À bien des égards la Seconde Guerre mondiale fut l’époque où naquirent la plus part des concepts liés à l’aviation de transport. Cela allait des plus gros quadrimoteurs de transport lourds, qui allaient donné naissance une fois la paix revenue au transport stratégique, aux plus petits avions de liaisons dont certains héritèrent des caractéristiques des avions d’observation d’avant-guerre. Dans cette seconde catégorie il convient de distinguer les avions civils adaptés aux besoins militaires des pures machines conçues par les besoins des forces aériennes et aéronavales. Dans ce cas précis l’un des avions les plus réussis esthétiquement parlant était sans conteste le Miles M.38 Messenger britannique.
Tirant profit des développements du M.28 Mercury alors en cours d’examen par la Royal Air Force l’avionneur Miles décida en juin 1942 de se lancer dans l’étude d’une version dérivée profondément modifiée. Désignée M.38 celle-ci visait la fourniture d’un avion dans la catégorie AOP, c’est à dire Air Observation Post. Ce rôle était alors tenu principalement par des machines comme le Percival Gull Mk-1, le Taylorcraft Auster Mk-I, et bien entendu le Westland Lysander Mk-III. Un nouvel avion semblait inutile, d’autant qu’aucune Specification n’avait été émise en ce sens par l’Air Ministry.
Peu importait un prototype de l’avion fut réalisé et présenté à la Royal Air Force lors de son vol inaugural survenu le 12 septembre 1942. Et ce qui devait advenir arriva : l’avion fut refusé comme poste d’observation volant.
Pourtant en fin stratège George Miles avait bien manœuvré. Il avait convié à ce premier vol un aréopage de généraux de la British Army. L’ingénieur n’était pas sans savoir qu’une querelle existait entre les officiers généraux de cette dernière et ceux de la RAF quand aux avions de liaisons et de transport d’état-major. Par une forme de conservatisme bien réelle les généraux de l’artillerie, de la cavalerie, et de l’infanterie ne supportaient pas de voler à bord des mêmes Auster Mk-I et Lysander Mk-II/Mk-III que leurs homologues aviateurs.
Miles proposa alors d’adapter son M.38 entre temps baptisé Messenger aux missions de transport d’état-major pour le compte de la British Army. Malheureusement cette dernière ne pouvait alors pas disposer de ses propres aéronefs et elle dut batailler avec la Royal Air Force afin que celle-ci accepte d’acheter de tels appareils.
La RAF accepta et l’Air Ministry émit en ce sens la Specification 17/43 relative à un tel avion. Vingt-et-un exemplaires seulement furent commandés.
Les premiers Miles Messenger Mk-I entrèrent en service dans la Royal Air Force en juillet 1943. Ils ne furent jamais affectés à une seule même formation et se virent ainsi répartis partout où la British Army avaient besoin d’eux. De ce fait leur gestion devînt vite une calamité pour la Royal Air Force. Pour chaque M.38 Messenger il fallait compter un ou deux pilotes et deux à quatre mécaniciens ; une gestion des ressources humaines très compliquée d’autant plus en temps de guerre. Deux avions supplémentaires furent commandés et aménagés de manière un peu plus luxueuse. Le premier alla à sir Cyril Newall, alors Marshall of the RAF, le plus haut grade l’aviation britannique, tandis que le second fut affecté au général Bernard Montgomery alors considéré comme le plus grand stratège terrestre britannique. De ce fait vingt-trois avions portèrent les couleurs de la RAF.
Extérieurement le Miles M.38 Messenger se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse de construction mixte en bois, contreplaqué, et feuilles de métal. Sa propulsion était assurée par un moteur à quatre cylindres en ligne De Havilland Gipsy Major Mk-I d’une puissance de 145 chevaux. Celui-ci était bien connu des mécanos britanniques puisque équipant de nombreux avions dont le biplan d’entraînement De Havilland D.H.82 Tiger Moth. Le M.38 Messenger possédait un train d’atterrissage classique fixe et un empennage à triple dérive. Ses ailes à l’envergure accrue avaient été dessinées pour lui offrir des qualités d’atterrissages et de décollages courts. Outre le pilote l’avion pouvait donc accueillir trois passagers.
Les Miles Messenger Mk-I furent employés par la Royal Air Force, aux profits de la British Army, aussi bien depuis l’Angleterre qu’à Malte ou encore en Italie. L’avion affecté au général Montgomery fut le premier appareil de liaisons à recevoir les fameuses bandes d’invasions liées à l’opération Overlord. C’est à son bord que le stratège gagna la France en juin 1944. Il le suivit jusqu’à la fin du conflit.
Peu connue l’action de guerre des Messenger Mk-I ne fut jamais déterminante pourtant seuls deux avions furent perdus en service actif. Le premier s’écrasa au retour d’une mission tuant son pilote et ses deux occupant tandis que le second fut victime d’un tir vraisemblablement fratricide attribué à un chasseur américain au-dessus de l’Allemagne.
Finalement les avions furent retirés du service à Noël 1947.
Après-guerre sept dizaines d’avions furent produits pour les besoins du marché civil, le Miles M.38 Messenger posant ainsi les bases d’une future industrie britannique d’aviation d’affaire. Il est à signaler que durant la guerre l’avionneur proposa une version embarquée de lutte anti-sous-marine sous la désignation M.38A Mariner, sans suite. La Fleet Air Arm le refusa. Le Messenger fut un des plus élégants avions de liaisons de son temps à l’image du Messerschmitt Bf 108 Taifun allemand et du Spartan UC-71 Executive américain.
De nos jours au moins deux M.38 de collection demeurent en état de vol au Royaume-Uni, dont l’un aux couleurs de l’avion du général Montgomery.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.