À l’instar de ce qui se passait à l’ouest avec les constructeurs américains les avionneurs soviétiques ne furent jamais hégémoniques parmi les forces aériennes des pays membres du Pacte de Varsovie. Pour nombres d’entre eux des avions et hélicoptères de servitude et de soutien opérationnel purent être conçus dans les dits pays. Cela permit ainsi à des nations comme la Bulgarie, la Pologne, ou encore la Tchécoslovaquie de conserver une industrie aéronautique propre. Dans le deuxième de ces pays c’est notamment l’aviation d’entraînement qui reposa en partie sur des machines indigènes. L’une d’entre elle ne connut le succès quasiment que dans son pays d’origine, et encore pour quelques années seulement : le P.Z.L. TS-8 Bies.
Quelle déception ce fut pour la force aérienne polonaise de recevoir en juillet 1954 les premiers monomoteurs d’entraînement L.W.D Junak 3 dotés d’un train tricycle. Ces avions avaient pour rôle de préparer les futurs pilotes de chasse à évoluer sur l’avion soviétique Yakovlev Yak-23 Flora. Malheureusement le Junak 3 n’eut jamais l’efficacité du Junak 2 à train classique, les militaires polonais se rendant compte que le remplacement de train avait fragilisé l’avion.
Le ministère polonais de la défense chercha alors un remplaçant rapidement disponible à ce Junak 3. Une des options fut le Yakovlev Yak-18A soviétique, la version à train tricycle du Yak-18 Max. L’autre était de lancer le développement d’un avion polonais. C’est finalement cette option qui l’emporta.
Une commande fut officiellement passée en ce sens en octobre 1954 auprès de l’avionneur P.Z.L. afin qu’il développe un prototype. Les équipes de l’avionneur se lancèrent dans un programme assez simple appelé TS-8 Bies. Il s’agissait en fait d’un monoplan à aile basse cantilever monomoteur construit intégralement en métal. Il était animé par un moteur à sept cylindres en étoile Narkiewicz WN-3 d’une puissance de 330 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. L’avion possédait donc le fameux train tricycle escamotable, sa raison d’être. L’instructeur et l’élève prenaient place dans un poste de pilotage en tandem largement vitré.
C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol le 23 juillet 1955.
Une première commande fut passée dès le surlendemain de ce vol inaugurale. Elle concernait dix machines, quatre de présérie et six de série. C’est l’un de ces TS-8 Bies de présérie qui remporta d’ailleurs un titre mondiale sur circuit de 1000 kilomètres à la vitesse moyenne de 320.36 kilomètres heures en date du 20 mai 1957. Quelques jours plus tard la force aérienne polonaise commandait officiellement un lot de 240 avions.
Les six premiers avions de série entrèrent en service en janvier1958. Ils remplacèrent immédiatement les Junak 3.
À l’usage les militaires polonais se rendirent compte que leur avion était adapté à sa mission, bien motorisé, et très sûr lors des phases de décollages et d’atterrissages. En outre sa charge offensive de 200 kilogrammes de bombes et roquettes en paniers emportée sous voilure permettait au P.Z.L. TS-8 Bies de remplir des missions d’entraînement au tir. De l’avis général il ne lui manquait qu’une mitrailleuse pour être parfaitement adapté.
Au début des années 1960 le TS-8 Bies avait la réputation d’être un avion d’entraînement très sûr, pardonnant les fautes de pilotage. Présenté en 1961 au salon du Bourget l’avion fit l’objet d’une commande à l’export par l’Indonésie. Deux exemplaires furent acquis et utilisés… pour le remorquage de cibles volantes. Ce fut là le seul contrat étranger pour l’avion école polonais. Ils restèrent en service jusqu’à la fin des années 1960.
Dès le milieu de l’année 1962 décision fut prise de remplacer le TS-8 Bies par un avion beaucoup plus moderne : le TS-11 Iskra. Ce petit jet d’entraînement était lui aussi un pur produit P.Z.L. et permettait l’entraînement basique et intermédiaire. Il était aussi beaucoup plus gourmand en carburant que le TS-8.
Fin 1964 plus aucun Bies ne volait dans les rangs de l’aviation militaire polonaise. L’avion entama alors une seconde carrière au sein des aéroclubs polonais, mais aussi roumains, tchécoslovaques, et yougoslaves. Tous avaient été désarmés. Ces TS-8 civils volèrent pour la majorité jusqu’au milieu des années 1980, formant les pilotes de loisirs.
De nos jours au moins quatre P.Z.L. TS-8 Bies sont maintenus en état de vol par des collectionneurs chanceux, dont un aux États-Unis et un autre en Pologne. Ces avions se produisent régulièrement dans les meetings aériens de warbirds. Avec son train tricycle escamotable l’avion surprend plus d’un spectateur plus habitués aux trains classiques.
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