L’une des particularités notables de l’aéronavale nippone durant la Seconde Guerre mondiale était de disposer autant d’aéronefs embarqués que terrestres. Cependant les seconds étaient très rarement les mêmes appareils que les premiers. Pour chaque mission la marine impériale exigeait de disposer de ses propres machines. Elle possédait par exemple des chasseurs terrestres Mitsubishi J2M Raiden qui n’avaient rien à voir avec les chasseurs embarqués Mitsubishi A6M Rei-zen. De même si elle alignait une importante flotte de bombardiers légers et de bombardiers torpilleurs destinés à opérer depuis ses porte-avions on comptait aussi des bombardiers terrestres moyens et lourds. Dans cette dernière catégorie l’avion sans doute le plus remarquable fut le Nakajima G8N Renzan.
Au début de l’année 1943 la marine impériale japonaise demanda à Nakajima de développer un bombardier lourd terrestre. L’avionneur avait développé quelques temps plus tôt l’étonnant G5N Shinzan mais qui n’avait pas donné pleine satisfaction aux amiraux nippons.
Le cahier des charges fut affiné et exposé en septembre de la même année. Il était très précis : le futur avion devait pouvoir emporter quatre tonnes de bombes à 3700 kilomètres ou une tonne et demi à 7400 kilomètres. Sa vitesse maximale devait pouvoir atteindre 600 kilomètres heures et son plafond pratique 10 000 mètres. Pour l’époque c’était un véritable challenge que devaient relever les ingénieurs de Nakajima.
Trois cents exemplaires devaient pouvoir entrer en service au plus vite.
Officiellement l’avion reçut la désignation de Nakajima G8N et le patronyme de Renzan. Devant la précision des demandes officielles les ingénieurs décidèrent de faire appel au moteur turbocompressé à dix-huit cylindres en étoile NK9K-L Homare de 2000 chevaux. Bien que très complexe ce moteur développé par Nakajima semblait le plus à même de propulser le futur bombardier. Il dérivait de celui qui motorisait alors le torpilleur embarqué Aichi B7A Ryusei.
Quatre de ces moteurs devaient équiper le G8N.
Finalement le prototype fut assemblé à la fin du mois de septembre 1944. Extérieurement le Nakajima G8N Renzan se présentait sous la forme d’un quadrimoteur de construction mixte en métal et contreplaqué doté d’une voilure droite médiane et d’un train tricycle escamotable. Il possédait six postes de tirs défensifs. On trouvait tout d’abord trois tourelles pour deux canons de 20 millimètres chacune installées sur l’extrados du fuselage, sous son intrados, et dans la queue. Venaient ensuite les deux sabords latéraux pour chacune une mitrailleuse de calibre 13 millimètres. Enfin deux de ces armes étaient jumelées dans le nez du bombardier lourd. Sa charge offensive atteignait 4000 kilogrammes avec la possibilité d’emporter deux bombes de fort tonnage de 2000 kilos chacune. Le G8N était prévu pour un équipage de dix hommes.
Il réalisa son premier vol le 23 octobre 1944. Ce prototype fut remis aux autorités navales japonaises au début du mois de janvier suivant.
C’est à cette époque que l’avion fut identifié par les Alliés qui lui attribuèrent le nom de code de Rita.
Dans le même temps deux premiers avions furent produits et remis à la marine impériale au début du mois de juin 1945. Elle les accepta immédiatement au service comme G8N-1. Malheureusement pour eux ils ne purent jamais réaliser de mission opérationnelle, le ciel du Japon étant alors totalement aux mains des chasseurs américains de l’US Army Air Force et de l’US Navy.
Deux sous versions furent lancées en développement. La première était le G8N-2 capable d’emporter un avion-kamikaze Yokosuka MXY-7 Ohka en lieu et place de la charge offensive et disposant de moteurs Mitsubishi MK9 en lieu et place des Nakajima NK9K-L Homare. La seconde était le G8N-3 qui se résumait en un G8N-1 entièrement métallique.
Après la reddition japonaise, suite aux bombardements nucléaires contre Hiroshima puis Nagasaki, un Nakajima G8N Rita fut saisi et expédié aux États-Unis. Testé par des pilotes d’essais californiens l’avion se révéla inférieur au Boeing B-29 Superfortress mais au moins équivalent voire supérieur aux dernières évolutions du Consolidated B-24 Liberator.
Les vols d’essais américains démontrèrent que les ingénieurs avaient dû rogner sur la vitesse de l’avion pour lui permettre de tenir son plafond pratique. Par contre le G8N n’était pas exactement un avion évident à prendre en main, notamment lors des phases d’approche à basse altitude et d’atterrissage. L’exemplaire américain fut envoyé à la ferraille début 1947.
Il ne reste plus rien de nos jours de celui qui demeure parmi les plus impressionnants avions japonais de la fin de la guerre du Pacifique. Quatre exemplaires seulement du Nakajima G8N Renzan furent produits, six à huit étant en cours d’assemblage lors de la fin du conflit.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.