Pour de nombreux néophytes mais également pas mal de passionnés d’aéronautique c’est durant la Seconde Guerre mondiale que les progrès technologiques furent les plus importants. C’est vrai et faux à la fois. Vrai si on considère les progrès dans le domaine de l’altitude et de la vitesse et faux si on occulte la Première Guerre mondiale. En effet cette époque fut essentielle dans bien des domaines. Peu nombreux étaient les fragiles aéroplanes en service à l’été 1914 à encore voler en novembre 1918. Parmi ceux-ci figure un étonnant biplan britannique très polyvalent : le Royal Aircraft Factory BE.2.
C’est en 1912 que le Royal Flying Corps chercha à se doter d’avions capables de remplir aussi bien des missions d’observation et de réglage des tirs d’artillerie que d’entraînement. Et très logiquement les militaires britanniques se tournèrent vers l’avionneur Royal Aircraft Factory. À cette époque l’avionneur né l’année précédente proposait deux modèles très similaires désignés BE.1 et BE.2, motorisé pour le premier par un Wolseley en ligne de 60 chevaux et pour le second par un Renault également en ligne mais de 70 chevaux. Les lettres BE signifiaient alors Blériot Expérimental. Le célèbre aviateur français représentait alors pour les ingénieurs britanniques le maître incontesté des avions à hélice tractive.
Après deux essais conjoints menés par Geoffrey De Havilland, alors ingénieur en chef de R.A.F., c’est vers le BE.2 que les militaires britanniques se tournèrent assez logiquement. L’avion avait volé pour la première fois le 1er février 1912. Une commande fut passée et les premiers exemplaires de série entrèrent en service en août de la même année sous la désignation BE.2a.
Ce biplan était alors le premier avion d’observation et de reconnaissance à vue à porter les marquages militaires britanniques. À cette époque les cocardes n’avaient pas été inventées et les avions portaient en fait un simple code tactique sur le fuselage et un drapeau britannique peint sur l’empennage.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclata le R.A.F. BE.2a était le principal avion de reconnaissance en service dans les unités du Royal Flying Corps. Et le premier d’entre-eux arriva en France le 17 août 1914, soit treize jours après que le Royaume-Uni ait déclaré la guerre à l’Allemagne. Le 20 août 1914 quatre BE.2a du N°4th Squadron réalisèrent la première mission aérienne britannique du conflit en survolant des positions allemandes dans l’est de la France. Les avions rentrèrent à leur base après une heure de vol, criblés d’impacts de balles pour deux d’entre-eux. Une enquête démontra que les tirs provenaient bien à l’aller des Allemands mais aussi des Français au retour.
À partir du Royal Aircraft Factory BE.2b, mais surtout sur les modèles BE.2c et BE.2d l’armement fit son apparition. En mission de reconnaissance celui-ci se limitait à une mitrailleuse mobile Lewis de calibre 7.7mm en position arrière. En mission de bombardement l’avion emportait douze bombes de 10 kilos chacune, la mitrailleuse était souvent déposée pour permettre d’augmenter le rayon d’action. Sur ces machines la motorisation aussi avait été revue au profit de plusieurs modèles développant 90 chevaux.
Considérée comme la version la plus aboutie le R.A.F. BE.2e se présentait sous la forme d’un biplan construit en bois entoilé et propulsé par un moteur en ligne Royal Aircraft Factory Type 1A d’une puissance de 90 chevaux entraînant une hélice quadripale en bois. Deux grandes pipes d’évacuation étaient installées à sa sortie. L’armement se composait d’une mitrailleuse mobile de calibre 7.7mm et de six bombes de 25kg chacune. Le pilote et son navigateur prenaient places dans un cockpit biplace en tandem à l’air libre. L’avion disposait d’un train d’atterrissage classique fixe doté d’un patin de queue.
Dès l’année 1915 les plus anciens des avions furent reversés à des unités d’entraînement. Le Royal Aircraft Factory BE.2 était alors aussi bien un avion de reconnaissance, que d’entraînement, voire même un bombardier spécialisé dans le harcèlement nocturne des positions allemandes.
Le Royal Flying Corps ne fut cependant pas la seule force aérienne à faire voler le biplan britannique. Des exemplaires militaires furent livrés à l’Afrique du sud, l’Australie, la Belgique, l’Estonie, la Grèce, la Norvège, et les Pays-Bas. Le corps expéditionnaire américain reçut quelques exemplaires à double commande.
Malgré qu’il représentait une cible de choix pour les Albatros D V et Fokker D VII de la chasse allemande le fragile et léger Royal Aircraft Factory BE.2 demeura en service jusqu’aux dernières heures de la guerre. Et jusqu’au bout ce biplan forma les pilotes britanniques tout en réalisant des missions de reconnaissance à vue ou encore des attaques nocturnes contre les tranchées ennemies. Après le retour de la paix ils volèrent un peu puisque la jeune Royal Air Force retira ses exemplaires du service en octobre 1919 au profit notamment de l’Avro 504 bien plus moderne.
Au total plus de 3500 exemplaires furent produits, dont environ 600 par l’avionneur Vickers.
De nos jours quelques exemplaires sont préservés dans des musées aéronautiques, principalement au Royaume-Uni. Deux répliques et deux BE.2 d’époque volent encore en 2019, les premiers construits selon les méthodes de l’époque. Outre-Manche cet avion jouit d’une réputation en or, qui éclipse un peu ses fragilités et sa facilité à se faire abattre par la chasse ennemie. Pour autant il demeure le tout premier avion de reconnaissance opérationnel sous marquage britannique.
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