A partir de 1943, les bombardiers lourds américains faisaient peser une menace permanente sur le Japon, et notamment du fait de la relative incapacité de la chasse de ce pays de les intercepter complètement. En effet, avec l’entrée en service des Boeing B-29 Superfortress, l’US Army Air Force disposa d’un bombardier capable de réellement se défendre lui-même grâce à des tourelles de mitrailleuses automatisées par servocommandes. C’est pour remédier à ce danger permanent pour l’archipel que la Marine Impériale et l’aviation militaire nippone décidèrent conjointement d’acquérir un intercepteur à réaction capable de venir à bout des énormes quadrimoteurs. Cette recherche donna naissance à un des plus surprenants chasseurs japonais, le Mitsubishi J8M Shusui.
En 1944 le Japon demanda à l’Allemagne nazie de lui fournir les données susceptibles de construire sous licence le chasseur Messerschmitt Me-163 Komet. Cet avion représentait en effet le meilleur choix possible pour intercepter les B-29 qui quasi quotidiennement déversaient des tonnes de bombes sur les populations civils et les installations militaires nippones. Cet accord germano-japonais prévoyait la fourniture en deux temps de pièces et de plans divers. Un premier sous-marins allemand livra à la fin de l’année un moteur fusée Walter HWK-109 et un manuel d’instruction à destination des pilotes. Toutefois ce dernier était en allemand. Un second sous-marin partit secrètement d’Allemagne quelques jours plus tard avec à son bord un Me-163B démontés dans des caisses et son manuel d’assemblage. Toutefois ce U-Boot fut coulé par l’aviation soviétique quelques jours avant son arrivée. Le Japon perdit ainsi son chasseur allemand.
C’est donc à partir du manuel d’instructions et de photos fournies par le RLM (ministère de l’air de l’Allemagne nazie) que Mitsubishi décida de se lancer dans le développement et la production d’une version dérivée du Me-163B. L’avion était prévu tant pour l’aéronavale que pour l’aviation militaire nipponne. C’est pour cela qu’il reçut les désignations respectives de J8M et de Ki-200. Il fut baptisé Shusui.
Si extérieurement cet appareil semblait être une copie parfaite de l’avion fusée allemand il s’agissait en réalité d’un appareil conçut et assemblé à la va-vite. En effet son fuselage était partiellement usiné en bois, notamment au niveau du nez et de l’empennage. L’armement se composait de deux canons de 30mm installés au niveau de l’emplanture d’aile. Sa propulsion était quant à elle assurée par un moteur fusée Toko Ro2, construit à partir du HWK-109, délivrant une poussée de 1 500kg. Tout comme le Komet le Shusui décollait sur un chariot amovible et disposait d’une roulette de queue amovible et orientable.
Le prototype de cet avion réalisa son premier vol en janvier 1945.
Il s’agissait d’un vol assisté, le J8M étant largué d’un bombardier Nakajima Ki-49 et regagnant sa base d’essais en vol plané. Par la suite Mitsubishi et les militaires japonais travaillèrent main dans la main pour faire véritablement voler le chasseur à moteur fusée. Ce premier véritable vol intervint en juillet 1945. Trop tardivement pour pouvoir pleinement prendre part au conflit. En effet quelques jours après ce premier vol le Boeing B-29 Enola Gay lança la première bombe atomique opérationnelle de l’Histoire sur la ville japonaise d’Hiroshima. Quelques jours plus tard une seconde arme identique raya de la carte une partie de la ville de Nagasaki. Ces deux attaques, perpétrées par le type de bombardier que le J8M était appelé à intercepter, mirent fin à la Seconde Guerre mondiale, et par la même occasion au développement du Mitsubishi J8M Shusui.
En août 1945 quand les troupes américaines arrivèrent au Japon elles découvrirent sept avions de ce type. Cinq était manifestement des J8M et les deux autres des Ki-200. Au moins un de chaque fut convoyé aux Etats-Unis où l’USAAF conclut que le Shusui était très inférieur au Komet. Quoi qu’il en soit cette machine demeure un des très rares avions à réaction conçu au Japon durant le conflit, à l’instar du biréacteur Kikka.
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