La seconde moitié des années 1930 vit revenir dans l’industrie aéronautique une architecture héritée de la Première Guerre mondiale : les avions multimoteurs bipoutres à ailes basses. Celle-ci fut très vite adoptée de nouveau par de nombreux avionneurs aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. On y retrouva aussi bien des chasseurs comme le Lockheed P-38 Lightning américain autant que des hydravions de patrouille tel le Blohm und Voss Bv 138. Même des nations mineures de l’aviation s’y essayèrent à l’image de la Tchécoslovaquie et de son avion de reconnaissance Praga E-51 demeuré malheureusement à l’été de prototype.
C’est en 1936 que le ministère tchécoslovaque de la défense fit savoir qu’il recherchait un nouveau bombardier léger de reconnaissance. Il s’agissait pour la force aérienne tchécoslovaque de remplacer les biplans Aero A.100 et A.101 alors en dotation et déjà en voie d’obsolescence. L’idée des généraux était d’obtenir un avion aux derniers standards européens, ceux en vigueur en France et en Grande Bretagne. Le futur appareil devait être bimoteur et posséder un rayon d’action compris entre 1100 et 1300 kilomètres. Deux avionneurs furent alors mis en concurrences : Avia et Praga. Chacun proposait un avion très différent l’un de l’autre.
L’Avia B-158 et le Praga E-51 furent donc mis en concurrence.
Extérieurement le second d’entre eux se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse et empennage double dérive. Il était assemblé en métal et possédait un train d’atterrissage classique fixe caréné. Sa motorisation était articulée autour de deux Walter Sagitta I-MR à douze cylindres en V d’une puissance unitaire de 550 chevaux entraînant une hélice tripale en métal. Le poste de pilotage était prévu pour un équipage de trois hommes qui servaient notamment l’armement défensif composé de deux mitrailleuses Vz 30 de facture locale de calibre 7.9 millimètres. Une était montée sur affût mobile en poste arrière et l’autre en position de chasse. L’observateur assurait aussi la fonction d’officier de bombardement, l’E-51 pouvant emporter 500 kilogrammes de bombes sous la forme de dix munitions de 50 kilos chacune ou vingt de 25 kilogrammes.
Le prototype du Praga E-51 vola pour la première fois le 26 mai 1938 soit un mois et demi après celui de l’Avia B-158. Pourtant rapidement c’est vers le bipoutre que les généraux tchécoslovaques s’orientèrent. L’avion était plus innovant que celui d’Avia et finalement en février 1939 l’E-51 fut déclaré vainqueur. Une commande de 120 exemplaires fut passée par la force aérienne tchécoslovaque. Dès lors les essais s’orientèrent sur le futur emploi de l’avion par les militaires. Et très vite ils se rendirent compte que malgré des aspects extrêmement modernes l’E-51 conservait des traits anciens. Son train d’atterrissage fixe caréné engendrait une trainée très importante, réduisant considérablement son rayon d’action. Au lieu des 1250 kilomètres annoncés à l’origine les essais démontrèrent que l’avion ne pouvait pas dépasser les 1100 kilomètres à pleine charge, à la vitesse de croisière de 325 kilomètres heures.
Le temps que la phase d’essais soit terminée et la Tchécoslovaquie tomba entre les mains de l’Allemagne nazie. Le programme d’acquisition du Praga E-51 fut immédiatement annulé et le prototype placé sous scellé par les autorités d’occupation. La Luftwaffe le teste brièvement en novembre décembre 1939 sans toutefois pousser plus loin les essais. Il s’avéra que cet avion n’était pas aussi moderne prévu, ses ennuis de traînée le suivant encore et encore. Le prototype fut remisé et finalement envoyé à la ferraille à la mi-1940.
Présentant de fortes ressemblances avec le Fokker G.I le Praga E-51 possède un autre point commun avec l’avionneur néerlandais. Le Fokker D.XXIII, également bimoteur bipoutre, possédait des moteurs Walter Sagitta I-SR très proches des Walter Sagitta I-MR du E-51. Et comme l’avion tchécoslovaque il ne dépassa pas le stade expérimental. Quoiqu’il en soit l’E-51 fut un des avions les plus modernes jamais conçus par Praga.
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