Principal avionneur en Suisse depuis sa fondation à la fin des années 1930 Pilatus a aussi su se hisser au plus haut niveau international grâce à la fiabilité et la robustesse de ses créations. Mondialement connu pour ses avions d’entraînement intermédiaire et avancé à turbopropulsion il a aussi réussi à se diversifier dans le domaine du transport léger grâce à son très polyvalent PC-6 Porter initié d’abord sous la forme d’un avion mû par un moteur à pistons avant de passer à une version à turbopropulseur. Surfant sur le succès considérable de cette machine le constructeur a proposé dans le courant des années 1990 un élégant et très polyvalent monomoteur de transport léger qui a su intéresser les clients militaires : le PC-12 Eagle.
Dans le plus grand secret des designers et ingénieurs suisses commencèrent à travailler sur un avion d’affaire turbopropulsé dès la fin de l’année 1988. Il s’agissait pour eux notamment de ne pas laisser émerger un marché naissant sur lequel deux poids-lourds de l’aviation de tourisme s’étaient positionnés : l’Américain Piper et le Français SOCATA avec respectivement le PA-46-350 Malibu Mirage et le TBM-700. Pilatus se devait de réagir.
Et c’est un an plus tard, en octobre 1989 lors d’une convention de la NBAA (pour National Business Aviation Association, l’association nationale américaine de l’aviation d’affaire) que Pilatus dévoila l’existence de travaux autour du futur PC-12. Quelques semaines plus tard le prototype était assemblé et pouvait commencer ses essais de roulage autant que de soufflerie. Il fallut cependant attendre le 31 mai 1991 pour que son premier vol ait lieu ! Trois ans plus tard l’avion était certifié en Suisse puis aux États-Unis, sa carrière commerciale pouvait commencer.
Extérieurement le Pilatus PC-12 se présentait alors sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever de construction mixte métal et matériaux composites. Sa motorisation tournait autour d’un turbopropulseur Pratt & Whitney Canada PT6A-67B d’une puissance de 1217 chevaux entraînant une hélice Hartzell à quatre pales usinées en métal. Son cockpit biplace côte à côte disposait alors des équipements les plus modernes. Sa cabine était modulable, pouvant accueillir jusqu’à neuf passagers ou bien sur certaines versions aucun en configuration de fret léger. Le PC-12 fut baptisé Eagle tandis que la version PC-12M désignait une version militaire.
En 2006 Pilatus a développé une version rajeunie de son monomoteur désignée PC-12NG. Celui-ci se caractérise par un cockpit revu et corrigé, doté d’une avionique dernier cri avec notamment des écrans LCD. En outre l’avion est équipé de winglets et d’un nouveau turbopropulseur actionnant une hélice à cinq pales. Parfois le PC-12NG est commercialisé sous la désignation de PC-12/47.
Assez étrangement son premier client militaire ne fut pas la Suisse, son pays d’origine, mais l’Afrique du Sud. La South African Air Force fit l’acquisition en 1997 d’un unique exemplaire destiné à des missions de liaisons et de transport intérieur de hautes personnalités. L’avion, mis en œuvre par le Squadron 41, fut rejoint en 2003 par un second exemplaire saisi par les douanes sud-africaines et affecté à la SAAF.
Par la suite des exemplaires ont été pris en compte à titre militaire par la Bulgarie, la Finlande, l’Irlande, et la Suisse. Mais surtout les deux principaux clients furent l’Afghanistan (post-talibans) et l’US Air Force avec respectivement 18 et 28 exemplaires. Une partie des Pilatus PC-12NG afghans a été modifiée aux États-Unis afin de réaliser des missions d’espionnage électronique et de recueil du renseignement SIGINT. Ils volent aux côtés des Cessna C-208 également en service dans le pays.
Aux États-Unis, au sein de l’US Air Force, les Pilatus PC-12 sont connus en tant qu’U-28A Spectre. Le nom d’origine d’Eagle n’a pas été conservé afin d’éviter la confusion avec le chasseur biréacteur McDonnell Douglas F-15 Eagle. Ces vingt-huit avions assurent aussi bien des missions de transport au profit des forces spéciales que de reconnaissance électronique voire de brouillage des émissions ennemies.
Affectés aux opérations spéciales les Pilatus U-28A Spectre volent aussi bien sur les théâtres d’opérations les plus sensibles qu’aux États-Unis ou même en Europe. Il n’est pas rare que certains n’aient pas la moindre livrée militaire se limitant seulement à un numéro de série en lieu et place de l’immatriculation civile. Il est à signaler que plusieurs contractors (ces sociétés privées aux ordres du Pentagone) utilisent des PC-12 plus ou moins civils au profit des forces américaines. C’est ainsi que plusieurs U-28A ont été aperçu entre 2015 et 2017 en Irak lors de la guerre contre Daech.
Avion très réussi le Pilatus PC-12 a réussi le tour de force de surpasser chacun de ses concurrents. Il est également présent sur le marché parapublique au sein de services de police américains, argentins, australiens, et canadiens. De même il est utilisé en tant qu’avion d’évacuation sanitaire en Australie.
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