En novembre 1918 la France était devenue avec le Royaume-Uni la nation majeure de l’industrie aéronautique. La concurrence allemande allait bientôt être réduite à néant par le traité de Versailles et des biplans et monoplans conçus dans l’Hexagone volaient désormais aux quatre coins du globe. Pour autant l’Aéronautique Militaire Française, ancêtre de notre actuelle Armée de l’Air et de l’Espace, comptait demeurer au top technologiquement et commença à recevoir quelques mois seulement après la fin des hostilités des machines de nouvelle génération. Parmi ceux-ci figure un des meilleurs chasseurs des années 1920 : le Nieuport-Delage Ni-D.29.
C’est au cours du quatrième trimestre 1917 que l’avionneur Nieuport lança le développement d’un nouveau chasseur monoplace destiné au remplacement des modèles Nie-27 et Nie-28. Le futur avion devait pouvoir servir à la fois dans les rangs français mais également dans celui des nations alliées comme la Belgique, le Royaume-Uni ou encore les États-Unis nouvellement entrés dans le conflit. Pour autant Nieuport construisant des appareils performant et capable de tenir la dragée haute à la chasse allemande ce Nie-29.
Les équipes de l’ingénieur en chef Gustave Delage travaillèrent pourtant sur ce futur avion dont le but avoué était de pouvoir abattre n’importe quel avion allemand. Dans leur collimateur se trouvait le très réussi chasseur biplan Albatros D.V, un des meilleurs appareils ennemis. Réalisant un travail d’orfèvre les ingénieurs français présentèrent leur nouvel avion à l’été 1918. Le premier vol du Nieuport Nie-29 intervint le 21 août 1918. Pourtant des défauts au niveau de sa capacité à voler haut ralentirent son développement et jamais il ne put prendre part à la Première Guerre mondiale. Malgré cela le projet fut continué.
Un second prototype fut assemblé et cette fois put atteindre les 8500 mètres d’altitude exigés durant la guerre par l’état-major. En février 1920 un premier contrat portant sur cinquante avions fut signé à Paris.
Entre temps la société Nieuport avait changé de raison sociale, devenant Nieuport-Delage. Gustave Delage était devenu alors numéro deux de l’entreprise. Par effet de ricochet le chasseur Nie-29 devint Ni-D.29. Et au printemps 1922 les premiers exemplaires de série entrèrent en service actif dans les escadrilles SPA 37, SPA 81, et SPA 91. De 1922 à 1924 l’état-major de l’Aéronautique Militaire Française signa un total de dix-huit contrats différents pour un peu plus de 250 Ni-D.29 supplémentaires.
Il est à signaler qu’à l’été 1922 les SPA 81 et SPA 91 étaient stationnées en Allemagne et que leurs avions opéraient depuis d’anciens terrains d’aviation ennemis.
À partir du second semestre 1925 le Nieuport-Delage Ni-D.29 était le principal chasseur en service dans l’aviation française. Mais en temps de paix il n’avait rien à abattre. L’avionneur décida alors de développer le Ni-D.29B, un avion d’attaque au sol et d’appui tactique capable de larguer six petites bombes incendiaires de dix kilos chacune. Malgré d’impressionnants résultats contre des tribus marocaines mal armées cet avion ne fut produit qu’à trois exemplaires. Les généraux français ne croyaient alors pas en de tels avions.
Il est à signaler qu’outre l’Aéronautique Militaire Française dix exemplaires volèrent au sein de la Marine Nationale où ils reçurent la désignation de Ni-D.32. Développés initialement pour la chasse embarquée ils ne réussirent jamais à apponter sur le porte-avions Béarn et furent finalement affecté à des missions de défense aérienne au-dessus de la Bretagne jusqu’à leur remplacement en 1923 par le très réussi Dewoitine D.1, l’un des premiers véritables chasseurs navals français.
Malgré ce total échec auprès de la Marine Nationale le Nieuport-Delage Ni-D.29 se révéla vite être un avion particulièrement apprécié des pilotes qui volaient dessus. Et forcément il attira les clients étrangers. Le premier pays à l’acquérir fut la Belgique avec une petite centaine d’exemplaires qui servirent de 1922 à 1932. Par la suite des exemplaires furent vendus à l’Argentine, l’Espagne, l’Italie, le Siam, et la Suède. Mais incontestablement c’est le Japon qui fut le plus important client de l’avion, même devant la France. Hormis huit machines construites par Nieuport-Delage et jamais entrés en service actif une licence de production pour six cents appareils.
Ceux-ci furent connus comme Nakajima Ko-4. Ils servirent dans les rangs de l’aviation nippone de 1923 à 1937, assurant notamment des missions de chasse au-dessus des territoires chinois. Dans l’aviation japonaise le Ko-4 jouissait d’une excellente réputation, ce qui explique sa longévité extraordinaire pour l’époque. Finalement il laissa la place au Nakajima Ki-27, un monoplan beaucoup plus moderne. En 1937 le Japon céda gracieusement une demi-douzaine de biplans Ko-4 à l’aviation mandchoue qui lui était inféodée.
Parmi les sous-versions du Nieuport-Delage Ni-D.29 on compte un hydravion de course construit à deux exemplaires afin de participer à la coupe Schneider. Malheureusement aucun de ces Ni-D.29SHV ne participa aux épreuves. Quelques chasseurs furent également transformés en monoplaces d’entraînement avancé en 1928 et utilisés jusqu’en 1933.
Avec près de 1900 avions construits le Ni-D.29 fut un des principaux chasseurs en Europe durant les années 1920.
Peu d’avions de chasse de l’entre-deux-guerres connurent une longévité comme celle du Nieuport-Delage Ni-D.29, notamment grâce au Nakajima Ko-4. C’est ce qui en fait un des grands avions français de cette époque. Aujourd’hui un exemplaire est préservé dans les collections nationales du Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget.
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