945 et malgré la reprise progressive grâce au KZ III il ne semblait pas acquis qu’un tel avion puisse être produit. Car le projet des deux ingénieurs était très ambitieux. Leur futur avion devait pouvoir réaliser aussi bien des vols civils que militaires, notamment pour l’observation, la cartographie aérienne, ou encore l’entraînement basique. Un prototype fut commandé sous la désignation de KZ VII et le patronyme de Lærke, c’est à dire l’alouette en français.
Extérieurement ce KZ VII Lærke n’avait rien de révolutionnaire. C’était un monoplan à aile haute de construction mixte en bois, contreplaqué, et métal. Sa propulsion était assurée par un moteur à pistons à six cylindres en ligne Continental C125 d’une puissance de 125 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. En outre l’avion possédait un train d’atterrissage classique fixe doté d’une roulette de queue.
Sa cabine permettait d’accueillir outre le pilote trois passagers. Chaque avion était doté d’une double commande pouvant ainsi assurer des missions d’entraînement. Son avionique était des plus simplistes.
Le prototype du S.A.I KZ VII réalisa son premier vol le 11 novembre 1946. Et très rapidement les premiers exemplaires furent livrés à plusieurs clients civils au Danemark mais également en Allemagne de l’Ouest ou encore en Suède. L’avion était alors surtout utilisé comme machine d’entraînement par des aéro-clubs.
Début 1947 le ministère danois de la défense passa commande pour dix exemplaires. Il s’agissait d’avions destinés aussi bien aux missions d’entraînement que d’observation, de liaisons, ou encore de réglage des tirs d’artillerie. En fait ces Lærke devaient permettre aux militaires danois de conserver un peu d’indépendance vis à vis des Américains qui essayaient alors de leur revendre des Piper L-4 Grasshopper de seconde main issus de l’US Army Air Corps. Et surtout la force aérienne royale danoise pouvait ainsi voler sur un avion neuf.
En parallèle S.A.I. continuait de produire son avion pour les besoins civils.
C’est en 1950 que les six premiers KZ VII Lærke commencèrent à voler sous la cocarde rouge et blanche de l’aviation danoise. Ils furent suivis l’année suivante des quatre derniers exemplaires commandés. Quand ils n’assuraient pas la formation basique et intermédiaire des futurs pilotes militaires ils assuraient des missions de liaisons et d’observation. Dans ce dernier cas ils étaient fréquemment engagés dans des survols des différentes îles qui composent le pays. L’une des principales craintes du gouvernement danois était alors le péril d’un débarquement ou d’un raid de commandos soviétiques. Les monomoteurs S.A.I. assuraient de ce fait des vols de reconnaissance à basse altitude.
À partir de 1966 ces dix avions reçurent une nouvelle livrée grise rehaussée de panneaux day-glow au niveau du nez et sur l’extrados de voilure. Désormais les missions d’observations et de réglages d’artillerie ne furent plus remplies. Les KZ VII Lærke n’étaient plus que des avions d’entraînement et occasionnellement de liaisons.
Machines assez facile d’emploi, pardonnant beaucoup les erreurs de pilotages, ces monoplans ne connurent quasiment aucun accident. Si bien que lorsqu’ils furent retirés du service fin 1977 les dix d’origine étaient encore en état de vol. Et logiquement ils furent facilement revendus sur le marché de seconde main, aussi bien au Danemark qu’ailleurs en Europe occidentale.
Au total ce sont cinquante-six exemplaires qui furent fabriqués. Il y aurait du en avoir au minimum soixante dix-huit mais vingt-deux machines furent brûlées dans l’incendie des ateliers de S.A.I. alors qu’ils se trouvaient à divers stades de leur assemblage. Sept de ces KZ VII Lærke étaient en attente de livraisons à des clients civils. Aujourd’hui une trentaine de ces monoplans vole encore, dont plusieurs anciens exemplaires militaires. Le Lærke s’est même découvert une seconde vie comme remorqueur de planeurs pour plusieurs aéro-clubs.
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