Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale la Royal Air Force se retrouva avec un nombre très important d’avions d’entraînement, pour la plus part issus de la loi de prêt-bail votée par les États-Unis. Pourtant ces avions devinrent bien vite obsolètes en raison de l’apparition de nouvelles formes de motorisations sous la formes des turbopropulseurs et des turboréacteurs. Il fallait ainsi totalement revoir la doctrine des avions d’entraînement basiques, et intermédiaires, et avancés. Désormais les avions dotés de moteurs à pistons ne pouvaient pas dépassé la formation intermédiaire. Dans ce cas de figure un des avions les plus intéressants fut un gros monomoteur utilisé par la RAF mais également par d’autres forces aériennes à l’export : le Percival P-56 Provost.
Au début de l’année 1948 la profonde réforme engagée par la Royal Air Force sur sa doctrine d’emploi des avions d’entraînement eut pour conséquence l’établissement de la Specification 16/48. Celle ci était relative à un nouvel avion d’entraînement intermédiaire destiné à remplacer les North American Harvard et Percival Prentice utilisés jusque là pour ce type de mission. Ces derniers bien que très récents ne réussirent jamais à convaincre les instructeurs britanniques.
Quatre avionneurs y répondirent : Avro, Boulton-Paul, Handley Page, et Percival.
On aurait pu croire que ce dernier constructeur soit rapidement rejeté en raison de ses erreurs sur la conception du Prentice mais il n’en fut rien. En lieu et place ce sont les deux premiers qui furent stoppés. Le projet d’Avro n’était en fait qu’une version allégée de son Athena déjà rejeté quelques mois auparavant face au Balliol justement conçu par Boulton-Paul dont la proposition P-115 ne retînt pas l’attention des généraux de Sa Majesté.
Il ne restait désormais plus que le Handley Page HPR-2 et le Percival P-56. Et étonnamment les deux avions se ressemblaient beaucoup. Un prototype de chaque machine fut commandé.
Extérieurement le Percival P-56 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever de conception entièrement métallique. Il était doté d’un train d’atterrissage classique fixe et d’un poste de pilotage biplace côte à côte. Non prévu pour être armé dans la Royal Air Force l’avion pouvait pourtant disposer de points d’emport sous voilure afin de satisfaire les marchés à l’export. Sa propulsion était assurée par un moteur à neuf cylindres en étoile Alavis Leonides Mk-126 d’une puissance de 558 chevaux entraînant une hélice tripale en métal.
C’est dans cette configuration que l’avion vola pour la première fois le 24 février 1950.
Finalement le Percival P-56 remporta le marché face au Handley Page HPR-2 dans le courant de l’année 1951. Et au sein de la Royal Air Force les exemplaires de série, très similaires au prototype, reçurent la désignation de Provost T Mk-1. L’aviation britannique acheta un total de 400 machines, y compris le prototype et deux avions de présérie destinés à des vols de représentation à l’étranger au profit du constructeur.
Les premiers exemplaires de série entrèrent en service dans les écoles d’aviation de la RAF en juillet 1953.
Très rapidement le Percival Provost T Mk-1 s’avéra être non seulement un bien meilleur avion d’entraînement intermédiaire que le Prentice mais aussi, chose plus surprenante, un excellent avion de formation initiale. À tel point même qu’il commença à faire de l’ombre au De Havilland Canada Chipmunk T Mk-10, alors le principal avion basique de la RAF. Les instructeurs et les élèves louaient les très bonnes qualités de vol de l’avion et surtout sa facilité à atterrir par à peu près tous les temps, et sur quasiment tous les types de terrains !
Dans le même temps l’avionneur Hunting-Percival, la raison sociale de Percival depuis 1954, chercha des débouchés à l’avion pour trois versions différentes : Provost Mk-51 d’entraînement non armé, Provost Mk-52 d’entraînement armé, et Provost Mk-53 d’attaque légère et de reconnaissance. Cette dernière version avait la particularité de ne plus posséder de doubles commandes tout en conservant son architecture de biplace côte à côte.
En fait les versions d’entraînement attirèrent trois clients : l’Irlande acheta quatre Provost T Mk-51 tandis qu’Oman et la Rhodésie firent l’acquisition de respectivement de neuf et seize Provost T Mk-52. La version d’attaque au sol et de reconnaissance, elle, fut achetée par la Birmanie, l’Irak, l’Irlande, et le Soudan. Ces contrats concernèrent respectivement quarante, quinze, sept, et treize avions. Ce dernier avait la possibilité d’emporter deux mitrailleuses de calibre 7.62mm en nacelles de voilures et jusqu’à 450kg de bombes et de roquettes en paniers. Les Provost d’entraînement armé étaient limités à 250kg de charges externes.
Seuls la Birmanie, la Rhodésie, et le Soudan semblent avoir employés leurs machines aux combats, principalement pour des missions contre des forces de guérillas.
Le Provost T Mk-1 demeura le principal avion d’entraînement intermédiaire de la Royal Air Force entre 1953 et 1960. Cette année-là ils furent remplacés dans ce rôle par les jets Hunting Percival Jet Provost, devenant alors des avions de formation initiale et ce jusqu’à là encore leur remplacement, en 1971. Leur ultime successeur fut le petit Beagle Bulldog, un avion nettement plus moderne. Ainsi se terminait la carrière militaire britannique d’un avion atypique.
À l’étranger des Provost militaires ont volés encore une dizaine d’années. C’est en 1985 que le dernier avion ex-rhodésien a été mis à la retraite par le Zimbabwe.
Pourtant aujourd’hui quelques Percival P-56 Provost, principalement d’anciens exemplaires de la Royal Air Force, font la joie de propriétaires chanceux. Ils les présentent fréquemment lors de meetings aériens en Amérique du nord et en Europe occidentale. Une trentaine d’exemplaires est par ailleurs préservée dans divers musées aéronautiques dans le monde.
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