En 1945, le Japon tentait de s’opposer à l’avance alliée et à une éventuelle invasion de son territoire en multipliant les attaques-suicide. Les avions employés à cette fin étaient des appareils de combat et d’entraînement, obsolètes ou usagés, dont les performances médiocres réduisaient l’efficacité. Quant à l’engin spécifique Yokosuka MXY-7 Ohka (« Baka »), il nécessitait, pour l’acheminer vers sa cible, un avion porteur, le plus souvent un bombardier Mitsubishi G4M « Betty », lent, vulnérable, et en principe tributaire de chasseurs d’escorte.
L’Armée Impériale décida donc de se doter d’un appareil exclusivement destiné à cette mission, autonome, performant, facile à construire et à piloter, dont on pourrait produire rapidement un grand nombre à peu de frais. Une directive du 20 janvier 1945, adressée à Nakajima, précisait que le futur avion devrait être muni d’un moteur refroidi par air de 800 à 1 200 Ch lui permettant d’emporter une charge explosive de 800 Kg à plus de 500 Km/h et que son train de roulage se détacherait au décollage pour être récupéré et resservir.
Le nouvel appareil fut étudié et réalisé en un temps record de deux mois par l’ingénieur Aori Kunihiro à la tête d’une équipe de techniciens de l’institut de recherches de Mitaka. Il vola pour la première fois en mars 1945 et reçut la désignation d’avion d’attaque spéciale Ki.115a Tsurugi (Sabre). C’était un monoplan aile basse à cockpit ouvert, de construction mixte peu coûteuse : le fuselage avait une structure tubulaire d’acier recouverte de tôle mince laminée et les empennages étaient en bois entoilé ; les ailes étaient fabriquées selon la même technique, structure métal et revêtement tôle, avec volets entoilés. Le train de roulage consistait à l’origine en un assemblage simple de tubes d’acier supportant chaque roue, implanté dans l’aile et pouvant se larguer dès que l’avion avait quitté le sol pour son unique mission. Les essais montrèrent que ce train trop rigide provoquait des rebonds et des embardées susceptibles de faire capoter l’avion au décollage avec sa bombe semi-encastrée sous le fuselage et il fut aussitôt modifié en adaptant une fourche pivotante et un amortisseur sommaire. Des volets auxiliaires furent également ajoutés aux ailes.
Malgré ces améliorations, le Ki.115a restait un appareil trop « basique », trop approximatif tant au sol qu’en vol aux mains de pilotes inexpérimentés, et bien des essais à l’issue fatale firent dire du Tsurugi qu’il était la cause de « suicides prématurés ».
A la capitulation, 105 exemplaires avaient été produits, mais aucun ne fut utilisé en opérations. La Marine Impériale, intéressée, s’était fait adresser 2 appareils qu’elle envisageait de faire produire par Showa sous la désignation de Toka (Glycine), avec n’importe quel moteur de surplus ou de récupération. Pendant ce temps, Nakajima commençait la construction d’un Ki.115b à aile en bois – qui ne put être achevé – et envisageait un développement plus élaboré désigné Ki.230 mais qui ne quitta pas la table à dessin.
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