Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale la plus part des pays européens tentèrent de rattraper leur retard technologique sur le Royaume-Uni. Si certains comme la Belgique ou l’Espagne n’y arrivèrent finalement pas d’autres en revanche purent relever le défi efficacement à l’image de la France et de l’Italie. Ce dernier pays avait accumulé pas mal d’erreurs et de bourdes du temps du régime fasciste mais une fois la paix revenue les avionneurs purent de nouveau travailler avec les autres pays européens. Et l’une des premières vraies réussites d’après-guerre fut un petit biplace d’entraînement de base destiné aussi bien aux marchés civils que militaires : le Piaggio P.148.
C’est au début de l’année 1950 que sur fonds propres l’avionneur italien Piaggio se lança dans l’étude et le développement d’un avion destiné à la formation de base des pilotes civils et militaires. À cette époque l’Aeronautica Militare utilisait encore massivement des avions datant du conflit, et surtout les biplans Caproni Ca.100 et Ca.164 dépassés tous deux.
Pour autant le ministère italien de la défense ne s’intéressait pas à un nouvel avion d’entraînement ayant acheté auprès des Pays-Bas le Fokker S-11 Instructor qui devait être localement assemblé sous licence par Macchi. Les ingénieurs de Piaggio eurent alors l’idée de donner une nouvelle dimension à leur avion en l’adaptant à la voltige aérienne.
Désigné Piaggio P.148 l’avion vit son prototype rapidement assemblé. Extérieurement cet avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever de construction entièrement métallique. Il était doté d’un poste de pilotage biplace côte à côte et d’un train d’atterrissage tricycle fixe. La propulsion du P.148 était assurée par un moteur à six cylindres à plat Avco Lycoming O-435-A d’une puissance de 190 chevaux actionnant une hélice bipale en bois et métal.
C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol le 12 février 1951.
Et de manière assez surprenante l’Aeronautica Militare changea son fusil d’épaule et décida de passer commande pour soixante-dix machines de série. Leurs pilotes d’essais avaient été frappé par les qualités de voltige du monomoteur. Les premiers Piaggio P.148 entrèrent en service dans le courant de l’automne 1951, et très vite ces avions furent utilisés pour la formation de base dans les écoles d’aviation.
Dans le même temps les vingt derniers avions construits furent livrés à plusieurs unités de chasse qui utilisèrent ces avions léger pour maintenir le niveau des pilotes en matière de voltige aérienne. Tout au long de la décennie les P.148 furent parmi les avions d’entraînement favoris des élèves autant que des instructeurs transalpins.
En 1964 pourtant l’Aeronautica Militare décida de les retirer du service. Les généraux italiens tablaient alors sur leurs nouveaux avions à réaction Aermacchi M.B.326 pour assurer l’entraînement à la voltige aérienne. Un phénomène du « tout réacteur » que l’on rencontrait alors également en France ou au Royaume-Uni avec des machines comme le Fouga CM.170 Magister ou encore le Hunting-Percival P.84 Jet Provost.
Nonobstant un changement de cap fut amorcé en 1969 après plusieurs accidents mortels sur M.B.326 et en 1970 un total de soixante-et-un avions furent ressortis des stocks. Le Piaggio P.148 revint donc en service après six ans d’absence. Et ils restèrent encore neuf ans avant d’être définitivement retirés du service en 1979 au profit du SIAI-Marchetti SF-260 bien plus modernes.
Cinq ans après leur retrait définitif du service le gouvernement italien revendit huit P.148 de seconde main à la force aérienne somalienne. Elle les utilisa pour l’entraînement de base de 1985 à 1992. Leur sort final n’est pas connu, la Somalie ayant sombré dans le chaos dans les années 1990. La Somalie fut le seul client militaire à l’export de l’avion.
Quelques P.148 civils ont été immatriculés un peu partout en Europe, y compris en France et en Suisse. Au total ce sont cent avions qui ont été produits, versions civiles et militaires comprises. Le P.148 a donné naissance au célèbre P.149 plus grand.
Aujourd’hui quelques exemplaires demeurent en état de vol mais la majorité a été envoyé à la ferraille. D’autres sont préservés dans des musées, principalement en Italie.
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