S’ils eurent particulièrement la côte durant la Première Guerre mondiale les biplaces de chasse tombèrent peu à peu en désuétude une fois celle-ci terminée. Ils connurent un sursaut au début de la Seconde Guerre mondiale avec des avions comme les surprenants Blackburn Roc et Boulton Paul Defiant britanniques avant enfin de s’imposer grâce aux radars embarqués des chasseurs de nuit devenus tous temps durant la guerre froide. Aujourd’hui encore des avions comme le Boeing F-15EX Eagle II, le Dassault Aviation Rafale B, ou encore le Sukhoi Su-30 Flanker-C prouvent que biplaces et avions de combat ne sont pas antonymiques. Pourtant comme dans tous domaines il y eut des échecs et l’un des plus retentissant vint du Japon des années 1930 : le Nakajima Ki-8.
En 1932 l’armée impériale nippone commença à observer ce qui se faisait aux États-Unis et en Europe en matière de chasseurs biplaces. Ses spécialistes s’intéressèrent en particulier au monoplan allemand Junkers K-47 et au biplan américain Berliner-Joyce PB-1. Ils chargèrent l’année suivante l’avionneur Nakajima d’étudier un tel avion afin de servir dans leurs rangs.
Le futur appareil reçut la désignation de Ki-8.
Baptisé Nakajima DF dans la nomenclature du constructeur cet avion n’était en fait pas désiré par celui-ci. En effet ses ingénieurs avaient subi un camouflet quelques mois plus tôt avec la marine impériale et leur biplan NAF-2 également biplace de chasse. L’échec avait été tel que l’aéronavale japonaise avait renoncé à l’option d’un tel appareil dans ses rangs.
Les ingénieurs de Nakajima ne comptaient pas revivre le même scénario avec leur DF. Ils choisirent de le réaliser sous la forme d’un monoplan à aile basse, un peu à la manière du K-47 allemand. Surtout plus le programme avançait et plus leur aéronef semblait s’inspirer du Lockheed YP-24 américain alors en cours de développement, mis à part la motorisation.
L’ingénieur en chef Shigejiro Owada et son assistant Toshio Matsuda choisirent le Nakajima Ha1 Kotobuki à neuf cylindres en étoile afin de motoriser le DF. Cette version japonaise du fameux Bristol Jupiter britannique développait 710 chevaux et entraînait une hélice bipale en bois et métal. Les cylindres étaient protégés par un capotage étudié avec l’aide du NACA américain.
Monoplan à ailes basses cantilever construit intégralement en métal le Nakajima DF possédait un fuselage monocoque et un train d’atterrissage classique fixe caréné. Le pilote et son observateur mitrailleur prenaient place dans un cockpit biplace en tandem à l’air libre. L’armement du chasseur consistait en trois mitrailleuses de calibre 7.7 millimètres, deux installées en position de chasse et tirant donc vers l’avant et la troisième sur affût mobile arrière. Cette dernière arme permettait à la fois de tirer dans l’axe de l’avion, au-dessus de lui, ou même dans certains cas en dessous. Le prototype débuta ses essais de roulage en mars 1934 avant de voler pour la première fois deux mois plus tard.
Outre ce prototype quatre avions de présérie avaient été commandés par l’aviation impériale japonaise. Désormais appelés Nakajima Ki-8 ils furent réceptionnés à partir de l’été 1934. Soumis à des tests comparatifs face à des chasseurs biplans monoplaces ils se révélèrent inférieurs à ceux-ci. Surtout l’avion était réputé lent et très difficile à piloter, peu manœuvrable. Un comble pour un chasseur de l’époque. Aussi l’armée impériale japonaise décida de ne pas pousser plus loin les développements du Ki-8 et après la livraison du quatrième appareil de présérie en mai 1935 elle mit fin au programme. Trois des quatre Ki-8 furent pourtant conservés quelques mois afin de servir d’avions remorqueurs de cibles volantes, une fois leur armement déposé. Pourtant leurs défauts les rattrapèrent bien vite et ils furent définitivement interdits de vol en février 1937. Ils furent envoyés à la ferraille quelques semaines plus tard.
De son côté l’avionneur Nakajima conserva son DF quelques temps afin de l’employer, désarmé lui aussi, comme plastron volant de soutien aux essais en vol. Il fut notamment employé lors du développement des chasseurs Ki-11, Ki-12, et Ki-27. Seul ce dernier connut la construction en série les deux autres ne dépassant pas le stade expérimental. Il fut retiré du service en novembre 1937, quelques semaines seulement après avoir permis les prises de vue aérienne du vol inaugural du bombardier Nakajima Ki-19 lui aussi demeuré sans suite. Comme les Ki-8 il finit par être détruit.
On peut vraiment dire que l’avionneur Nakajima, aussi légendaire soit-il, n’eut jamais vraiment de chance avec ses chasseurs biplaces. En effet seul son J1N Gekko fut produit en série. Pourtant le Ki-8 se révéla riche en enseignements, et c’est déjà pas mal pour un avion qui au final cumulait beaucoup trop de défauts de conception.
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