Si de nos jours les avions de combat comme le Dassault Aviation Rafale ou l’Eurofighter EF-2000 Typhoon sont aptes à voler de jour comme de nuit, pas beaux temps autant que par la météo la plus exécrable possible il n’en a pas toujours été ainsi. De la guerre de 14/18 à celle de 39/45 la chasse nocturne fut réservée à des avions spécialement dédiée à elle. Et en l’absence d’électronique, pas encore inventée, c’est avec les moyens du bord que les pilotes de la Première Guerre mondiale durent s’essayer à voler de nuit et à descendre leurs adversaires. L’une des premières tentatives britanniques dans ce sens fut un échec avec un avion construit à une trentaine d’exemplaires seulement: le Royal Aircraft Factory NE.1.
Souhaitant poursuivre dans l’architecture dite Farman Experimental, qui avait donné naissance aux FE.2 et FE.8 construits en série, la Royal Aircraft Factory lança à l’été 1916 le développement d’un nouveau chasseur appelé alors FE.9. L’appareil conçu par l’ingénieur John Kenworthy conservait donc les traits de ses prédécesseurs : une voilure en biplan, un moteur actionnant une hélice propulsive, un empennage double dérive, un train d’atterrissage classique évidemment fixe à l’époque, et enfin une nacelle pouvant accueillir le pilote et le copilote mitrailleuse. En fait hormis cett dernière qui était légèrement agrandie et un moteur à huit cylindres en V construit en France par Hispano-Suiza ce FE.9 n’apportait rien de vraiment nouveau au Royal Flying Corps. Pourtant deux prototypes furent construits.
Le premier d’entre eux vola le 10 avril 1917. Sans grande conviction le Royal Flying Corps passa commande pour vingt-quatre avions de série. Les généraux britanniques indiquèrent alors que le R.A.F. FE.9 serait dédié à des missions de protection du littoral anglais de la Manche, et qu’il n’irait jamais combattre en France. Finalement en juin de la même année le RFC fit le choix d’annuler le programme FE.9 et de demander à la Royal Aircraft Factory de revoir sa copie. Les deux prototypes et le premier avion de série furent repris par l’avionneur. Les vingt-quatre FE.9 de série étaient alors en cours d’assemblage, à divers degrés d’avancement.
L’ingénieur John Kenworthy se vit alors placé sous les ordres d’un autre ingénieur en chef : Henry Folland. Ce dernier décida de modifier le FE.9 en FE.12 avec un train d’atterrissage arrière revu et corrigé. Les deux mitrailleuses jumelées Lewis de calibre 7.7 millimètres furent déposées et remplacées par une seule. Un armement beaucoup plus conséquent par contre remplaça les 100 kilogrammes de bombes initialement pensées : un canon Vickers de calibre 40 millimètres capable de tirer des rafales courtes de six coups minutes. L’idée de Folland n’était pas d’employé le FE.12 comme chasseur de défense aérienne mais comme chasseur de nuit. C’est pourquoi deux phares furent installés de part et d’autre de la nacelle de fuselage. Pour le reste le FE.12 conservait tous les attributs du FE.9. Son prototype, en fait le second du précédent avion, vola le 8 septembre 1917.
Six avions de série en furent immédiatement commandés avant que le Royal Flying Corps ne décide de commuer ce contrat dans la même commande que les vingt-quatre FE.9. Ainsi le Royal Aircraft Factory FE.12 serait produit à trente exemplaires. Cependant afin de marquer la différence avec les avions diurne il demanda à l’avionneur de leur trouver une nouvelle désignation. Le FE.12 devint ainsi le NE.1, pour Night Experimental. Les premiers d’entre eux arrivèrent en unité au sein du N°78 Squadron en novembre 1917.
Dès leur entrée en service actif les R.A.F. NE.1 déçurent. Leur canon de 40 millimètres les rendait instable lors des tirs et de ce fait il avait une fâcheuse tendance à s’écraser par défaut de manœuvrabilité. Le N°78 Squadron du RFC n’eut d’ailleurs jamais sa pleine dotation en NE.1 malgré qu’il ait été la seule unité britannique à voler sur ce chasseur de nuit. Au maximum dix-sept exemplaires furent en même temps en service actif. D’ailleurs c’est un des rares chasseurs de 14/18 à n’être crédité d’aucune victoire aérienne. Quand le 1er avril 1918 le Royal Flying Corps laissa la place à la Royal Air Force cette dernière choisit de se séparer de ses NE.1 et réattribua au N°78 Squadron une nouvelle mission en remplacement de la chasse de nuit : la reconnaissance armée. Des Sopwith 1 1/2 Strutter remplacèrent ainsi les NE.1.
En seulement cinq mois de service actif le Royal Aircraft Factory NE.1 connut donc un des ratios les plus mauvais de l’Histoire de la chasse britannique. Il tua à lui seul onze membres d’équipage, tous britanniques, et tous qui volaient dessus. Il fut aussi le dernier biplan à hélice propulsive produit en série par son constructeur. Il ne reste de nos jours plus rien du NE.1.
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