La Royal Navy marqua l’histoire navale à bien des égards jusqu’au vingtième siècle inclus. C’est ainsi que durant la Première Guerre mondiale elle créa la surprise en développant les premiers navires de guerre destinés à la mise en œuvre d’avions depuis un pont d’envol. Les porte-avions étaient nés. Rapidement elle dut trouver des appareils destinés à servir dessus sans pour autant adapter des machines terrestres. C’est ainsi que son premier véritable avion de reconnaissance fut le biplan biplace en tandem Parnall Panther.
C’est le Royal Naval Air Service qui dès le début de la fin de l’année 1916 mit en œuvre les premiers avions embarqués. La Fleet Air Arm n’existait pas encore et la navalisation en était à ses débuts. Les premiers avions de reconnaissance déployés à bord des porte-avions HMS Argus, HMS Furious, HMS Hermes, et HMS Vindicte étaient alors des Sopwith 1 1/2 Strutter sur lesquels une crosse d’appontage avait été la va-vite rajoutée.
Afin de trouver un véritable avion dédié spécifiquement à cette mission l’Amirauté émit en février 1917 la Specification N.2A relative à un biplan biplace en tandem adapté à l’emploi depuis un porte-avions.
Plusieurs avionneurs se mirent alors sur les rangs avec des projets très différents les uns des autres : Fairey avec son N.9, Parnall avec son Panther, Port Victoria avec son Grain Griffin, Sage et son Type 4a, ou encore Short et le N.2B. Ce dernier ainsi que le N.9 furent très rapidement écartés car inappropriés à la recherche des marins britanniques. Le Sage Type 4a fut lui aussi rapidement rejeté pour des considérations purement aérodynamiques.
Il ne restait donc plus en compétition que les Parnall Panther et Port Victoria Grain Griffin.
Le premier étant globalement plus simple d’emploi que son concurrent il fut déclaré vainqueur de la compétition et commandé à hauteur de trois cents exemplaires. Pour autant trente Grain Griffin furent acquis comme biplans d’entraînement à l’appontage.
À la fin de l’année 1917 le prototype du Parnall Panther avait volé et n’avait pas montré de gros défauts aux pilotes d’essais. Pourtant en coulisses les choses allaient mal. Le fondateur de l’entreprise George Parnall, un ingénieur en menuiserie, s’était associé avec un homme d’affaires nommé Walter Avery. Celui-ci se présentait comme un spécialiste de l’aéronautique. En réalité ses compétences étaient très limitées. Au lieu d’aider Parnall à agrandir son entreprise il passa un accord avec l’avionneur Bristol, moyennant une grosse commission au passage. Ce constructeur allait réaliser l’assemblage de deux cent quatre-vingts des trois cents avions acquis par le Royal Naval Air Service.
En septembre 1918 la jeune Fleet Air Arm était prête à accueillir les vingt premiers avions, ceux justement produits par Parnall. Malheureusement un différend avec Bristol les bloqua en usines et un juge trancha en la défaveur de Parnall. Il devait patienter jusqu’au 1er janvier suivant pour livrer ses premiers avions à l’aéronavale britannique. N’oublions pas que le Royaume Uni était alors encore en guerre contre l’Allemagne et l’empire austro-hongrois. De ce fait quand les premiers Panther arrivèrent en unité la Première Guerre mondiale était terminée depuis un mois et demi.
La commande faillit bien être annulée.
La Royal Navy ayant un réel besoin en avion de reconnaissance tactique embarqué elle plaida en faveur du Parnall Panther. Finalement au lieu de trois cents exemplaires ce serait moitié moins qui allait devoir être produits. Bristol ne pourrait donc en produire que cent trente et non deux cent quatre-vingts.
Lors de leur entrée en service en janvier 1919 les Parnall Panther Mk-I furent accueillis avec beaucoup d’espoir. Ces avions avaient été spécialement conçu pour les porte-avions et ça se voyait. Fini les appontages hésitants désormais les équipages de reconnaissance accrochaient la perche dès le premier passage. Pour le reste ce biplan était conforme aux normes de l’époque.
Extérieurement le Parnall Panther se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure égale construit en bois entoilé et contreplaqué. L’une des vraies réussites de l’avionneur était son système de repliage à mi-fuselage permettant un entreprosage facilité à bord des étroits hangars des premiers porte-avions britannique. Sa motorisation était assurée par un moteur rotatif à neuf cylindres en étoile Bentley BR2 d’une puissance de 230 chevaux. Celui-ci animait notamment le fameux chasseur Sopwith 7F.1 Snipe. Les deux membres d’équipage prenaient place dans un poste biplace en tandem à l’air libre, pilote devant et observateur derrière. L’armement de l’avion était composé d’une unique mitrailleuse Lewis de calibre 7.7 millimètres dans le poste de l’observateur.
Lors de leur entrée en service les avions produits par Bristol furent nommés Parnall Panther Mk-II. Outre ceux-ci l’avionneur produisit deux avions supplémentaires en 1920 pour les besoins de l’US Navy. Expédiés aux États-Unis ils furent testés durant quatorze mois avant de finir leur carrière comme avions de liaisons, une fois la mitrailleuse défensive déposée.
Dans l’aéronavale britannique les Parnall Panther permirent de défricher le domaine de vol de la reconnaissance tactique… en temps de paix. Autant dire qu’ils ne combattirent jamais.
Les Panther restèrent en service dans la Royal Navy jusqu’en 1926 étant finalement remplacé par le Fairey Type IIID bien plus moderne.
À l’automne 1921 le capitaine de la Royal Navy William Forbes-Sempill fut envoyé au Japon à la tête d’une équipe de trente conseillers techniques britanniques. Il avait pour mission d’aider la marine impériale à se doter d’une véritable aviation embarquée. Il en profita pour promouvoir les aéronefs produits en Grande Bretagne. C’est ainsi que douze Parnall Panther furent commandés et livrés entre Noël 1921 et l’été 1922, en même temps qu’était signé le contrat de développement des Gloster Sparrohawk développés spécialement pour le Japon à partir du Gloster Mars. Là encore les Panther eurent une carrière assez courte puisque dès 1925 ils laissaient la place à des Mitsubishi 2MR4 considérés comme bien plus modernes.
Entre une industrialisation chaotique et une carrière pour le moins éphémère le Parnall Panther aurait pu rapidement retomber dans l’oubli s’il n’avait pas été le tout premier avion embarqué conçu spécifiquement pour la reconnaissance tactique. Il ne reste de nos jours plus rien de cet étonnant avion n’ayant finalement jamais connu le feu.
Pour la petite histoire le patronyme Panther a plus tard été repris notamment par le chasseur embarqué américain Grumman F9F Panther et par l’hélicoptère polyvalent franco-allemand Eurocopter AS.565 Panther.
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