Absente de la scène internationale durant la Première Guerre mondiale c’est véritablement pendant l’entre-deux-guerres que l’industrie aéronautique japonaise fit son apparition. Avec l’aide d’ingénieurs européens, allemands et français notamment, elle mit en place ce qui allait devenir durant le conflit suivant un des outils de l’hégémonie nippone en Asie. Son essor fut lent mais régulier, et ce dans tous les domaines de l’aviation. Les hydravions n’y faisaient pas exceptions, qu’ils soient à coque ou à flotteurs. Dans ce dernier cas une des premières réussites, certes timide mais bien réelle fut le Nakajima E2N.
En 1923 les mers du globe étaient le champ de bataille des croiseurs et des cuirassés, des navires de guerre d’un tonnage hors norme armés de puissants canons aux calibres impressionnants. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale les marines qui en possédaient savaient qu’elles pouvaient désormais y ajouter un formidable outil de renseignement et de surveillance : l’hydravion. Au Japon c’est le choix, comme dans beaucoup de pays, de l’appareil à flotteurs qui s’imposa. Et le principal modèle alors en service était le Ro-go Ko-gata apparu en 1918 et conçu par l’arsenal de Yokosuka.
Pourtant cette machine vieillissait et surtout avait démontré en mission une certaine fragilité, notamment lors des phases de repêchage par grue.
Si la technique de relevage des hydravions entre l’eau et le navire de guerre avait considérablement évolué, avec des grues plus sensibles, il fallait désormais pour la marine impériale trouver un nouvel hydravion. Deux constructeurs s’affrontèrent. On retrouvait évidemment Yokosuka mais aussi Nakajima. À cette époque le Japon avait mis sur pied une nomenclature pour son aéronavale et ainsi les deux hydravions reçurent les désignations respectives de Yokosuka E1Y et de Nakajima E2N. Un prototype et un exemplaire de présérie furent commandés pour chacun des deux.
Extérieurement le Nakajima E2N se présentait sous la forme d’un très académique biplan d’envergure inégal et de construction non métallique. Il était assemblé principalement en bois et panneaux de contreplaqué et possédait un poste de pilotage biplace en tandem. Sa motorisation était assurée par un Mitsubishi Hi-shiki 8F à huit cylindres en V d’une puissance de 340 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. Ce moteur n’était pourtant en rien japonais puisqu’il s’agissait d’une copie sous licence locale du fameux Hispano-Suiza 8 français. L’armement également était étranger. Il s’agissait d’une mitrailleuse britannique Vickers de calibre 7.7 millimètres montée sur affût annulaire arrière Scarff, également produit en Grande Bretagne. Pourtant pour le reste l’E2N était bien un hydravion japonais.
Le prototype du Nakajima E2N ne vola qu’en octobre 1924, soit onze mois après celui du Yokosuka E1Y. Les essais en vol tournant rapidement à l’avantage de cet E1Y, condamnant l’E2N à perdre la compétition. Sauf qu’en fait si l’hydravion de Yokosuka était parfait pour les croiseurs il s’avéra moins efficace depuis les cuirassés. Et c’est cela qui sauva l’E2N.
Une commande de 80 machines fut passée, les premiers exemplaires entrant en service en début 1927 comme E1N1.
Les marins japonais apprécièrent rapidement la simplicité de conception de cet hydravion à flotteur ainsi que sa robustesse. Pourtant dans ce domaine les évolutions technologiques allaient très vite.
En effet alors que le Yokosuka E1Y se retrouva affecté à des missions de surveillance côtière par l’arrivée des Aichi E3A et Nakajima E4N dès le début de l’année 1931 le Nakajima E2N fut lui renvoyé en atelier afin d’être désarmé et doté d’une double commande. Il devint ainsi l’hydravion à flotteurs d’entraînement standard de la marine impériale en remplacement des Hansa-Brandenburg W.29 d’origine allemande. Le Nakajima E1N2 demeura dans cette fonction jusqu’à la seconde moitié des années 1930. En fait les instructeurs japonais se rendirent compte que cet hydravion pardonnait très facilement les erreurs des jeunes élèves. En 1937 quand les derniers exemplaires quittèrent le service naval quelques-uns furent revendus sur le marché civil de seconde main. Ils avaient été remplacés par le Yokosuka K4Y. Deux écoles de pilotage firent notamment l’acquisition d’E1N2 démilitarisés.
Bien que pensé initialement comme un hydravion de reconnaissance armé le Nakajima E2N est plus globalement vu par les historiens comme une machine d’entraînement. C’est dans cette fonction qu’il vola en effet le plus longtemps.
Aucun des 80 exemplaires produits n’est parvenu jusqu’à nous.
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