Si durant la Seconde Guerre mondiale l’industrie aéronautique japonaise sut concevoir de nombreux avions d’armes il en était tout autrement encore quinze ans plus tôt. Entre les années 1920 et le début de la décennie suivante elle était très dépendante de l’aide étrangère et notamment britannique. Des avionneurs comme Blackburn, Fairey, Gloster, ou encore Vickers lui apportèrent une aide substantielle à divers degrés. Pour le troisième d’entre eux cela alla même jusqu’à concevoir un chasseur naval par la suite construit dans l’archipel nippon. Il s’agissait du Nakajima A1N.
Au tout début des années 1920 l’avionneur britannique Gloster avait développé pour les besoins de la marine impériale nippone le chasseur biplan Sparrowhawk. Si cet avion n’était déjà plus aux standards européens de l’époque il avait été parfait pour les Japonais qui avaient ainsi pu défricher le domaine de vol des avions embarqués. Au printemps 1926 pourtant il ne répondait plus du tout aux aspirations nippones. Et ça son concepteur, l’ingénieur Henry Folland l’avait bien compris.
En lien avec le chef ingénieur japonais Takao Yoshida qui œuvrait chez Nakajima et qui avait été son disciple il décida de développer une version spéciale du chasseur Gloster Gamecock. Désignée Gambet cette machine n’était pas destinée à être produite en série au Royaume-Uni comme le Sparrohawk mais dans l’archipel nippon. Folland et Yoshida réussirent à convaincre les autorités des deux pays que le Gambet était l’avion idéal pour la marine impériale. De ce fait l’avion fut commandé sans même l’ouverture du moindre marché.
Le prototype britannique vola pour la première fois en juin 1927 puis fut rapidement démonté et stockés dans des caisses en partance pour le Japon. Arrivé sur place il fut remonté et officiellement essayé. Par rapport au Sparrohawk le Gambet était révolutionnaire, il faisait enfin entrer l’aviation navale impériale dans l’entre-deux-guerres.
Au Japon le Gloster Gambet fut assemblé sous la désignation de Nakajima A1N. Deux versions furent commandées : l’A1N-1 strictement identique au chasseur britannique et l’A1N-2 dotée de plusieurs innovations comme un moteur Nakajima Kotobuki 2 de 450 chevaux de facture locale ou encore la possibilité d’emporter deux bombes incendiaire de 30 kilos sous voilure.
Cinquante Nakajima A1N-1 furent produits et cent A1N-2. Ils entrèrent en service en mars 1929, et devinrent bien vite les principaux chasseurs de la marine impériale.
Avec leurs Nakajima A1N les pilotes nippons disposaient enfin d’un chasseur digne de ce nom, capable de damer le pion aux meilleurs avions disponibles dans le Pacifique, à l’exception peut-être des avions de l’US Navy. Américains et Japonais étant alors en paix cela ne posait aucun souci.
Entre septembre 1931 et février 1932 le Japon engagea son aéronavale dans les actions d’invasion de la Mandchourie. Les A1N-1 et A1N-2 furent évidemment de la partie assurant aussi bien la supériorité aérienne que des missions d’attaque au sol à l’aide de leurs bombes légères. Le 22 février un Nakajima A1N-1 descendit un Boeing P-12E appartenant à un volontaire américain qui se battait du côté des Chinois. Les faits se déroulèrent au dessus de la ville de Shangaï. On appela cet épisode l’incident de Shangaï, il marquait le véritable début de la guerre sino-nippone. Cette victoire aérienne fut la première de l’histoire japonaise pour un avion embarqué. À l’époque le P-12 était pourtant jugé supérieur au A1N !
Le Nakajima A1N resta en première ligne jusqu’en février 1935, date à laquelle il laissa la place au Nakajima A2N plus moderne. Pourtant la plus part des avions restèrent en service jusqu’en août 1939 servant alors au harcèlement des troupes chinoises. Ayant déjà été totalement retiré du service au moment de l’entrée en guerre des États-Unis l’avion ne fut jamais codé par les Alliés. Pourtant plusieurs d’entre eux étaient encore présents sur les bases aéronavales nippones. Ils servaient à la formation pratique des mécaniciens.
Resté dans l’Histoire comme ayant été le premier chasseur embarqué japonais à abattre un adversaire en combat aérien le Nakajima A1N était une très bonne machine lors de son entrée en service actif. Pourtant à l’instar d’autres avions de son temps il se déprécia bien vite.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.