La guerre froide fut certainement le conflit où la recherche du renseignement aérien fut le plus prolifique en matière de développement d’avions. La reconnaissance tactique, c’est à dire rattachée aux unités de combat et de chasse, ne fit pas exception. Aux États-Unis on se lança dans plusieurs développements d’avions très différents dont l’un des plus intéressants fut un petit biréacteur destiné exclusivement au marché de l’export : le Northrop RF-5 Tigereye.
En 1967 les ingénieurs de Northrop eurent l’idée de copier leurs homologues de chez McDonnell. En effet ces derniers avaient imaginé un avion de reconnaissance tactique dérivé du chasseur F-4 Phantom II. Le résultat, le RF-4, avait largement démontré ses capacités aussi bien dans les rangs américains qu’auprès des clients étrangers. Bien entendu chez Northrop on ne croyait pas que l’US Air Force allait s’intéresser à ce projet. Mais les clients du F-5 Freedom Fighter c’était autre chose.
Il fut alors décidé de produire un F-5A de série et d’y loger deux caméras dans le nez : une KA-56 et une K-37 de respectivement 76 et 305mm de focale. Le résultat dépassa les espérances des ingénieurs. Non seulement l’avion ne perdait pas ses deux canons de 20mm, placés suffisamment en arrière du cône de nez mais en plus il pouvait encore être armé de deux missiles d’autodéfense AIM-9 Sidewinder. Connu dans la nomenclature maison comme N-156R, le nouvel avion reçut la désignation de Northrop RF-5 pour le Pentagone. Extérieurement seul le nez biseauté et les mini-vitres des caméras trahissaient la fonction de reconnaissance de ces avions.
Les deux premiers pays à en faire l’acquisition appartenaient à l’OTAN. Il s’agissait de la Norvège et de la Turquie qui achetèrent ces avions en 1968. Clairement le Northrop RF-5A allait devoir patrouiller aux frontières du Pacte de Varsovie. La Grèce et la Thaïlande achetèrent également des Freedom Fighter de reconnaissance.
En 1970 c’est l’Espagne qui fit l’acquisition de 18 exemplaires de cet avion désignés SRF-5 par l’avionneur et AR-9 au sein du système de désignation locale. Ces avions furent, à l’instar des SF-5A, produits sous licence par Casa. S’ils ne furent jamais versés à une unité de reconnaissance spécifique, ils firent toute leur carrière aux côtés des chasseurs.
En 1978 Northrop commença à proposer une version de reconnaissance de son F-5E Tiger II. Comme celui-ci cette nouvelle version se devait de trancher radicalement. Ayant abandonnés les canons de 20mm ils n’étaient protégés que par leurs deux missiles Sidewinder. Par ailleurs ils furent dotés d’une perche de ravitaillement en vol. Leur équipement de reconnaissance était bien plus évolué que sur RF-5A. Quatre caméras les équipaient. Une KA-55, deux KS-72, et une KS-87, de respectivement 305, 152, et 76mm de focale. La KS-87 était notamment adaptée aux opérations à basse et très basse altitude. Ce nouveau RF-5E fut le premier à être officiellement baptisé. Il reçut le patronyme de Tigereye.
Les deux premiers clients de cette version furent l’Arabie Saoudite et Singapour qui mirent en œuvre ces avions pour surveiller chacun leurs espaces aériens mais aussi leurs frontière. En 1983 la Malaisie en fit de même.
Hormis les avions engagés par les pays de l’OTAN dans des missions de reconnaissance contre l’Union Soviétique les Northrop RF-5 furent assez peu utilisés au combat. L’Arabie Saoudite eut bien recours à eux lors de vols le long de la frontière irakienne en 1990/1991 mais les renseignement glanés ne permettait simplement que de confirmer les informations fournies par les États-Unis sur la progression des armées de Saddam Hussein. L’Espagne quant à elle engagea ses AR-9 dans des vols de reconnaissance au-dessus du Sahara occidentale. Ils ont aussi été utilisés dans les années 1990 et au début des années 2000 pour des vols de reconnaissance au-dessus du rocher d’Al-Hoceïma, un fort espagnol à 800 mètres des côtes marocaines dont la souveraineté est régulièrement remise en question.
Produit en plus petite quantité que le F-5, le Northrop RF-5 fut tout de même construit à hauteur de 119 exemplaires, appareils espagnols compris. En 1984 Northrop modifia trois VF-5A vénézuéliens en RVF-5A. Ce sont les seuls avions de combat transformés en avions de reconnaissance et non conçus ab-initio comme tels.
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