Durant la Guerre Froide, plusieurs avionneurs du Pacte de Varsovie tentèrent de s’affranchir de la domination technologique de Moscou. Ce fut le cas du constructeur polonais PZL qui développa sur fonds propre un appareil d’entraînement particulièrement réussi, le TS-11 Iskra.
En 1956, l’état-major polonais fit savoir à PZL qu’il recherchait un nouvel avion d’entraînement avancé destiné à permettre de former efficacement les futurs pilotes de chasse soviétique qui volaient alors principalement sur Mikoyan-Gurevitch MiG-17. Il s’agissait donc pour l’avionneur de développer tout bonnement son premier véritable avion à réaction.
Les travaux furent menés par l’ingénieur Tadeusz Soltyk, qui avait déjà précédemment conçu le monomoteur d’entraînement primaire TS-8. Mais pour Soltyk la tâche était cette fois-ci bien plus ardue, la Pologne n’ayant pas une grande expérience du jet. En effet, mis à part la production sous licence des MiG-15 et MiG-17, localement connu comme Lim-2 et Lim-5, aucun avion de ce type n’avait jamais été construit dans le pays.
Le programme prit la désignation de PZL TS-11, reprenant ainsi les initiales de son concepteur. Extérieurement cet avion se présentait sous la forme d’un jet biplace en tandem construit intégralement en métal. Doté d’une aile médiane cantilever et d’un train d’atterrissage tricycle escamotable l’appareil était propulsé par un turboréacteur Armstrong-Siddeley Viper Mk-8 d’origine britannique d’une poussée unitaire de 795kg. Ce propulseur était destiné à terme à une production sous licence par WSK, une filière motoriste de PZL. En terme d’armement, l’avion emportait dans le nez un canon NS-23 de calibre 23mm, une arme assez répandue à cette époque en Europe orientale. En outre une charge externe de 250kg, comprenant des bombes et roquettes, était emportée.
Le prototype de l’avion réalisa son vol inaugural le 5 février 1960. La Pologne venait d’entrer de pleins pieds dans l’ère de l’avion à réaction.
Rapidement l’avion fut commandé en série par la force aérienne polonaise. PZL lui attribua le nom de baptême d’Iskra, ce qui se traduit par « étincelle ». Les premiers Iskra de série arrivèrent en unité début 1963 avec le réacteur Viper Mk-8, redésigné HO-10 par WSK qui le construisait sous licence.
A la même époque, le motoriste travaillait sur un nouveau propulseur plus puissant, et cette fois-ci réellement de conception nationale, le SO-1 d’une poussée de 999kg. Plusieurs dizaines de TS-11 furent construits avec ce réacteur avant que WSK ne le modernise donnant ainsi naissance à sa version finale le SO-3W d’une poussée de 1 100kg. Entre temps une dizaine de sous versions du TS-11 avaient été produite sous diverses appellations.
Au cours des années 60, le PZL TS-11 devînt le principal avion de formation avancée des jeunes pilotes polonais. Ceux-ci se préparaient ainsi à voler ultérieurement sur MiG-19 Farmer et MiG-21 Fishbed.
A la même époque, l’avion fut opposé à l’Aero L-29 Delfin construit en Tchécoslovaquie dans un marché visant à fournir à l’ensemble des états placés sous le joug soviétique un nouvel avion d’entraînement à réaction. Même si les deux avions étaient assez similaires, ce fût celui ce dernier qui l’emporta. Rétrospectivement, il semble que le choix de l’avion d’Aero fut plus politique que réellement technique.
En 1975, enfin l’avionneur polonais réussit à vendre son jet à un client étranger, en l’espèce l’Indian Air Force (IAF), qui fit l’acquisition de cinquante appareils de série pour la formation de ses futurs pilotes destinés à voler sur avions d’origine soviétique, et notamment sur MiG-23 Flogger. Au cours des années 80 les Indiens modernisèrent leurs Iskra les rendant apte à former les futurs pilotes de MiG-29 et de Mirage 2000H.
Quinze ans plus tard, la même IAF acheta 26 avions de seconde main auprès de la force aérienne polonaise. Ces avions étaient destinés à des missions d’entraînement mais aussi de reconnaissance tactique diurne. Dans ce dernier cas quelques TS-11 emportaient trois caméras dans le nez en lieu et place du canon interne.
Au cours de l’été 2011, la force aérienne polonaise annonça son intention de retirer du service ses 80 derniers Iskra. Certains avaient déjà commencé à céder la place au Turbo Orlik, un appareil lui aussi de construction polonaise. Toutefois la Pologne n’avait pas annoncé par quel avion elle comptait remplacer ses TS-11. Toujours est-il que l’appareil en question devait pouvoir préparer les pilotes à voler ensuite sur Lockheed-Martin F-16C/D.
De son côté, l’Inde tourna la page du TS-11 dès 2008 et l’acquisition de British Aerospace Hawk bien plus modernes.
Tout premier avion à réaction de construction polonaise, le PZL TS-11 Iskra fut construit au total à 424 exemplaires. Plusieurs volent encore actuellement sous diverses immatriculations civiles américaines.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.