Au lendemain de la Première Guerre mondiale l’empire nippon voulut rattraper son retard en matière de conception et de construction aéronautique. Largement distancé par des pays comme la France et le Royaume Uni il chercha à recruter tous azimuts des ingénieurs, évitant cependant de trop faire appel aux citoyens allemands afin de ne pas fâcher la Société Des Nations. Parmi les concepteurs d’avions embauchés au Japon on retrouva le Britannique Herbert Smith, père entre autre des Sopwith F.1 Camel et 7F.1 Sniper. Au Japon sa première production fut le surprenant bombardier torpilleur monoplace Mitsubishi 1MT.
À l’été 1921 quand Herbert Smith arriva au Japon il se vit confier un bureau d’études par Mitsubishi. Quelques semaines plus tôt l’avionneur avait reçu pour instruction de réfléchir à un bombardier torpilleur embarqué destiné au porte-avions Hōshō. Construit selon des plans britanniques ce bâtiment devait préfigurer une future flotte que l’empire japonais espérait la plus vaste possible. Au sein de Mitsubishi Smith eut toutes latitudes pour concevoir et développer les programmes qu’on lui confia.
Pour le futur torpilleur embarqué il eut une idée radicale : un triplan monoplace de grande taille.
Le nouvel avion reçut la désignation de Mitsubishi 1MT. Smith n’était pas un débutant en matière de triplan, ayant conçu durant la Première Guerre mondiale l’avion expérimental LRT.Tr et surtout le chasseur Triplane construit en série.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un avion triplan de construction mixte en bois entoilé et contreplaqué. Il possédait un train d’atterrissage classique fixe à large voie permettant la fixation d’une torpille britannique de 457 millimètres construite sous licence locale. L’arme pesait 800 kilogrammes. La motorisation tournait autour d’un Napier Lion à douze cylindres en W d’une puissance de 455 chevaux entraînant une hélice bipale en bois.
Le pilote prenait place dans un cockpit à l’air libre.
C’est dans cette configuration, mais évidemment sans torpille, que le prototype réalisa son premier vol en août 1922.
Immédiatement vingt exemplaires de série furent commandés par la marine impériale japonaise sous la désignation de Mitsubishi 1MT1. À ceux ci s’ajouta un second prototype, désigné 1MT1-N d’une version hydravion à flotteurs. Malheureusement pour lui ses essais démontrèrent une grande instabilité en vol en raison du manque d’aérodynamisme de l’hydravion. En outre sa course de déjaugeage, de l’ordre de 2000 à 2250 mètres, était jugée bien trop importante par les amiraux japonais. Le Mitsubishi 1MT1-N en resta donc au stade expérimental.
De leur côté les bombardiers torpilleurs embarqués de série entrèrent en service en avril 1923. Rapidement pourtant les premiers essais d’appontages et de catapultages démontrèrent que le Mitsubishi 1MT1 n’était pas l’avion le plus agréable lors de ces phases. Il était lourd, pataud, et avait une fâcheuse tendance à se cabrer vers l’avant lors des appontages sans torpille. À la même époque Herbert Smith et son équipe avaient déjà commencé à travailler sur un avion plus moderne, plus en phase avec ce qui se faisait alors en Grande Bretagne. En fait l’ingénieur britannique savait pertinemment que le 1MT allait tôt ou tard être interdit d’opérations embarquées et sans doute très rapidement retiré du service.
Il avait eu le nez fin. En effet à la fin de l’année 1923 les amiraux japonais avaient déjà décidé que plus aucun des dix-sept Mitsubishi 1MT1 encore en état de vol, trois s’étaient crashés lors d’appontages délicats, n’embarquerait à bord du Hōshō. Six mois plus tard le triplan de torpillage était retiré du service actif, juste à temps pour être remplacé par le biplan Mitsubishi 2MT bien plus moderne et bien plus adapté à sa mission.
Malgré son échec autant industriel que militaire le Mitsubishi 1MT est resté dans l’histoire comme le premier bombardier torpilleur japonais. L’archipel nippon reste d’ailleurs comme un des principaux utilisateurs, avec la Grande Bretagne, de ce genre d’avions d’armes. Le 1MT peut donc être vu comme le prédécesseur premier d’avions aussi mythiques que l’Aichi B7A Grace ou que le Nakajima B5N Kate.
Il ne reste de nos jours rien de ce grand triplan monoplace.
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