C’est en août 1956, que North American lança sur fond propre le développement d’un avion d’affaires à réaction destiné à un marché civil alors en pleine expansion. Dans l’esprit de ses dirigeants, il s’agissait aussi de placer leur machine dans le cadre du programme UTX (Utility Trainer Experimental, ou prototype d’avion utilitaire d’entraînement) lancé quelques semaines auparavant par l’US Air Force.
Sans véritable concurrent au sein de ce programme, le projet de North American, portant la désignation de NA-246 dans la nomenclature constructeur, fut déclaré vainqueur dès mai 1958 alors même que le prototype n’avait pas encore quitté le sol. Une commande fut passée pour 143 avions qui reçurent la désignation de T-39A. L’avionneur le baptisa Sabreliner, pour rappeler que celui-ci faisait alors appel à certaines pièces provenant du chasseur F-86 Sabre, l’un des principaux appareils de combat de l’OTAN à cette époque.
Le North American T-39A Sabreliner se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever disposant d’un train d’atterrissage tricycle escamotable et d’un empennage classique de grande dimension. Il était propulsé par deux réacteurs General Electric J85 de 1 134kgp chacun collés de part et d’autre de la carlingue à la manière de la Caravelle française. Son cockpit biplace côte à côte était alors l’un des plus modernes pour un avion de ce type. La cabine prévue pour six passagers emportait en réalité trois consoles de formation pour les futurs opérateurs embarqués sur les avions de combat biplace.
Machine également destinée aux liaisons le T-39A avait la capacité de transformer cette cabine de manière à ôter les consoles et les remplacer par six sièges. Les élèves et/ou les passagers disposaient de deux petits hublots de chaque côté. Ceux-ci avaient la particularité de ne pas être rond mais en forme de poire. Le premier T-39A réalisa son vol inaugural le 16 septembre 1958. Les livraisons commencèrent quelques semaines plus tard seulement.
Début 1960, l’US Navy qui cherchait également un avion d’instruction pour ses futurs équipages décida de passer commande pour 42 Sabreliner. A la grande différence des avions de l’USAF, ils n’avaient pas vocation à assurer des liaisons. Il s’agissait alors d’avions d’entraînement pur. Ils furent commandés avec un nouveau propulseur, le réacteur Pratt & Whitney J60 légèrement plus puissant. Elle exigea aussi que ses avions emportent un radar d’interception AN/APQ-94.
Ces avions reçurent la désignation de T3J-1, mais ne la portèrent en réalité jamais. Les Sabreliner de la Navy entrèrent en service en août 1963, soit presque un an après le réalignement des désignations d’aéronefs de l’US Navy sur l’US Air Force. Les T3J-1 étaient donc devenus des T-39D. La mission de ces avions était la formations des officiers des systèmes appelés à voler sur McDonnell F-4 Phantom, sur Grumman A-6 Intruder, et sur North American RA-5 Vigilant.
Toutefois cinq d’entre-eux servirent aussi à la calibration des radars embarqués sur les navires sous la désignation de T-39C. En même temps que l’US Navy commandait ses T3J-1, l’US Air Force acquit six appareils, désignés T-39B, similaires mais équipés du radar doppler AN/APN-131. Ils avaient pour but la formation des opérateurs copilotes de Republic F-105.
Rapidement l’US Navy se rendit compte à quel point le Sabreliner représentait une plateforme d’entraînement efficace mais également, et ce fut là son drame, un excellent avion de liaison. Les aviateurs de l’US Air Force ne tarissaient pas d’éloges sur cette machine. C’est la raison pour laquelle en 1964 elle décida d’acquérir sept avions strictement identiques aux Sabreliner Mk-40 civil et à qui furent donnés la désignation de CT-39E. Avions de liaison mais aussi de transport de personnalités, ils furent rejoints deux ans plus tard par un lot douze CT-39G.
En 1966, l’Amérique était en guerre au Vietnam, et quelques-uns de ces biréacteurs légers de liaison y furent immédiatement déployés. Trois autres CT-39G furent acquis à ce moment là, mais cette fois par l’US Marines Corps qui recherchait des avions de transport prioritaire pour relier ses bases outre-mer aux Etats-Unis. Ces trois avions ne furent jamais engagés au combat.
Alors que l’US Navy commandait ses CT-39E l’US Air Force passa commande pour trois T-39F destinés à l’entraînement des équipages d’avions de guerre électronique. Ils furent finalement livrés à une unité d’instruction en 1966 destinée à la formation des opérateurs d’armement spécialisés dans la lutte antiradar.
Durant la Guerre du Vietnam, les T-39A furent largement employés pour des missions de liaison rapide, aux côtés des Lockheed C-140 Jetstar. A cette fin, ils reçurent une livrée moins voyante, similaire à celle des avions de combat. Mais de ce fait, ils devenaient aussi des cibles de choix pour la défense anti-aérienne et la chasse ennemie. Au moins vingt de ces avions furent perdus en mission. De son côté l’US Navy perdit en Asie du Sud-Est un CT-39E.
De retour aux États-Unis les Sabreliner furent massivement employés pour leur mission initiale, à savoir l’entraînement avancé. L’US Navy fit remotoriser ses T-39D en 1980. Si l’US Air Force retira du service ses T-39A, B, et F entre 1989 et 1994, il en est tout autrement de l’US Navy. En effet la plus part des CT-39G restèrent en service jusqu’en 2003 et furent remplacés par des Cessna UC-35 Citation plus récents. Les Marines quant à eux conservèrent leurs trois avions jusqu’en 2001.
Quant aux T-39D,ils furent presque tous remplacés en 2005. Toutefois début 2013, l’US Naval Test Pilots School installée sur la base navale de Patuxtent-River disposait des quatre derniers Sabreliner militaires américains. Ces T-39D servent à la formation des futurs pilotes et ingénieurs d’essais de la Navy. Leur remplacement est annoncé pour l’horizon 2015. A cette date là, le Sabreliner aura presque soixante ans.
Outre l’US Air Force, l’US Navy, et l’US Marines Corps, des Sabreliner ont été acquis, souvent pour des missions de transport de personnalités par des pays aussi divers que l’Argentine, la Bolivie, la Croatie, l’Equateur, le Mexique, ou la Suède. Depuis le milieu des années 70, le Sabreliner est lié au nom de Rockwell, raison sociale du constructeur North American à cette époque.
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