S’il est une fonction dans laquelle les voilures tournantes ont su totalement supplanter les voilures fixes c’est bien la recherche et le sauvetage en mer. Si on excepte l’existence actuellement d’avion comme le Dassault Falcon 50M ou encore le Lockheed-Martin HC-130J Super Hercules la majorité des missions sont remplies par des hélicoptères. Et cela date en fait du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’est à cette époque en effet que fut conçu le premier véritable hélicoptère dédié aux opérations de recherches et de sauvetage en mer : le Piasecki HRP Rescuer.
Les origines de cet hélicoptère remontent à la Seconde Guerre mondiale. En février 1944 l’US Navy fit savoir à l’ingénieur Frank Piasecki qu’elle cherchait un appareil destiné aux missions de sauvetage en mer à partir du pont de ses porte-avions. En outre le futur hélicoptère devait pouvoir assurer le transport de six fantassins équipés. En fait l’aéronavale américaine cherchait à combler les carences constatées sur le Sikorsky HNS-1.
Piasecki décida d’attribuer au futur hélicoptère la désignation constructeur de PV-3 tandis que l’US Navy lui attribua celle de XHRP. L’ingénieur new-yorkais eut l’idée de développer sa machine sous la forme assez inattendue et pour le moins révolutionnaire d’un birotor en tandem. Pour le reste de manière très classique à l’époque il prenait la forme d’un entrelacs de tubes en acier à l’intérieur duquel prenaient place le pilote mais aussi les passagers.
Surtout il pensa à installer sur son PV-3 un treuil mécanique, similaire à ceux qui équipaient alors les camions de l’US Army. Cette fois-ci l’équipement devait permettre la descente et la remontée d’un plongeur et d’une victime. À la différence de ce qui se faisait sur le HNS-1 le treuil du XHRP était indépendant de la motorisation de l’hélicoptère.
C’est en configuration nue, c’est à dire sans revêtement extérieur, que le Piasecki PV-3 réalisa son premier vol le 6 mars 1945. Deux semaines plus tard le prototype fut remis à l’US Navy qui l’étudia et l’essaya à son tour. Un second prototype fut commandé pour divers essais statiques. La fin des hostilités en Europe puis dans le Pacifique marqua une forme d’arrêt dans le programme sans pour autant l’annuler. Finalement il fallut attendre décembre 1945 pour qu’une commande soit passée pour vingt exemplaires connus sous la désignation HRP-1, baptisés Rescuer. Ceux-ci n’étaient pas nus mais revêtus de toile tendu et de contreplaqué.
Les premiers exemplaires du Piasecki HRP-1 Rescuer entrèrent en service en août 1947 au sein de l’US Navy. Dès le mois d’octobre deux exemplaires furent livrés au tout nouveau squadron HMX-1 de l’US Marines Corps. À la différence de ce qui existe aujourd’hui cette unité n’était pas chargée des transports présidentiels mais simplement des essais d’hélicoptères. C’est d’ailleurs sous la livrée des Marines que le HRP-1 Rescuer réalisa ses seuls vols armés, à l’aide d’une mitrailleuse mobile de calibre 7.7mm tirant au travers d’un hublot. Une tentative qui se solda par un échec, jamais l’US Navy n’adoptant cet armement. C’est aussi à cette époque que les médias américains commencèrent à parler de «flying bananas» à propos de ces étranges hélicoptères. Un sobriquet qui allait suivre tous les hélicoptères birotors en tandem jusqu’aux actuels Boeing-Vertol CH-47 Chinook.
Et rapidement les bananes volantes allaient se tailler une réputation de sauveteurs hors du commun. À tel point même que l’US Navy décida d’acheter un second lot d’hélicoptères, sous la désignation HRP-2 et dotés d’un revêtement extérieur en métal. Au sein de l’aéronavale américaine ces birotors assuraient aussi bien la sécurité à bord des porte-avions que des missions terrestres, notamment de liaisons et d’assaut.
Mais début 1948 l’US Navy céda trois de ses Rescuer à l’US Coast Guard qui leur attribua la désignation de Piasecki HRP-1G. Les deux premiers furent affectés à CGAS Elizabeth City sur la côte est tandis que le troisième rejoignait CGAS San Diego en Californie. Et dans cette dernière base jamais le birotor en tandem ne sembla impressionner les coasties. Il en fut autrement sur la côte Atlantique où ces hélicoptères sauvèrent à eux deux 51 vies humaines au cour de leur première année de service opérationnelle.
Finalement la garde-côtière américaine se sépara de ses trois Piasecki HRP-1G dans le courant de l’année 1952, au profit du Sikorsky HO4S-2G jugé (à juste titre) bien plus moderne et polyvalent. Il en fut de même cette année là de l’US Navy. Cinq de ses HRP-1 et deux de ses HRP-2 furent alors livrés au squadron HMX-1 afin de renforcer les moyens du corps des Marines. Ceux-ci volèrent sous ces couleurs jusqu’en 1954.
Jamais exporté le Piasecki HRP Rescuer permit malgré de récurrentes carences en matière de flexibilité aux Américains de défricher le domaine de vol des hélicoptères militaires de recherches et sauvetages en mer. Cet appareil servit de base à un appareil bien plus réussi : le HUP Retriever.
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