Parnall Plover

La naissance de l’aéronavale britannique dès la deuxième moitié de la Première Guerre mondiale ne se fit pas sans encombre. Malgré une doctrine d’emploi finalement bien assise sur ses bases ce sont bien les avionneurs de l’époque qui eurent du mal à cerner les besoins des marins de Sa Majesté. C’est ainsi que plusieurs avions et hydravions furent conçus pour la jeune Fleet Air Arm sans souvent beaucoup d’entrain industriel. De cette manière des appareils apparurent sans forcément être au niveau des cahiers des charges et eurent des carrières opérationnelles très courtes. Sur ce dernier point l’avion sans doute le plus représentatif fut le chasseur Parnall Plover construit en petite série et ayant opéré à peine plus d’un an.

La relative inefficacité du biplan Gloster Nightjar poussa la Royal Navy à réclamer un nouveau chasseur embarqué capable également d’être transformé dans des délais très brefs en hydravion de chasse à flotteurs. Après avoir soumis ses volontés à l’Air Ministry elle vit apparaître la Specification 6/22 relative à ses vœux. Le cahier des charges prévoyait également que le futur avion soit doté d’un moteur en étoile. Il s’agissait soit d’un Armstrong Siddeley Jaguar à quatorze cylindres soit d’un Bristol Jupiter à neuf cylindres.
Seuls deux avionneurs y répondirent : Fairey et Parnall. Chacun se vit gratifier de la commande de deux prototypes, l’un préfigurant la version embarquée et l’autre l’hydravion.

George Parnall demanda à son ingénieur-chef Harold Bolas de plancher sur le dossier. L’avion proposé pris la forme du Plover, un biplan de conception très académique. Monoplace à l’air libre de construction mixte en bois entoilé et contreplaqué il disposait d’un train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin de queue. Les deux flotteurs amovibles étaient eux dotés d’un principe d’étanchéité grâce à l’emploi du caoutchouc. Sa motorisation tournait autour d’un Bristol Jupiter Mk-III de 440 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. ce moteur en étoile était partiellement caréné et possédait une casserole d’hélice afin d’augmenter l’aérodynamisme de l’avion. Comme souvent à cette époque l’armement se résumait à deux mitrailleuses synchronisées Vickers de calibre 7.7 millimètres.
C’est la version embarquée qui vola en premier, en juillet 1922.

Plutôt facile d’emploi et assez agréable à piloter six exemplaires furent commandés immédiatement sous la désignation de Parnall Plover Mk-I. En parallèle le prototype de l’hydravion de chasse vola et ne répondit pas du tout aux attentes des marins britanniques. Il était instable lors des phases de déjaugeage et difficile à faire breaker. La Royal Navy demanda à Parnall de revoir sa conception.
Dans le même temps les six premiers avions entrèrent en service au sein du 403rd Fleet Fighter Flights dès janvier 1923. Une commande fut annoncée pour trente exemplaires supplémentaires. Les deux hydravions furent quant à eux pris en charge par le 404th Fleet Fighter Flights. Définitivement le Plover n’était pas un hydravion de chasse.

Malheureusement pour lui le concurrent du Parnall Plover était légèrement plus facile à prendre en main. Ce Fairey Flycatcher réussit même à faire annuler la commande des trente Plover à son profit. De ce fait il le remplaça dès févier 1924 alors même que le chasseur de Parnall n’était en service que depuis cinquante-cinq semaines.
Il n’eut même pas le temps d’être embarqué et réalisa toute sa courte carrière comme chasseur terrestre pour le compte de la Royal Navy. Les six chasseurs furent envoyés à la ferraille, ainsi que les deux hydravions.

On aurait pu croire que l’aventure du Parnall Plover s’arrêterait là. Il n’en fut rien puisque l’avionneur prépara en 1928 un exemplaire démilitarisé afin de le présenter à la prestigieuse King’s Cup. Sous l’immatriculation civile G-EBON il devait affronter lors de ces courses d’autres avions mais malheureusement s’écrasa à l’atterrissage en janvier 1929, tuant son pilote sur le coup. Cette année-là c’est le Gloster Grebe Mk-II qui remporta la course.

Chasseur relativement méconnu le Parnall Plover est symbolique d’une époque durant laquelle les avionneurs privilégiaient les performances au détriment de l’armement. Ce dernier était strictement identique à celui des avions de la Première Guerre mondiale alors que les avions étaient devenus plus manœuvrables et rapides que durant le conflit.
Il ne reste plus rien de lui de nos jours.