Lors de l’attaque contre la base aéronavale de Pearl Harbor dans l’archipel de Hawaï les forces impériales nippones disposaient de quelques-uns des avions d’armes les plus évolués de l’époque. En ayant une mauvaise connaissance les Américains, aidés de leurs alliés britanniques, décidèrent de mettre en au point une codification simplifiée afin de désigner les aéronefs japonais et ainsi plus facilement les reconnaitre. Presque tous ceux en service dans l’aviation terrestre autant que dans l’aéronavale furent ainsi répertoriés, y compris des machines alors à la limite de l’obsolescence à l’image du chasseur Kawasaki Ki-10. L’un des autres de ces appareils vieillissant fut le bombardier bimoteur léger Mitsubishi Ki-2.
Au début du printemps 1933 l’avionneur Mitsubishi obtint l’autorisation de son homologue allemand de développer un bombardier léger à moyen rayon d’action à partir du Ki-1 alors en cours de développement. Pour mémoire ce dernier était une version locale du bombardier moyen Junkers K-37 conçu dans le secret avec l’aide de la Suède. Moyennant une faible redevance sur chaque avion produit le constructeur allemand accepta.
Afin d’éviter des dépenses inutiles il fut décidé que les trois premiers prototypes du nouveau Mitsubishi Ki-2 conserveraient les moteurs Mitsubishi Ha2-II à douze cylindres en V d’une puissance unitaire de 700 chevaux d’origine. En secret pourtant la branche avion de la société faisait développer par la branche motoriste le Ha8 à neuf cylindres en étoile de 560 chevaux de puissance.
C’est donc encore avec le Mitsubishi Ha2-II que le premier prototype du Mitsubishi Ki-2 vola en mai 1933.
Extérieurement l’avion reprenait les grandes lignes du Junkers K-37 tout en abandonnant tout équipement d’origine allemande. Surtout la charge de combat théorique passait de 1500 kilogrammes à 500 kilogrammes, pour un rayon d’action à peine plus court. L’armement défensif passait désormais à deux mitrailleuses mobiles de calibre 7.7 millimètres, une en poste de tir avant et l’autre en poste dorsal.
Une commande est réalisée pour cent quatre-vingt quatre exemplaires de série. En raison d’un retard de développement sur les Mitsubishi Ha8 les cent vingt-six premiers exemplaires du bombardier léger son livrés comme Ki-2-I animés par deux Nakajima Ha1 Kotobuki à neuf cylindres en étoile d’une puissance unitaire de 435 chevaux. En raison de cette sous-motorisation les avions sont limités à une charge offensive de 350 kilogrammes au lieu des 500 initialement annoncés.
Les premiers Mitsubishi Ki-2-I de série entrèrent en service dans l’aviation impériale nippone en janvier 1934. Ils furent immédiatement déployés au Mandchoukouo, un état fantoche mis en place par le Japon dans la province chinoise de Manchourie. Ils devaient servir officiellement à la «pacification» de la région, menant des raids de harcèlement contre les poches de résistance chinoises, et notamment quelques petites armées plus ou moins rattachées à des chefs de guerre locaux. Sans réelle opposition aérienne ni menace anti-aérienne les Ki-2 réalisaient généralement leurs missions en plein jour, sans prendre trop de risques. Ils y furent affectés jusque fin 1938, époque à laquelle ils y laissèrent la place à des monomoteurs Mitsubishi Ki-30.
C’est en mars 1937 que commença la livraison des Mitsubishi Ki-2-II. Il s’agissait des avions dotés du fameux moteur Mitsubishi Ha8 ayant posé tant de problèmes de conception. Cinquante-huit exemplaires seulement furent construits. Eux disposaient de la charge de combat de 500 kilos initialement annoncée. En juillet de la même année les premiers d’entre eux arrivaient en Chine. Le tristement célèbre incident du pont de Lugou, déclencheur de la seconde guerre sino nippone, venait d’avoir lieu. Les Ki-2-II allaient donc rapidement connaitre leur baptême du feu. Peu après les avions rapatriés de Mandchoukouo prirent également la direction de la zone de conflit. Cette fois les bombardiers légers bimoteurs japonais devaient affronter la menace de la chasse chinoise, et leur taux de disponibilité devint rapidement très bas en raison de destructions en vol. Pour autant l’état-major japonais refusait de retirer du services ces avions désormais obsolètes. À partir de l’été 1941 ils ne menèrent plus que des opérations similaires à celles qu’ils réalisaient au Mandchoukouo, à savoir le harcèlement des poches de résistance dans les zones à faible danger.
Lorsque l’Amérique entra en guerre contre le Japon en décembre 1941 la majorité des Mitsubishi Ki-2 encore en dotation dans l’aviation impériale étaient stationnés en Chine. Quelques semaines plus tard ce bombardier bimoteur léger reçut le nom de code de Louise dans la nomenclature alliée. Il ne le porta que peu de temps puisqu’en août 1942 le dernier quittait le service actif. Outre aux Mitsubishi Ki-30 Ann déjà mentionnés les Ki-2 laissèrent la place aux Kawasaki Ki-32 Mary également monomoteurs.
Quelques Ki-2 Louise furent encore employés jusqu’à fin 1942 comme avions de servitude avant que tous ne soient envoyés à la ferraille.
Il est à noter qu’une version civile exista à un unique exemplaire. Désigné Mitsubishi Ohtori et porteur de l’immatriculation japonaise J-BAAE ce bimoteur biplace appartenait au journal du matin Asahi Shimbun. Il fut utilisé pour des vols de prestige, pour de la publicité, mais aussi pour des records aériens nationaux. Doté d’un cockpit repensé l’avion avait tout d’un chasseur bimoteur ou d’un bombardier rapide. C’est ce qui explique que les Alliés aient été trompés et lui aient octroyé le nom de code d’Eve.
Aujourd’hui il ne reste plus rien du Mitsubishi Ki-2 Louise. L’avion peut être perçu comme raté mais il permit aux Japonais de développer leurs techniques en matière de bombardement léger et de harcèlement des troupes ennemis.
Sa structure en partie en tôle ondulée trahissait ses origines allemandes.
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