Les années d’entre-deux-guerres, et surtout les années 1930, furent en Europe celles de l’aviation de loisirs et de plaisirs. L’industrie aéronautique britannique accoucha ainsi de nombreuses machines aux designs souvent épurés qui oscillaient entre l’aviation de tourisme et celle d’affaires. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata à la fin de cette même décennie certains d’entre eux se découvrirent une seconde vocation dans les missions de liaisons et de communication. Ce fut notamment le cas du très stylé Parnall Heck.
Au début des années 1930 les grands monomoteurs de tourisme et de voyage outre-Manche s’appelaient Airspeed Courier, British Aircraft Eagle, De Havilland D.H.83 Fox Moth et D.H.87 Hornet Moth, Desoutter Mk.II, Miles M.11 Whitney Straight et M.17 Monarch, Spartan Three Seater, et surtout Percival Gull. Ce dernier était devenu un genre de mètre étalon des avions de ce type. Aussi quand la société Parnall tenta de se lancer sur le marché c’est cet avion ainsi que ceux de Miles qu’elle chercha à concurrencer.
Pour autant Parnall était jusque là plutôt connu pour ses réalisations dans le domaine militaire, et en premier lieu son biplan Panther construit en grande série pour la Royal Navy. L’avionneur devait donc se faire un nom en aviation civile. Il devait frapper fort. Il allait frapper fort. C’est l’ingénieur en chef Basil B. Henderson qui s’y colla. Il demanda aux designers de s’atteler à un avion à l’esthétique audacieuse. Henderson pensa d’abord équiper son avion du même moteur Napier Javelin à six cylindres en ligne que le Gull mais il se ravisa car sa puissance était jugée trop faible pour les caractéristiques techniques qu’il recherchait. Il jeta finalement son dévolu sur un très classique De Havilland Gipsy Six de même architecture développant 200 chevaux.
Baptisé Heck ce nouvel avion semblait avoir été dessiné comme on taille à serpe. Son fuselage était élancé, son aile basse cantilever ajoutait encore à l’impression de vitesse, autant que son empennage de petite taille. Les roues de son train d’atterrissage classique fixe avaient été carénées. Le pilote était seul à l’avant et les deux passagers placés côte à côte derrière lui. La structure de l’avion se composait de bois entoilé et de contreplaqué lui offrant une masse à vide de 794 kilogrammes. C’était très peu. C’est sous l’immatriculation britannique G-ACTC que le prototype vola pour la première fois le 10 juillet 1934.
Malheureusement pour lui le Parnall Heck ne suscita pas un grand intérêt de la part des clients civils. En novembre 1936 afin de tenter de relancer la carrière de son avion rallia à bord du prototype la ville sud-africaine du Cape en six jours depuis Londres. Le coup de publicité n’eut pas l’effet escompté puisque seuls deux exemplaires furent acquis. Parnall proposa alors son monomoteur à la Royal Air Force comme machine de liaisons et de communication. C’est la version Heck IIC qui fut achetée à hauteur de quatre exemplaires de série, entrant en service actif au début de l’année 1937 sous la désignation de Parnal Heck Mk-I. Les avions en question arboraient une livrée métallique réhaussée des marquages de nationalités britanniques.
S’ils ne furent jamais affectés à une même unité les quatre Heck Mk-I de la Royal Air Force firent la joie des officiers supérieurs qui le jugeaient agréable d’emploi. Lorsqu’en septembre 1939 l’Allemagne nazie envahit la Pologne précipitant l’Europe dans la guerre les petits monomoteurs de liaison Parnall volaient encore. Ils furent renvoyés en ateliers afin de changer de livrée. Adieu le gris métallisé et bonjour le camouflage. C’est donc ainsi qu’ils allaient combattre… enfin presque. Car si les Heck Mk-I réalisèrent quelques vols vers la France durant la Drôle de Guerre ils furent surtout employés pour des missions à l’intérieur de la Grande Bretagne. Particularité notable les deux Heck civils furent réquisitionnés et désignés Heck Mk-II. L’un fut versé comme avion de soutien opérationnel à une unité d’essais en vol et le second rejoignit Londres comme avion de liaisons, exactement à l’image des quatre précédents.
Les six Parnall Heck traversèrent la Seconde Guerre mondiale sans jamais être inquiétés par la Luftwaffe. Les deux avions civils réquisitionnés furent rendus à leurs propriétaires légitimes en août 1945, quelques jours seulement après le bombardement nucléaire sur Nagasaki. Quand aux quatre avions militaires d’origine ils furent rayés des cadres de la Royal Air Force à l’été 1948. Ils avaient servi onze ans, dont l’intégralité de la Seconde Guerre mondiale.
En 1937 un Heck III fut développé. Radicalement différent, il s’agissait d’un monoplan d’entraînement initial, conçu en réponse à la Specification 1/37 de l’Air Ministry. Malgré des qualités héritées du Heck IIC celui-ci ne dépassa pas le stade du prototype. Il vola en 1939. D’ailleurs aucun avion de série ne déboucha de ce cahier des charges. Le Heck III fut ensuite utilisé par l’avionneur comme machine de soutien aux essais en vol, et ce jusqu’en 1941.
Aucun Parnall Heck n’est parvenu jusqu’à nous, et ce malgré leur très belle carrière militaire. Le prototype Heck III fut le dernier avion conçu par l’avionneur avant qu’il ne se réoriente vers la sous-traitance et la conception d’équipements d’armement.
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