Pendant la Seconde Guerre mondiale, la formation des futurs pilotes était une des priorités des différents états-major alliés. En effet même si cette formation était raccourcie, elle n’en demeurait pas moins extrêmement pointue, notamment au sein de la Royal Air Force. Celle-ci disposait d’ailleurs d’un biplan considéré par beaucoup comme révolutionnaire : la De Havilland Tiger Moth. Mais aussi important fut-il, son remplacement devenait nécessaire pour de nombreux responsables britanniques. Et cela fut fait avec un avion simple et robuste : le Miles M.14 Magister. Néanmoins par rapport à son prédécesseur, le nouvel avion avait un avantage de taille : il était monoplan.
Au départ, le M.14 Magister fut pensé comme un avion de formation au vol sans visibilité (ou VSV) capable de seconder les biplans Tiger Moth et Tutor. C’est dans cet esprit que fut lancée en 1936 la Specification 37/36. L’Air Ministry proposa ce programme à plusieurs constructeurs : Airspeed, Avro, De Havilland, Miles, et Westland. Le constructeur américain Douglas proposa même une étude sur plan concernant ce marché mais rapidement Londres décida que le marché s’orienterait entre les avionneurs De Havilland et Miles.
Le premier proposait une version à habitacle fermé de son Tiger Moth tandis que le second se basait sur une version militarisée de l’avion de formation civil et d’aéroclub Hawk-Trainer.
C’est ce dernier qui fut finalement sélectionné par la Royal Air Force, entre autre pour le fait que son origine civile faisait de lui une machine très économique. Le Magister effectua son premier vol le 20 mars 1937, entre les mains de Georges Miles lui-même. Le créateur de la firme tenait absolument à piloter l’avion lui-même pour son vol inaugural devant les autorités de l’aviation de Sa Majesté.
Le Miles Magister était un monoplan biplace en tandem disposant de deux cockpit à l’air libre. Celui de l’arrière avait la particularité de pouvoir disposer d’une canopée pour les vols sans visibilité. Il était mû par le même moteur que le Tiger Moth, un élément qui favorisait son entretien dans les Elementary Flying Training School qui l’utilisait. Le Miles Magister disposait en outre d’une aile basse cantilever et d’un train d’atterrissage classique semi-escamotable. Il ne disposait d’aucun armement.
Les premiers Magister sont entrés en service dès le mois de septembre 1937, un record de rapidité pour un avion militaire, même à cette époque. La production s’est étalée sur quatre années, jusqu’en 1941. A cet instant là un total de 1229 exemplaires avait été livré à la Royal Air Force, ainsi qu’une soixantaines d’autres répartis entre l’Égypte, la Nouvelle-Zélande et la République d’Irlande. La Turquie de son côté acquis une licence de fabrication, la première pour un avion d’entraînement militaire, pour une centaine d’exemplaires. Les Miles Magister turcs demeurèrent en service jusqu’en 1962, année au cours de laquelle ils furent remplacés par des Cessna T-41 beaucoup plus modernes.
Au sein de la Royal Air Force, le Miles M.14 Magister fut surtout connu comme étant le premier monoplan d’entraînement et de formation. Jusqu’en 1942 il n’était que le principal avion de formation VSV mais par la suite il commença peu à peu à prendre la place du Tiger Moth, des modèles les plus anciens surtout. Du fait de sa vulnérabilité les vols d’entraînement se faisaient régulièrement sous la protection d’avions de chasse type Spitfire ou Hurricane. En effet le Magister était une cible de choix pour les chasseurs à long rayon d’action de la Luftwaffe, notamment durant la Bataille d’Angleterre. En tout, ce sont cinquante-six Magister qui furent abattus par des chasseurs allemands durant leur mission d’entraînement.
La carrière du Miles M.14 Magister ne se termina pas complètement avec la fin des hostilités, le retrait de ses avions devenant officiel en novembre 1948. Les derniers Magister ont été remplacés par des De Havilland Canada Chipmunk pour les missions d’entraînement primaire et par des Avro Anson pour le VSV. L’Égypte conserva ses Magister jusqu’en 1953.Quant à l’Irlande elle remplaça, elle aussi, ses Magister par des Chipmunk. Pour la petite histoire l’Irish Air Corps fut le seul utilisateur du Miles Magister mais également de son homonyme français, le biréacteur Fouga CM-170 Magister.
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