Plage & Laskiewicz R.XIII

Durant les années d’entre-deux-guerres l’industrie aéronautique polonaise se lança tous azimuts dans différents programmes à caractères militaires. L’idée était alors pour elle de rattraper son retard sur ses homologues britanniques et françaises. Évidemment cela n’eut jamais lieu. Pourtant quelques modèles d’aéronefs réussirent en Pologne à sortir du lot, grâce à des travaux d’ingénierie assez poussés. L’un des exemples les plus représentatifs fut le monoplan de reconnaissance et de soutien opérationnel Plage & Laskiewicz R.XIII.

À la fin des années 1920 la force aérienne polonaise annonça vouloir moderniser sa flotte d’avions de reconnaissance et d’observation, héritée de la Première Guerre mondiale.
Elle lança un cahier des charges relatif à un avion de ce genre ayant également des capacités secondaires d’entraînement intermédiaire et avancé et de liaisons. Surtout le nouvel appareil devait être de conception et de facture 100% polonaise.
Trois constructeurs y répondirent : Plage & Laskiewicz, PWS, et PZL. Cependant devant la difficulté de trouver un moteur polonais efficace le cahier des charges fut allégé. Les constructeurs pouvaient s’adresser à trois pays étrangers : la France, le Royaume-Uni, et la Tchécoslovaquie.

Les trois avions alors en compétition étaient le Plage & Laskiewicz R.XIV, le PWS-11, et le PZL L-2. Le deuxième d’entre eux fut rapidement rejeté car il s’apparentait trop à un simple avion d’entraînement et non à une machine polyvalente. Si le PZL L-2 était un avion original le Plage & Laskiewicz R.XIV dérivait lui du R.X de liaisons demeuré à l’état expérimental.
Un prototype de chaque avion fut commandé.

Extérieurement le Plage & Laskiewicz R.XIV se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute disposant de haubans. L’avion reprenait les avantages d’une aile parasol sans en être doté. Sa voilure était plus robuste. En outre le R.XIV disposait d’une structure en tubes d’aciers recouverts de toiles et de contreplaqué. Il possédait un cockpit biplace en tandem à l’air libre et un train d’atterrissage classique fixe, renforcé pour les terrains sommaires.
Sa propulsion était assurée par un Skoda G-1620 Mors à neuf cylindres en étoile d’une puissance de 285 chevaux.
C’est dans cette configuration, non armé, que le prototype réalisa son vol inaugural en juin 1930. Une première commande fut passée pour quinze machines de série qui entrèrent en service dès le début de l’année 1931.
En parallèle PZL se voyait gratifier d’une commande de vingt-huit exemplaires de son L-2.
Pourtant ni l’un ni l’autre ne gagna le concours.

Dans le même temps le bureau d’étude Lublin de Plage & Laskiewicz proposa une version légèrement simplifier du R.XIV sous la désignation de R.XIII. En juillet 1931 cinquante exemplaires furent commandés, entrant en service en février 1932 comme R.XIIIA.
Dès lors les R.XIV furent relégués à des taches secondaires comme l’entraînement intermédiaire, le remorquage de cibles volantes, ou encore la cartographie aérienne.
Des versions R.XIIIB, C, D, E, F, et G virent le jour entre 1932 et 1934 avec à chaque fois une motorisation, un armement, voire une voilure légèrement modifiée. Et chaque fois les avions furent commandés en série.

Il faut dire qu’au sein des escadrilles des forces aériennes polonaises le Plage & Laskiewicz R.XIII se taillait une réputation d’avion à tout faire : reconnaissance tactique, surveillance côtière, observation, réglage des tirs d’artillerie, liaisons, ou encore coopération terrestre. Sans compter le fait qu’il était réputé pour particulièrement pardonner les erreurs de pilotage. Le taux d’accident avait baissé significativement avec cet avion.
Plage et Laskiewicz avait même eu l’idée de produire des versions hydravions à flotteurs pour la marine polonaise.

Quand la Seconde Guerre mondiale éclata par l’invasion de la Pologne par les forces armées allemandes le Plage & Laskiewicz R.XIII était encore le principal avion de reconnaissance et d’observation en service dans ce pays. La plus part des avions disponibles fut engagée face aux armées du Troisième Reich mais beaucoup se virent balayés par les chasseurs Messerschmitt Bf 109 et Bf 110 de la Luftwaffe. Après l’armistice polonais plus de 70 R.XIII avaient été détruits par la chasse allemande et une trentaine par la Flak, la terrible DCA du régime hitlérien. Plusieurs furent saisis par les forces allemandes dont dix-sept R.XIIID qui furent fournis ensuite à la Fortele Aeriene Regale Romane. Le royaume de Roumanie étant un allié de l’Allemagne nazie il reçut plusieurs matériels militaires saisis.
Les dix-sept R.XIIID roumains volèrent entre 1939 et 1941 aux côtés de leurs IAR-37 de reconnaissance tactique.

Avec 280 exemplaires construits le Plage & Laskiewicz R.XIII fut l’un des plus prolifiques avions militaires polonais de l’entre-deux-guerres. Il marqua aussi la première véritable réussite du bureau d’étude Lublin, qui allait ensuite devenir la signature même de cet avionneur.
Aucun avion ne semble avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale.