Dans l’histoire aéronautique le nom de Jack Northrop est intimement lié aux ailes volantes. L’ingénieur américain avait fait de cette formule une véritable obsession au point de vouloir proposer de tels avions pour plusieurs projets différents, allant du chasseur à l’avion de ligne. Mais ses ailes volantes les plus abouties furent celles dessinées et développées afin de fournir des bombardiers lourds. Le plus célèbre de ces avions est sans conteste possible l’extraordinaire YB-35.
Début 1941, alors que les États-Unis n’étaient pas encore entrés en guerre, mais que celle ci semblait se rapprocher de plus en plus, l’état major de l’US Army Air Corps annonça le lancement d’un programme pour un bombardier intercontinental à très long rayon d’action. Quatre constructeurs se mirent alors sur les rangs : Boeing, Consolidated, Martin, et Northrop. Si les trois premiers proposaient des projets assez classiques, le dernier se concentra sur une aile volante.
Jack Northrop lui-même supervisait les travaux, apportant souvent sa touche au projet. Cependant l’entrée en guerre des Américains en décembre 1941 suscita plusieurs changements et retards dans le programme. L’avion de Boeing fut rapidement sélectionné par les militaires mais dans un nouveau rôle, le bombardement lourd, sous la désignation B-29 Superfortress. Le projet de Martin, désigné XB-33A Super Marauder fut tout bonnement abandonné, seuls Consolidated et Northrop étaient autorisés à poursuivre leurs travaux. Les avions reçurent les désignations respectives de XB-36 et de XB-35. L’objectif était donc désormais de frapper Berlin ou Tokyo au départ même du territoire américain.
Du fait de l’abandon du Super Marauder une partie des équipes de Martin fut versé à Northrop. En contrepartie l’avionneur s’était engagé à ce qu’en cas de commande officielle par l’US Army Air Force, un total de deux cents machines furent construites par Martin sous la désignation de B-35B. Cependant c’est Northrop qui conserva la production du premier prototype et des cinq premiers avions de présérie. C’est en septembre 1943 que l’état major américain passa commande pour ce prototype et douze exemplaires de présérie.
Ce premier appareil, le XB-35, fut assemblé dans le plus grand secret. En effet l’avion suscitait un intérêt réel de la part des militaires américains tout comme son rival de Consolidated-Vultee.
Il se présentait sous la forme d’une aile volante construite intégralement en métal. La propulsion était assurée par quatre moteurs en quadruple étoile Pratt & Whitney R-4360 Wasp Major actionnant chacun une hélice à six pales. Il s’agissait de moteurs propulsifs. L’équipage de l’avion se constituait de neuf personnes. Son armement reposait sur rien moins de vingt mitrailleuses mobiles de calibre 12.7mm et sur une charge offensive d’un peu plus de vingt trois tonnes de bombes.
L’usinage de ce premier prototype fut tellement long et difficile que son premier vol ne put intervenir avant la fin du conflit. Il vola donc le 25 juin 1946. La donne stratégique avait alors considérablement changé. Berlin et Tokyo n’étaient plus des cibles, mais une nouvelle se dessinait désormais, Moscou.
De douze avions de présérie le nombre a été ramené à dix, sous la désignation YB-35. Les deux « autres » étant réservés à une version profondément améliorée, dotée de réacteurs qui donna naissance au YB-49. Ces dix avions étaient six YB-35A construits par Northrop et quatre YB-35B construits par Martin. Un des YB-35A fut rapidement transformé en EB-35A. Bien que cette désignation laisse entrevoir un avion de guerre électronique, il n’en était rien. Cet avion était en fait un banc d’essais destinés à des essais en vol de validation, notamment pour des turbopropulseurs. Il fut utilisé quelques mois par Pratt & Whitney, mais trop gourmand en carburant, il laissa finalement la place à un Douglas DC-6 civil plus adapté.
Fin 1947, l’état major américain fit son choix. Il se porta sur l’avion de Convair (nouvelle raison sociale de Consolidated-Vultee) qui devint le célèbre B-36 Peacemaker. Le programme du YB-35 fut abandonné quelques temps plus tard en 1949.
Véritable chef d’oeuvre d’architecture aéronautique et de design, le Northrop YB-35 était un avion très gourmand en carburant. Si cela a grandement joué en sa défaveur, il faut reconnaitre qu’un certain conservatisme de la part des généraux américains a également desservi cet avion. Aujourd’hui, l’US Air Force utilise une aile volante ultramoderne qui doit beaucoup au YB-35, le bombardier stratégique Northrop B-2A Spirit. Finalement le rêve de Jack Northrop a abouti.
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