Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata l’Armée de l’Air était une des forces aériennes les plus craintes au monde. Paradoxalement c’était aussi une des plus mal préparées à ce qui l’attendait : affronter l’ultramoderne Luftwaffe. À la différence de l’aviation hitlérienne elle alignait encore de nombreux aéronefs totalement dépassés, conçus plus de dix ans auparavant et incapable d’assurer leurs missions dans un ciel saturé de chasseurs modernes. L’un des exemples les plus frappants fut le monoplan d’observation et de reconnaissance à vue Potez 39.
Quand en 1929 l’avionneur Potez se lança dans le développement de deux avions d’observation et de reconnaissance différents pour les besoins de l’Aéronautique Militaire la procédure ne surprit personne. En fait ce sont deux bureaux d’études différents du même constructeur qui travaillaient sur le même programme. Ainsi naquirent les Potez 37 et Potez 39, deux modèles de monoplan à aile haute. Alors que le premier semblait très novateur le second était lui beaucoup plus classique.
Assez rapidement l’état-major trouva le Potez 37 trop innovant et se tourna vers le Potez 39 qui les rassurait par son classicisme. Déjà plusieurs généraux de l’Aéronautique Militaire s’étonnaient de cette configuration monoplan parasol haubanée. Ils auraient préféré un biplan à la manière du Potez 25 qui était alors la référence française. Pour autant l’avionneur commanda la construction d’un prototype de chaque avion. Mais rien n’y fit le Potez 37 demeura sans suite tandis que le Potez 39 qui avait volé pour la première fois en janvier 1930. Une commande officielle fut passée l’année suivante pour cent avions de série sous la désignation Potez 390.
Extérieurement le Potez 39 se présentait donc sous la forme d’un monoplan à voilure haute type parasol dotée de haubans. L’avion était de construction métallique et possédait un moteur à douze cylindres en V de type Hispano-Suiza 12Hb d’une puissance de 580 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal. L’avion possédait un train d’atterrissage classique fixe se terminant par une roulette de queue. Niveau armement il disposait d’une mitrailleuse Darne de calibre 7.5mm tirant en position de chasse et de deux Lewis de 7.7mm montées sur affût annulaire arrière. Une charge de bombe de 120kg était emportée sous voilure et fuselage.
Les premiers des cent Potez 390 entrèrent en service en janvier 1934. Mais déjà l’année précédente l’Aéronautique Militaire avait passé commande pour cent trente-deux avions d’une version améliorée désigné Potez 391 et dotée notamment d’un train d’atterrissage renforcé et doté de carénages en métal. La charge de bombe fut portée à 150 kilos tandis qu’un appareil photo prenait place dans un conteneur à l’arrière de l’avion. Enfin les Potez 391 disposait d’un moteur Lorraine 12Hdr de 520 chevaux légèrement moins puissant mais réputé plus sûr.
Dans la foulée l’avionneur lança l’étude du Potez 39/10, une pure version de reconnaissance photo demeurée malheureusement à l’état de prototype.
Les deux cent trente-deux Potez 39 livrés à l’Aéronautique Militaire puis à l’Armée de l’Air étaient encore globalement en service quand l’Allemagne envahit la Pologne. Et ces avions furent donc parmi les premiers aéronefs d’armes à affronter la Luftwaffe, sans aucun succès. Lors de l’offensive de la Sarre en septembre-octobre 1939 les Potez 390 et 391 assurent des missions d’observation et même d’appui aérien rapproché. Face à la chasse allemande pourtant ces avions d’un autre âge conçus dix ans plus tôt font pale figure. Sur trente appareils alignés dans les opérations du 7 au 11 septembre 1939 vingt-six furent descendus par les Messerschmitt Bf 109 et la Flak, la fameuse DCA allemande.
Une fois cette calamiteuse offensive française terminée commença la Drôle de Guerre. Et là les Potez 39 furent engagés pour survoler les lignes allemandes sans jamais pour autant les violer. L’état-major de l’Armée de l’Air connaissait les limites de son avion d’observation. Pour les missions les plus délicates il lui préférait l’ANF Les Mureaux 115, jugé plus sûr. Pourtant quand Hitler décida au printemps 1940 d’attaquer l’Europe occidentale les Potez 390 et 391 se retrouvèrent obligés de combattre. Et beaucoup furent abattus, entraînant leurs équipages vers une mort certaine. Quand l’Armistice fut signé entre Berlin et Paris les derniers Potez 39 furent envoyés à la casse, la Luftwaffe refusant de les tester. Elle les savait inférieurs à ses avions.
À l’étranger le Pérou utilisa entre 1935 et 1946 un lot de douze Potez 391 qu’il utilisa pour de la reconnaissance armée et de l’attaque légère. Ce fut le seul client à l’export de ce monoplan.
Typique des constructions françaises du début des années 1930 le Potez 39 n’était pas à proprement parler un mauvais avion. Il était juste totalement dépassé en septembre 1939 face à une Luftwaffe aussi bien équipée. De nos jours il n’en reste plus rien.
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