Figurant parmi les avionneurs les plus prolifiques de la Seconde Guerre mondiale, grâce notamment à ses avions d’entraînement et de liaisons, Georges Miles a conçu quelques uns des avions les plus élégants de cette époque. Et pour cause, avant guerre il dessinait et construisait en série les prémices de ce qui allait devenir plus tard l’aviation d’affaires. C’est ainsi qu’il proposa à la Royal Air Force un nouvel avion d’entraînement avancé destiné à la formation des navigateurs cet avion. Celui-ci se révéla être un véritable concentré de technologie mais aussi une machine d’une finesse esthétique sans équivalent à l’époque. Pourtant il ne dépassa pas le stade du prototype, il s’agissait du Miles M.28 Mercury.
C’est en 1940 que l’Air Ministry émit la Specification 25/40 relative en la dotation par la Royal Air Force d’un avion d’entraînement avancé monomoteur destiné à former les futurs navigants des chasseurs-lourds et chasseurs bombardiers britanniques. En ces temps de guerre deux avionneurs seulement y répondirent : General Aircraft et Miles. Le premier apportait son GAL.45 Owlet et le second son M.28 Mercury. Un prototype de chaque fut commandé par l’état-major britannique.
En fait si le Owlet en était déjà à un stade avancé de développement, il en était tout autrement du M.28 Mercury. Tout au plus savait on qu’il s’agissait d’une version dérivée de l’avion civil à succès M.17 Monarch, mais peu de choses avaient filtré dessus. Même l’Air Ministry était dans le flou concernant cet avion, et pour cause. Georges Miles lui même travaillait sur le programme, aidé en cela par son chef de bureau d’étude Ray Bournon et par une bonne partie de ses ingénieurs.
Miles avait en fait décidé de mettre tout son savoir faire dans la conception du M.28 Mercury. Si extérieurement l’avion avait une architecture assez banale avec son aile basse cantilever, son empennage double dérive, son moteur Blackburn Cirrus Major Mk-III d’une puissance de 150 chevaux, et son train d’atterrissage classique escamotable il en était tout autrement au niveau des détails.
Par exemple, le train d’atterrissage disposait d’un mécanisme électrique aussi bien que manuel, ainsi si le premier tombait en panne, le second prenait le relais. Un détail certes mais rare à l’époque sur un appareil de ce genre. Il faut souligner également que le M.28 disposait d’un cabine pressurisée, un équipement considéré à l’époque comme un véritable luxe réservé à quelques riches clients ou aux pilotes militaires œuvrant à haute altitude. Par ailleurs la cabine de l’avion fut pensée ab-initio pour réaliser également des missions de liaisons, disposant de deux sièges supplémentaires derrière l’élève pilote et l’instructeur. Enfin, l’avion fut pensé dès le départ pour pouvoir embarquer un radar, un équipement alors supporté uniquement par quelques rares bombardiers lourds et chasseurs de nuit.
Finalement, le Miles M.28 Mercury réalisa son premier vol le 11 juillet 1941. Rapidement il impressionna les pilotes d’essais qui volèrent dessus. Non seulement il était très agréable à piloter mais en plus il pardonnait beaucoup les erreurs de pilotage. Surtout, il se montra très rapidement largement supérieur au GAL.45 Owlet. Cependant, cet avion avait aussi les faveurs officielles britanniques en raison de son train tricycle jugé plus efficace pour former les équipages d’avions d’origine américaine comme le Douglas Boston par exemple.
Malgré de bonnes intentions, le programme fut abandonné par l’Air Ministry. Cependant quatre Mercury de série furent commandés par la RAF comme avions de liaisons et de communication au profit de l’état-major londonien. Ces appareils volèrent principalement en Grande Bretagne et en Europe à partir de l’été 1944. Ils demeurèrent en service jusqu’en 1951.
Après-guerre, deux autres M.28 furent produits pour des clients privés. Il faut remarquer que les deuxièmes, troisièmes, et quatrièmes avions militaires furent revendus sur le marché civil après leur retrait du service. Leurs moteurs respectifs furent bien souvent changés.
Si aujourd’hui il ne subsiste plus un seul Miles M.28 Mercury en état de vol, sur les six construits, il faut souligner qu’un exemplaire est préservé dans les collections du RAF Museum de Hendon dans la banlieue de Londres. La preuve que cet avion, souvent considéré comme mineur dans la production globale de Miles, fut pourtant une machine intéressante, un prototype pas tout à fait comme les autres.
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