Si aujourd’hui les jeunes élèves pilotes s’entraînent le plus souvent au tir air-air sur simulateurs ou dans des polygones ultra sécurisés contre des cibles guidées à distance ressemblant fortement à des drones ou à de gros missiles il en était tout autrement à l’époque où la mécanique était plus importante que l’électronique et où les cibles étaient tractées par d’autres aéronefs, un peu comme un enfant tirant son cerf-volant. Jusqu’au milieu des années 50, ces cibles étaient tirées par des avions. L’un des plus célèbres avions ayant rempli, cette mission d’entraînement un peu particulière est le Miles M.25 Martinet.
En 1941, l’Air Ministry profita des importants crédits alloués à la défense pour lancer la Specification 12/41 relative à un avion monomoteur de tractage de cible d’une puissance minimale de 850 chevaux. Celle-ci était destinée au remplacement des Boulton-Paul Defiant TT Mk-I, Fairey Swordfish Mk-II, Hawker Henley Mk-II, et Westland Wallace Mk-I tous alors utilisés pour cette mission. Si le Henley avait été quasiment dès le départ conçu pour cette tâche, il en était tout autrement des trois autres qui étaient des avions d’armes souvent transformés à la va-vite pour pouvoir combler un vide dans l’arsenal de la RAF. Deux constructeurs répondirent à l’appel d’offre : Airspeed et Miles.
Le premier proposait une version pilotée et remotorisée de son drone biplan Queen Wasp tandis que le second avançait un monoplan dérivé de son avion d’entraînement Master Mk-II. Assez logiquement, c’est ce second avion qui fut sélectionné par l’Air Ministry. L’appareil, désigné Miles M.25, fut baptisé Martinet.
Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse monomoteur construit en bois, contreplaqué, et métal. Il était propulsé par un moteur en étoile Bristol Mercury Mk-XX d’une puissance de 870 chevaux entraînant une hélice tripale en bois. L’avion possédait un train d’atterrissage « trois points » rétractable à l’avant et d’une roulette de queue. Dénué d’armement, le Martinet possédait un cockpit biplace en tandem. Trois points d’ancrage avaient été installés sur l’avion pour le tractage de cible : un de part et d’autre du fuselage sous le cockpit et le troisième sous le fuselage devant la roulette de queue. C’est dans cette configuration qui annonçait le Martinet Mk-I que vola pour la première fois le prototype le 24 avril 1942.
Une première commande pour mille avions fut passée par la Royal Air Force, suivie quelques jours plus tard d’une deuxième pour 200 appareils par la Fleet Air Arm. Les premiers furent désignés Martinet Mk-I et les seconds Martinet Mk-IA.
Très rapidement, ces avions démontrèrent de bonnes qualités de vol, et beaucoup avaient confiance en son blindage de cockpit qui leur octroyait une certaine protection vis à vis des tirs « ratés » d’élèves parfois un peu maladroits. Jusque là la majorité des tracteurs de cibles n’avaient pas été pensé avec ce facteur. Et de ce fait cette mission était souvent considérée comme suicidaire par les pilotes et les opérateurs en place arrière.
Début 1943, Miles proposa une nouvelle version remotorisée avec un Bristol Mercury Mk-XXX d’une puissance de 885 chevaux. Un total de 550 avions de la série Martinet Mk-II ainsi motorisée fut construit. Pour des raisons de facilité et de moyens, la construction des Martinet ne fut pas exclusivement réalisée par Miles mais également par Avro, Blackburn, Canadian-Vickers, et Gloster.
Pour des raisons stratégiques une partie de la formation au tir des pilotes et équipages britanniques, ainsi que des forces du Commonwealth, eut lieu au Canada. Là les Miles Martinet volaient aux côtés de Bristol Bolingbroke (une version dérivée du Blenheim) et de Fairey Battle T Mk-I, qui étaient chargé de… les canarder.
Lorsque la guerre prit fin, 1 724 sur les 1 750 avions prévus avaient été assemblés. Le programme d’assemblage des exemplaires restant fut donc annulé, et ce alors même que plusieurs étaient en phase finale d’assemblage. Ceux-ci furent finalement transformés en Martinet Mk-III civils destinés au tractage de planeurs pour les aéroclubs et les écoles de vol à voile. Outre les 26 avions démilitarisés, une dizaine d’autres furent produits.
Au tout début de l’année 1946, la Fleet Air Arm passa commande pour onze drones cibles Miles M.50 Queen Martinet neufs. Ces UAV étaient en fait des Martinet téléguidés destinés à la formation des artilleurs antiaériens embarqués. Par la suite la Royal Navy passa commande pour 54 appareils supplémentaires provenant de ses surplus et de ceux de la RAF. Les survivants des 65 Queen Wasp furent finalement réformés en 1952.
De leur côté les tracteurs de cibles Martinet Mk-I et Mk-II volèrent jusqu’en 1950, laissant peu à peu la place aux Boulton-Paul Balliol T Mk-1. Avec le Master, le Martinet fut certainement l’une des plus grandes réussites technologiques de George Miles et de sa société.
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