En 1945 la totalité des pays libérés de l’occupation allemande par les Alliés, et notamment par les Américains et le Commonwealth en Europe occidentale, avait vu sa production aéronautique réduite à néant. Si cela était particulièrement prégnant en France et aux Pays-Bas ça l’était tout autant dans les nations aéronautiques mineures. À cela près que l’outil industriel de ces dernières n’avait bien souvent pas été préservé par l’occupant pour ses besoins personnels. Aussi son redémarrage fut souvent jugé délicat. C’est notamment le cas au Danemark de l’avionneur Skandinavisk Aero Industri qui pourtant fut obligé de se remettre au travail dès l’automne 1945. Une de ses premières productions fut un anachronique monoplan d’entraînement militaire : le KZ II Træner.
C’est en juillet 1945 que la Flyvevåbnet renaquit de ses cendres. Il lui fallait alors impérativement former une nouvelle génération de pilotes et elle avait donc ainsi besoin d’avions d’entraînement. Si les modèles américains et britanniques étaient alors omniprésents sur le marché son état-major souhaitait également disposer d’une machine de conception et de production indigène. En attendant qu’un tel avion existe c’est dans le sud de l’Angleterre que les jeunes apprentis pilotes danois se formèrent avant de rentrer au pays se familiariser aux avions d’armes sur Percival Proctor. Les généraux de la Flyvevåbnet demandèrent alors aux ingénieurs Viggo Kramme et Karl Zeuthen de remédier à ce problème. Devant l’urgence de la situation les deux responsables des bureaux d’études de la S.A.I. prirent une mesure surprenante.
En effet celle-ci s’articulait autour de la modification d’un avion de voltige aérienne civile apparu en 1937 et baptisé KZ II Sport. Il était lui-même issu du KZ II Kupé, un appareil de transport léger et d’affaire qui connut lui aussi un succès d’estime avant guerre.
S’éloignant sensiblement de ce Kupé au profit du Sport les deux ingénieurs reprirent son architecture de monoplan à aile basse cantilever doté d’un poste de pilotage à l’air libre ils choisirent de ne pas conserver le moteur allemand Hirth HM.504 à quatre cylindres en ligne et le remplacèrent par un De Havilland Gipsy Major britannique de même architecture. L’avion gagnait ainsi 40% de puissance. Par contre le train d’atterrissage classique fixe perdait en aérodynamisme ce qu’il gagnait en robustesse. Il fallait permettre les atterrissages parfois un peu durs des apprentis pilotes. C’est le 10 avril 1946 que le prototype du KZ II Træner vola. Immédiatement quinze exemplaires furent commandés.
Les premiers S.A.I. KZ II Træner de série entrèrent en service dès septembre de la même année. Si ces avions d’entraînement n’avaient rien d’extraordinaire, représentant même une forme d’anachronisme vis-à-vis de ce qui se faisait à l’époque, ils furent appréciés des instructeurs et élèves de la Flyvevåbnet. Ils leur permettaient en effet de voler sur un avion danois. La pleine dotation intervint en mars 1947 et le rythme des formations de stagiaires s’accéléra, le Danemark avait besoin impérativement de pilotes. Outre sa fonction de formation primaire le KZ II assurait également la sélection en vol des candidats.
Malgré la réticence des ingénieurs Kramme et Zeuthen qui connaissaient les limites de leur avion le gouvernement du Danemark chercha à exporter le KZ II Træner. Malheureusement pour lui cet avion n’était plus du tout dans l’ère du temps. À tel point même que de nombreux médias spécialisés le qualifièrent alors de mauvaise copie du Miles M.14 Magister britannique, un avion conçu une dizaine d’années auparavant. Evidemment aucun exemplaire ne fut exporté !
En juin 1955 la Flyvevåbnet commença à délaisser le S.A.I. KZ II Træner jugé alors obsolète. Cela se fit aux profits d’un autre avion de conception locale, le KZ VII Lærke nettement plus moderne. En neuf ans de service actif quatre avions avaient été perdus en missions d’entraînement et deux avaient été immobilisés pour cannibalisation. Les neuf exemplaires restant furent revendus sur le marché civil de seconde main sans même avoir besoin d’être démilitarisés tant leurs équipements étaient sommaires. Ils furent employés dans les aéroclubs danois aussi bien pour remorquer des planeurs que pour former des pilotes ou réaliser des baptêmes de l’air.
De nos jours au moins deux S.A.I. KZ II Træner volent toujours lors de meetings aériens au Danemark et ailleurs en Europe. Ils opèrent sous les immatriculations civiles danoises OY-FAE et OY-FAK. Deux autres exemplaires sont préservés dans des musées aéronautiques du pays. Ce qui fait quatre avions conservés sur quinze produits, c’est un excellent ratio pour une machine qui n’eut que neuf ans de service actif dans la formation primaire.
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