Dans l’histoire de l’aviation de chasse le constructeur américain Northrop tient une place à part grâce à deux de ses machines : le P-61 Black Widow de la Seconde Guerre mondiale et le F-5 Freedom Fighter des années 1960. Ces deux appareils sont véritablement entrés dans la légende aéronautique tant ils ont révolutionné la chasse, et pas uniquement américaine. Pourtant avant le P-61 le constructeur n’avait jamais vraiment été chanceux avec ses programmes de chasseurs. L’un des plus aboutis demeura pourtant sans suite, ne dépassant pas l’état expérimental : le XP-56 Black Bullet.
À l’instar de Curtiss et de Vultee l’avionneur Northrop répondit présent au cahier des charges dit R40C devant donner naissance à un intercepteur de nouvelle génération. Ce cahier des charges était piloté par l’US Army Air Corps suite aux premiers enseignements de l’invasion allemande de la Pologne en septembre 1939.
Pour y répondre Northrop développa son N-2, un avion à l’architecture assez inhabituelle pour un chasseur. Comme ses concurrents l’avion se devait de disposer d’un moteur possédant une hélice propulsive dégageant ainsi au maximum le champ de vision vers l’avant.
Jack Northrop et son équipe décidèrent que le futur chasseur, connu officiellement comme Northrop XP-56 Black Bullet, serait doté d’une voilure inspirée de celle de l’aile volante expérimentale N-1 alors également en développement. À la différence cependant de cette dernière le N-2, alias XP-56, était un monomoteur. Il était animé par un Pratt & Whitney X-1800 à vingt-quatre cylindres en H d’une puissance nominale de 2200 chevaux entraînant une hélice quadripale en métal. Le fuselage de l’avion était totalement construit en magnésium.
Finalement fin 1941 alors que l’Amérique venait d’être attaquée par le Japon à Hawaï des modifications furent apportées au programme. C’en était fini du moteur X-1800 au profit d’un Pratt & Whitney R-2800-29 Double Wasp à dix-huit cylindres en double étoile d’une puissance de 2000 chevaux entraînant une double hélice tripale contrarotative. Pour le reste le XP-56 possédait un train tricycle escamotable. Chaque avionneur ayant toutes latitudes pour l’armement de son avion ce sont deux canons-mitrailleurs de calibre 20 millimètres et quatre mitrailleuses de calibre 12.7 millimètres.
Quand le 6 septembre 1943 le prototype Northrop XP-56 Black Bullet réalisa son premier vol l’avion était, et de loin, le plus ambitieux des trois en lice. Vultee XP-54 Swoose Goose et Curtiss XP-55 Ascender semblaient moins impressionnants que lui. Tous deux avaient d’ailleurs déjà réalisé leur vol inaugural.
Ce premier vol fut d’ailleurs assez calamiteux, l’avion ne réussissant pas à dépassé les dix mètres d’altitudes et ne tenant les airs que quelques minutes seulement. Un mois plus tard, le 8 octobre 1943, l’avion fut détruit lors d’un atterrissage raté. La première cause avancée fut une explosion de pneumatique du train d’atterrissage. Finalement c’est l’instabilité naturelle du XP-56 qui était en tort.
Le second prototype se vit donc adjoindre un empennage de petite taille là où jusque là il était absent. Celui-ci ne vola pas avant le 23 mars 1944. Au final bien plus évolué que les deux autres avions en compétition le XP-56 Black Bullet se révéla pourtant être un avion d’une difficulté de pilotage extrême. En outre il était réputé extrêmement gourmand en carburant. Finalement après moins de six heures de vols à son active ce second prototype fut arrêté de vol en décembre 1945.
Les premiers avions à réaction avaient tué le programme R40C.
Pur exercice de style d’ingénierie le Northrop XP-56 Black Bullet se révéla au final être un avion aux ambitions trop élevés pour son temps. Il préfigura un autre avion demeuré sans suite, et ayant poussé le concept de l’aile volante encore plus loin : le XP-79 Flying Ram.
De nos jours le second prototype XP-56 est préservé par la Smithsonian Institut.
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