Les années 1930 virent le développement massif de programmes d’hydravions à flotteurs de nouvelle génération. Ces appareils n’étaient plus seulement des avions à train classique sur lesquels on avait greffé deux flotteurs afin de leur permettre d’opérer depuis des plans d’eau il s’agissait d’aéronefs réellement pensé dès le départ comme tels. On en rencontra dans pratiquement tous les pays s’adonnant aux joies de la conception aéronautique, y compris les plus modestes. En Europe orientale c’est la Yougoslavie qui développa une telle machine particulièrement intéressante : le Rogozarski SIM.XIV de reconnaissance côtière.
C’est en 1937 que l’amirauté yougoslave réclama un hydravion de facture locale destiné à des missions de reconnaissance et de bombardement léger. Il s’agissait avant tout de remplacer l’hydravion à coque Ikarus IO en service depuis dix ans et commençant à montrer des signes de vieillesse prématurée.
N’ayant pas des moyens financiers très important le gouvernement yougoslave ne voulait pas commander des avions étrangers jugés trop onéreux et demanda donc aux avionneurs locaux de répondre son attente. Deux le firent : Ikarus et Rogozarski. Chacun se vit gratifier d’une enveloppe assez confortable permettant l’assemblage d’un prototype.
Si la société privée Rogozarski partit de zéro l’entreprise publique Ikarus de son côté utilisa la licence de production du Bristol Blenheim britannique qu’elle possédait depuis quelques semaines. Avec l’aide de l’industriel américain Edo elle développa un Blenheim Mk-I en version hydravion à flotteurs. La machine ainsi réalisée était pathétique de ridicule et n’arriva jamais à déjauger. Quelques semaines après les débuts des travaux Ikarus fut informée que son idée était rejetée. Les deux flotteurs Edo furent déposés et le Blenheim en question demeura chez l’avionneur comme avion de servitude.
Rogozarski avait donc les coudées franches pour son programme baptisé SIM.XIV.H.
Extérieurement celui-ci se présentait sous la forme d’un hydravion à flotteurs de conception assez moderne. Il était assemblé en contreplaqué et métal et était animé par deux moteurs à huit cylindres en V Argus As 10C de facture allemande. Chacun développait 240 chevaux et entraînait une hélice bipale en bois. Deux mitrailleuses mobiles de calibre 7.92 millimètres furent montées, une dans le nez et l’autre en poste de tir dorsal, tandis qu’une charge de bombe maximale de 150 kg pouvait être emportée sous voilure et/ou fuselage.
Le Rogorzarski SIM.XIV.H réalisa son premier vol le 8 février 1938.
Une commande officielle fut immédiatement passée pour vingt exemplaires de série. Une version terrestre de reconnaissance tactique et de bombardement léger nocturne fut un temps envisagée mais finalement rejetée. Désormais la désignation SIM.XIV.H fut changée en SIM.XIV puisque par définition cet appareil n’allait être qu’un hydravion.
Les premiers exemplaires sont entrés en service actif en janvier 1940. Leur mission est alors de patrouiller le long du littoral yougoslave, en Adriatique. Le pays étant officiellement encore neutre ses hydravions surveillent aussi bien les mouvements des navires alliés que ceux de l’Axe. Quand ces dernières envahissent enfin le pays en avril 1941 treize SIM.XIV seulement ont été produits et livrés. Six autres sont à divers stades de développement, deux ayant déjà reçus leurs moteurs et armement. Le dernier n’est encore alors qu’un tas de planches et de morceaux de métal. Ils sont tous les sept détruits lors d’un bombardement de Heinkel He 111 de la Luftwaffe.
Quatre des treize hydravions décident alors de prendre les airs et de rejoindre les Britanniques à Malte. Deux seulement y arriveront, les deux autres étant détruits par la chasse italienne au passage du détroit d’Otrante.
Les neuf Rogozarski SIM.XIV restant furent pris en compte par la Regia Aeronautica qui les affecta à des missions de surveillance côtière et portuaire jusqu’à la fin 1941. Après cette période ils furent désarmés et réaffectés à des missions d’entraînement avancé et de liaisons. Finalement les Italiens les retirèrent du service actif en mai 1943 faute pièces détachées. Ainsi se terminait la carrière de l’hydravion SIM.XIV.
Le Rogozarski SIM.XIV a souffert durant toute sa période de paix d’une suspicion née durant un salon aéronautique de Paris. Les spécialistes du domaine crurent longtemps qu’il s’agissait d’une copie illégale du Fokker T.VIII.W néerlandais. Ce que les ingénieurs yougoslaves réfutèrent avec force.
Leur hydravion retomba dans l’oubli après la Seconde Guerre mondiale et la polémique sur ses origines également.
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