L’entre-deux-guerres vit émerger la doctrine d’emploi des avions embarqués sur porte-avions. Si assez logiquement des pays comme les États-Unis, la France, ou encore la Grande Bretagne furent alors en pointe le Japon réussit à tenir sa place. Des avionneurs comme Aichi, Mitsubishi, et surtout Nakajima posèrent les premières pierres de ce qui allait devenir durant la guerre du Pacifique une des plus formidables machines de guerre du XXe siècle : l’aéronavale nippone. Avec l’expérience acquise sur son A1N conçu grâce à l’aide du constructeur britannique Gloster Nakajima se lança sur fonds propres dans le développement d’un nouveau chasseur biplan embarqué : l’A2N.
En novembre 1927 l’ingénieur en chef Takao Yoshida fut chargé de ce programme qui visait donc à remplacer l’A1N… qui n’avait pas encore volé. En fait les dirigeants de Nakajima voulaient aller vite. Yoshida leur proposa alors de s’inspirer de deux chasseurs américains alors en service dans l’US Navy : les Boeing F2B et F4B. Un exemplaire de chaque fut acquis, désarmé, sous les désignations respectives de Boeing Model 69 et de Boeing Model 99. Le premier fut livré à l’été 1928 et le second en février 1929. Par rapport aux productions japonaises de l’époque le Boeing F4B-1 était bien supérieur. L’avionneur américain proposa alors la cession d’une licence de production que Nakajima refusa. Il comptait bien produire son propre avion.
Afin de permettre un usinage efficace de son futur chasseur Nakajima négocia avec le motoriste britannique une licence de production du Bristol Jupiter VI à neuf cylindres en étoile. il l’obtint rapidement. Les résultats donnèrent naissance au Nakajima Ha1 Kotobuki. Sa puissance était alors de 500 chevaux et il entraînait une hélice bipale en bois.
Le futur avion reçut de la marine impériale la désignation de Nakajima A2N. Extérieurement il se présentait de manière très académique comme un biplan d’envergure inégale. Il était de construction mixte en tubes d’aciers recouverts de toiles tendus et d’une voilure en bois et contreplaqué. Son armement se composait de deux mitrailleuses Vickers de calibre 7.7 millimètres. Pour le reste l’A2N disposait d’un train d’atterrissage classique fixe et d’un poste de pilotage à l’air libre. Il réalisa son premier vol le 16 décembre 1929.
Les essais démontrèrent une relative sous-motorisation du prototype ainsi que des réservoirs de carburant parfois mal centrés. L’ingénieur en chef Takao Yoshida se vit alors adjoindre son collègue Jingo Kurihara par ailleurs ancien pilote de chasse. Il apporta son concours au programme du Nakajima A2N, si bien que le second vol inaugural de l’avion intervint le 2 mai 1931. Désormais le moteur était porté à la puissance de 580 chevaux. Dès le lendemain la marine impériale japonaise commandait soixante exemplaires de ce chasseur embarqué sous la désignation A2N1. Les premiers exemplaires entrèrent en service au printemps 1932. En parallèle Yoshida et Kurihara travaillaient déjà à une version améliorée dotée d’un plan supérieur de voilure revu et redessiné autour d’un dièdre de cinq degrés. Les essais démontrèrent une manœuvrabilité nettement en hausse et une meilleur vitesse ascensionnelle. La marine impériale décida d’acheter quarante-deux exemplaires supplémentaires sous la désignation A2N2.
Dès l’année 1933 les Nakajima A2N1 furent embarqués à bord des porte-avions Hōshō, Kaga, et Ryūjō. L’année suivante ils furent rejoints par les A2N2. En juillet 1937 ils figuraient parmi les premiers chasseurs japonais à prendre part aux combats de la guerre sino-nippone. C’est d’ailleurs durant ce conflit et sur A2N2 que le célèbre as japonais de la guerre du Pacifique Akio Matsuba enregistra sa première victoire aérienne homologuée. Le 16 août 1932 après avoir décollé du porte-avions Kaga il descendit un avion de reconnaissance chinois Douglas O-2M de facture américaine. Sur l’ensemble de sa carrière il fut crédité de dix-huit avions abattus.
À partir de l’été 1939 les A2N furent remplacés par des monoplans Mitsubishi A5M bien plus évolués.
Jamais exporté le Nakajima A2N permit à son constructeur de renforcer sa position dominante vis-à-vis de la marine impériale. Il a par ailleurs donné naissance au biplace d’entraînement intermédiaire et avancé A3N construit à une soixantaine d’exemplaires à partir de 1936. Il ne reste de nos jours plus aucun A2N.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.